L’islamologue a été placé en garde à vue ce mercredi matin dans les locaux de la police parisienne. Il avait été convoqué dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « viols » et « violences volontaires ».
Tariq Ramadan s’est rendu ce mercredi 31 janvier au matin à la police judiciaire de Paris, où il était convoqué dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte à Paris sur des chefs de viols et violences volontaires, suite aux plaintes déposées contre lui par deux femmes, fin octobre 2017.
L’islamologue suisse a été placé en garde à vue, selon une source judiciaire citée par l’AFP, qui confirme une information révélée quelques minutes plus tôt par la radio RTL.
Deux plaintes en France
Petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, Tariq Ramadan, 55 ans, est visé par deux plaintes pour viol en France. La première a été déposée par Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, pour des faits remontant à 2012. Elle avait déjà évoqué une agression sexuelle dans un livre paru en 2016, mais sans avoir révélé le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part », affirme-t-elle.
Dans un entretien au journal Le Parisien, Henda Ayari racontait avoir été « menacée de représailles » par Tariq Ramadan et assurait refuser de se « taire parce que Tariq Ramadan utilise l’islam pour assouvir ses pulsions sexuelles ».
La seconde plainte a été déposée par une autre femme affirmant avoir été victime de « violence sexuelle d’une grande brutalité » en 2009, à Lyon.
Tariq Ramadan dénonce « une campagne de calomnie »
Au lendemain de l’ouverture de cette enquête préliminaire, le 26 octobre 2017, Tariq Ramadan avait clamé son innocence et accusé ses « adversaires » d’avoir « mis en marche la machine à mensonges ». Dénonçant une « campagne de calomnie », il se disait « serein et déterminé ».
La garde à vue qui a démarré ce mercredi matin a une durée légale maximale de 48 heures. À l’issue de celle-ci, Tariq Ramadan saura s’il peut repartir libre ou s’il est inculpé. Il peut également être placé sous le statut de « témoin assisté », un dispositif particulier du droit français qui vise à retarder une éventuelle mise en examen, tout en offrant la possibilité à la personne concernée de se faire assister par un avocat.
Tariq Ramadan persona non grata au Qatar
Touché par deux plaintes pour viol et une multitude de témoignages faisant état d’une vie privée pour le moins dissolue, l’islamologue suisse, Tariq Ramadan, s’est fait particulièrement discret.
Tariq Ramadan, suspendu par l’université d’Oxford, n’a pas pu se retirer au Qatar où il dirige toujours officiellement le Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique (CILE). « La rupture s’est faite tout en douceur et surtout sans communication entre Ramadan et l’Émirat. Il a été simplement prié de ne plus mettre les pieds dans le Golfe », souligne un politologue, spécialiste des pays du Golfe, et notamment de l’organisation des Frères musulmans, de retour de Doha.
En clair, le Qatar, confronté à l’hostilité de ses voisins depuis juin 2017 (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn) ne souhaite plus vraiment être représenté à l’étranger par un intellectuel aussi controversé.
Chute de popularité
Avant même que n’éclate le scandale, Tariq Ramadan n’était déjà plus en odeur de sainteté à Doha. Confronté à une réelle baisse de sa popularité dans les banlieues françaises en raison de ses liens avec une monarchie pétrolière et son train de vie de nanti, l’islamologue avait tendance à prendre ses distances – du moins dans la presse – avec le Qatar. Cet adepte du double langage avait déclaré à l’antenne de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC : « Ni le Qatar n’est proche de moi, ni moi je ne suis proche du Qatar ». Ce qui n’avait guère apprécié à Doha. D’autant que sa chaire d’enseignement à Oxford de sciences islamiques contemporaines est sponsorisée par « his highness Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani », le père de l’actuel émir. En effet, Tariq Ramadan, professeur de français dans un collège à Genève jusqu’en 2004, n’a normalement pas les qualifications suffisantes pour enseigner dans une université.
Portes ouvertes
Alors que l’Arabie saoudite et les Émirats dénoncent la Confrérie des Frères musulmans, le Qatar les accueille, à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Youssef Qaradawi. Toutefois, depuis un pacte informel scellé en 1999 avec le pouvoir, les Frères ne disposent plus de structures dans l’émirat. En revanche, ils gardent portes ouvertes sur la chaîne Al-Jazeera et au ministère du culte.
(Source : mondafrique.com)