Le président Zelensky et ses alliés de l’OTAN ont lancé une contre-offensive contre les troupes russes. Ils ont choisis un lieu où il n’y en avait peu et que Moscou n’entendait pas occuper. Dès lors ils peuvent célébrer en fanfare cette victoire sans ennemis, ni bataille. Retour sur un bluff qui ne convainc que ceux qui le veulent, c’est-à-dire le public occidental.
Kiev a annoncé à grands renforts de tambours et trompettes une contre-offensive dans la région de Kharkov, c’est-à-dire face au Donbass. Les forces soutenues par l’OTAN sont parvenues à « libérer » une bande de territoire de 70 km de long sur une trentaine de profondeur.
Le président Zelensky, qui s’est rendu sur place, à Izioum, a annoncé la « victoire prochaine » de son pays sur l’« envahisseur » russe.
La presse occidentale parle de la déroute russe et s’interroge sur un éventuel complot visant à renverser le « président vaincu », Vladimir Poutine.
Fin du conte à dormir debout ; une réalisation de l’OTAN.
En réalité, les forces occidentales ne sont jamais entrées dans le Donbass, ni dans la république de Lougansk, ni dans celle de Donetsk. Elles n’ont récupéré que des territoires que l’armée russe avait conquis, mais jamais occupés. Dès le début, le président Poutine a annoncé qu’il voulait défendre les deux républiques du Donbass, mais qu’il ne voulait pas annexer l’Ukraine qu’il entend juste « dénazifier » (c’est-à-dire débarrasser de ses « nationalistes intégraux »).
Avec le temps, il a annoncé qu’il entendait aussi faire payer aux Ukrainiens la guerre qu’ils ont déclenchée en annexant le Sud de leur pays. Deux options s’offraient alors à lui, annexer soit la Novorossia, soit la Makhnovchtchina, les deux territoires de tradition russe se recoupant largement.
La Novorossia, littéralement « Nouvelle Russie », c’est la colonie de peuplement russe conquise par Grigori Potemkine, l’amant de la tsarine Catherine II, sur l’Empire ottoman. Il comprend tout le sud de l’actuelle Ukraine, y compris la Crimée, jusqu’à une petite partie de l’actuelle Moldavie, la Transnistrie. Ce territoire n’a jamais connu les horreurs du servage que Catherine II n’est pas parvenue à abolir en son empire. Le maréchal Potemkine y a édifié un État éclairé, inspiré de la Grèce antique et de Rome. La Novorossia fut un temps gouvernée par un officier français, ami personnel du tsar Alexandre Ier, Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu et futur président du Conseil des ministres français.
La Makhnovchtchina c’est le lieu où, en 1918, triompha l’armée noire de l’anarchiste paysan Nestor Makhno. Elle était parvenue à se libérer du pouvoir de Kiev, alors détenu par Symon Petlioura et Dmytro Dontsov, le protecteur et le fondateur des « nationalistes intégraux » ; dont les successeurs sont aujourd’hui au pouvoir et que la Russie qualifie de « nazis ». Les partisans de Makhno, quant à eux, instaurèrent un régime libertaire dans le Sud-Est du pays correspondant aux idées des socialistes français du XIXe siècle (Charles Fourier, Pierre-Joseph Proudhon) et surtout à l’influence de Pierre Kropotkine : la création de communes autogérées. La Makhnovchtchina fut renversée et ses partisans massacrés lors d’attaques venues à la fois de l’Empire allemand, des « nationalistes intégraux » ukrainiens et des bolchéviques trotskystes.
En définitive, Vladimir Poutine a choisi la Novorossia et la revendique officiellement.
La zone qui vient d’être « libérée » par l’armée de Kiev a été comprise un moment dans l’un des plus grand pays anarchistes du monde, celui de Nestor Mackhno, mais jamais en Novorossia. Le gouvernement de Kiev a regagné, comme il le fit durant l’entre-deux-guerre, ce petit territoire.
Vu sous l’angle russe, Kiev a regagné un territoire que Moscou avait un temps envisagé d’annexer, mais auquel il avait finalement renoncé. Il n’y avait donc pas d’armée russe là-bas, juste des gardes frontières et des policiers du Donbass. Ce sont eux qui se sont enfuis sans demander leur reste. Il n’y a donc pas eu de combat et encore moins de défaite.
Dans ces conditions les longues dissertations des médias occidentaux sur un complot de généraux qui viserait à renverser le président Poutine « vaincu » sont de pures fictions.
