Le moins qu’on puisse dire, c’est que la presse aux ordres s’embarrasse ni de nuances ni du souci d’exactitude : le témoignage d’une des victimes présumées de la violence sexuelle de Tariq Ramadan a mouillé Soral dans sa défense. C’est le mensuel Vanity Fair, dirigé par Michel Denisot et sous la plume d’une ex-journaliste du Monde, qui a lancé l’attaque. On sent bien, derrière le descriptif des souffrances infligées à sa maîtresse par le représentant suisse des Frères musulmans, qu’Alain Soral est visé. Qui n’a évidemment rien à voir avec ces turpitudes, qu’elles soient prouvées ou pas.
Et à l’instar de l’emballement de la machine médiatique constaté avec l’affaire grotesque du croche-pied « antisémite » de Sarcelles, la machine médiatique s’emballe depuis le 1er février pour abattre Ramadan, qui a il est vrai un genou à terre. Mais elle tente de faire d’une pierre deux coups. Kepel avait essayé en 2016 d’amalgamer Soral et E&R aux djihadistes, mais la bulle était tellement grosse que Kepel a explosé avec.
Marion Van Renterghem est la journaliste archi bien-pensante – en service commandé ? – qui a fait le « reportage » pour Vanity Fair. Elle a « longuement rencontré » Christelle qui a été confrontée à son « bourreau » le 1er février dans les locaux de la PJ. L’enquête complète sera diffusée dans le mensuel le 21 février. En attendant, les bonnes feuilles circulent et font la joie de la bande à BHL, Fourest et Valls.
Christelle est légèrement handicapée, elle évolue avec une béquille. Ce ne sont pas les coups de Ramadan qui l’ont abîmée, mais « un vieil accident de voiture ».
« On parle pendant près de six heures, la première fois. D’un coup, son visage se plisse de douleur. Elle craque. “J’arrête là. Je ne peux plus.” Elle sanglote. “Il m’a salie. Pour toute ma vie, je serai celle qui s’est fait pisser dessus. C’est cette honte qui m’a réduite au silence pendant des années.” »
On n’est pas encore dans le féminicide cher aux féministes, mais presque. Pour une fois on n’entend pas Marlène Schiappa déraper en se prenant pour la Justice incarnée. Mais on sent que ce témoignage en pleine période de Balance Ton Porc et de Me Too (la version américaine) est une bénédiction... pour les atlanto-sionistes.
Article glaçant. Effrayant.
De la violence brute au double discours sophistiqué, Molière avait tout dit de ce type d'hommes il y a 350 ans dans "Tartuffe".
La haine pulsionnelle qui s'habille en costume de luxe et se masque derrière trois citations d'Aristote et Gandhi. https://t.co/dHW4OwbgmL— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 2 février 2018
Revenons au témoignage, « glaçant » selon le terme à la mode dans la sionosphère :
« Sur mon cahier, au café, je dessine un rectangle pour le lit. Elle le gribouille à coups de croix et de gros points pour indiquer le coin droit sur lequel elle s’est assise pour étendre sa jambe, la télévision en face, la bouilloire à gauche. Et là, l’homme, à qui elle tourne le dos avant de le voir, apparaît soudain, la chemise sortie du pantalon et le visage méconnaissable. “J’étais glacée d’effroi. Il était droit comme un ’i’. Il avait des yeux de fou, la mâchoire serrée qu’il faisait grincer de gauche à droite. Il avait l’air habité comme dans un film d’horreur. Terrifiant, terrifiant, terrifiant.” Ce qui suit, explique Christelle, est d’une violence rare. Coups sur le visage et sur le corps, sodomie forcée, viol avec un objet et humiliations diverses, jusqu’à ce qu’elle se fasse entraîner par les cheveux vers la baignoire et uriner dessus, ainsi qu’elle l’a décrit dans sa plainte. Elle me montre une photo d’elle juste avant leur rencontre où elle est gironde et attrayante. Et une autre, juste après. Elle est méconnaissable. Son visage, tuméfié, a doublé de volume. Elle soupire : “Voilà ce qui m’est arrivé”. »
La justice tranchera. Ramadan est actuellement incarcéré pour « viols ». Les faits datent de 2009. C’est maintenant que la manipulation – de la presse ? d’un témoin ? des autorités ? – se greffe sur le dossier Christelle-Ramadan. L’allusion à Soral ne figure pas dans Vanity Fair mais dans... Valeurs actuelles. Dont voici le titre, avec un concentré d’amalgames des plus surréalistes :
Complot juif, « taqîya », Alain Soral : les révélations de Christelle,
accusatrice de Tariq Ramadan
Suit la greffe signée Valeurs actuelles, qui reprend les morceaux les plus saignants et les plus chauds de la confession de Christelle (un pseudo) :
Christelle se tourne vers… Alain Soral
« Finalement, au lendemain de son agression, elle décide de rompre les ponts. “J’ai senti ta gêne... Désolé pour ma violence. J’ai aimé. Tu veux encore ? Pas déçue ?”, lui écrit alors Tariq Ramadan, dans un message. Sur Internet, Christelle, bien décidée à se venger, finit par se tourner vers… l’essayiste d’extrême droite, Alain Soral, condamné plusieurs fois pour antisémitisme. En avril 2009, elle avait suivi Ramadan au congrès annuel de l’UOIF, où il avait rencontré tout sourire Soral et Dieudonné, rappelle le magazine.
“Pourquoi tu n’assumes pas cette rencontre ?” , lui avait demandé à l’époque Christelle. “Les gens ne sont pas prêts encore, pas assez éclairés. Cela pourrait porter préjudice à mon travail pour la cause. Plus tard. Je garde mes distances avec eux”, lui avait répondu Tariq Ramadan. “Mais va voir le site de Soral, c’est le seul qui ose dire les choses sur le lobby sioniste. Il ouvre les yeux sur l’emprise que les sionistes ont sur la France.”
Ramadan et le complot juif
“Ramadan me parlait toujours des sionistes, des Juifs, du dîner du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France], insiste Christelle, citée par Vanity Fair. Que tout était complot, que j’étais espionnée par les RG, que je devais reformater mon ordinateur toutes les semaines... J’ai fini parano. Les Juifs, ’ils", dirigeaient tout. Pour travailler dans les médias, la politique, le cinéma, il fallait être juif. Il disait que mes malheurs de basanée venaient de là.”
Aussi, quand elle contacte Soral, devenu entre-temps critique de Ramadan, le patron d’Égalité & Réconciliation n’est pas surpris par son témoignage. “J’ai déjà été contacté par deux autres femmes, je te crois” , lui aurait-il dit. Mais son refus de lui fournir des documents met fin à leurs échanges. “Va te faire foutre pauvre paumée, sale tarée !” , lui aurait-il répondu. Il s’est mis à rire, poursuit Christelle. Il m’a dit : “Rien ne sortira. J’ai contacté Ramadan.” Je ne sais pas quel accord ils ont passé. » L’ancienne salafiste Henda Ayari, l’autre plaignante, avait aussi approché Alain Soral, précise le mensuel. »
Or Alain Soral n’a jamais contacté Tariq Ramadan de la sorte, il ne l’a vu que deux fois, lors d’une conférence et d’un débat, il ne l’a jamais contacté par téléphone et n’a jamais disposé de « documents » à propos des agressions présumées. De plus, s’il a écouté le récit de Christelle et des autres, jamais il ne l’a traitée de la sorte.
Il se réserve le droit de poursuivre en justice les auteurs de ces déclarations diffamatoires. Un mensonge de plus dans la longue série des délits d’opinion ou des turpitudes qui lui sont prêtés. Cette fois, il est clair que la collaboration Renterghem-Vanity Fair suivie de la reprise congruente de Valeurs actuelles dans une période de persécution accélérée des opposants et de l’information alternative, dont Alain Soral est la figure de proue, sent le montage à plein nez.
Bonus
Vanity Fair appartient au groupe de presse mondial Condé Nast dont nous avons révélé les racines dans un article fin 2017.
Pour ce qui concerne Valeurs actuelles, le titre de droite libérale a été repris depuis deux ans (probablement en vue des présidentielles) par les sarkozystes qui ont évincé un par un les derniers lepénistes.
L’atlanto-sionisme est le lien entre les deux titres. Ceci explique peut-être cela.