Il en serait différemment si les armées occidentales reprenaient Kershon, un port situé sur le Dniepr, peu avant qu’il ne se jette dans le mer Noire. Une seconde opération est planifiée autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Mais nous n’en sommes pas encore là.
L’arnaque du président Volodymyr Zelensky consiste à présenter comme une bataille, une avancée de ses troupes dans un territoire inoccupé. Elle lui permet de réclamer des milliards supplémentaires aux Occidentaux, c’est pourquoi elle a été lancée le 6 septembre. Deux jours plus tard, le 8, une cinquantaine de pays se réunissaient sur la base états-unienne de Ramstein (Allemagne) afin de donner des armes à l’Ukraine [1]. Personne n’ayant de budget pour cela, les dépenses ont été avancées par les États-Unis en vertu de l’Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act of 2022 [2]. Ils payeront plus tard, mais ils payeront ce qu’ils dépensent aujourd’hui sans compter.
Le 9 et le 10, l’Institute for the Study of War, révèle des détails sur l’avancée des troupes et l’accueil chaleureux qu’elles reçoivent [3]. Cette mise en scène est gobée par la presse occidentale qui la relaye. Or cet institut est un repaire de Straussiens. Il est dirigé par Kimberly Kagan, la belle-sœur de la secrétaire d’État adjointe Victoria Nuland. Parmi ses administrateurs, on compte Bill Kristol, l’ancien président du Projet pour un siècle américain, aussi bien que le général David Petraeus qui détruisit l’Iraq et l’Afghanistan.
Le 11, l’Agence Reuters-Thompson assure que les milliers de soldats russes sont en déroute [4]. Elle parle d’un « coup dur pour la Russie », alors que l’état-major russe a ordonné le retrait immédiat de ce territoire dont elle n’entend pas assurer la charge. Lorsque Donald Trump avait viré les straussiens de son administration, Victoria Nuland était devenue une des directrices de l’agence Reuters [5]. La dépêche de Reuters est signée par Max Hunder, un ancien élève d’Eton, l’école la plus huppée d’Angleterre. Un peu plus tard, le ministère britannique de la Défense confirme sa dépêche.
Le 12, le canular est validé par le New York Times qui publie une double page à la gloire du valeureux Zelensky. La presse occidentale relaye sans réfléchir.
Manque de chance, lorsque le quotidien new-yorkais paraît, les centrales électriques ukrainiennes ont toutes été touchées dans la nuit par des missiles [6]. L’Ukraine est dans le noir. La contre-offensive aussi.
Le président Poutine s’exaspère de la mauvaise foi occidentale. Il déclare que, pour le moment, la Russie n’a requis une petite partie de ses forces contre les « nazis » de Kiev et que, si besoin, ses prochaines actions seront d’une toute autre ampleur.
Le reste du monde ayant des yeux pour voir – à la différence des Occidentaux qui n’ont que des oreilles pour écouter des sornettes – a réservé une fête à la délégation russe, lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, à Samarcande.
Une structure de contact avait été crée durant l’ère Eltsine entre la Russie et la Chine. Le chef du gouvernement russe, Ievgueni Primakov, reconnut des frontières stables avec Beijing. En 1996, Ce groupe de contact devint un forum international avec les États d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan), puis juste avant les attentats du 11 septembre 2001, il devint l’OSC actuelle. La Chine et la Russie avaient déjà compris que les Anglo-Saxons fomentaient des troubles en Asie centrale. Elles ont donc élaboré ensemble des programmes contre le terrorisme et le séparatisme. La suite des événements leur a donné amplement raison.
L’OCS s’est rapidement développée. L’Inde, le Pakistan et l’Iran l’ont rejoint. La Biélorussie s’y prépare. L’Afghanistan et la Mongolie y sont observatrices. Quatorze autres États en sont partenaires. Elle se caractérise par un esprit bien différent de celui des organisations occidentale. D’une certaine manière, on peut y voir le prolongement de l’esprit de Bandung : souveraineté des États, non-ingérence dans les affaires intérieures et coopération.
L’OCS rassure et rassemble. Elle rassemble aujourd’hui le quart de la population mondiale, voire les deux tiers si l’on prend en compte les États observateurs. On n’y fait pas des plans sur la comète en criant à la victoire lorsqu’on s’installe dans un territoire non revendiqué et non défendu.