Selon un sondage repris par Europe 1, la hiérarchie des partis lors des élections européennes du 26 mai 2019 pourrait évoluer si une liste Gilets jaunes participait au scrutin. Il s’agit évidemment d’un cliché pris à un instant T d’une population P très relativement représentative de l’ensemble des Français qui votent. Mais cela peut donner lieu – le sondage n’a pas été fait par hasard – à une inévitable ingénierie sociale.
L’élément nouveau introduit par les sondeurs dans leur étude d’opinion est l’hypothèse d’une liste Gilets jaunes. On sait pourtant que ce mouvement, né d’en bas et développé horizontalement, est allergique à toute forme de démocratie participative viciée. Car comme disait Coluche, si le vote changeait quelque chose, il y a longtemps qu’il serait interdit. Traduction : le pouvoir visible peut changer, le pouvoir invisible lui reste. Et c’est ce qui compte, in fine.
Quand on voit les photos de Jacques Attali avec les cinq derniers présidents de la République, on saisit le problème. N’importe qui est capable de comprendre qu’il suffit d’inverser les rôles entre le conseiller et le président pour savoir qui commande, au fond.
Il faut donc prendre ce sondage, probablement commandé par le pouvoir, comme un pré-test du marché électoral. Autrement dit, est-ce qu’une liste GJ pourrait faire baisser le RN pour laisser LReM devant ? Le président et son camp ne pouvant pas se permettre une claque magistrale, un désaveu violent dans les urnes du genre 85/15, 85% contre et 15 pour, ou une majorité de vote populiste en additionnant les bulletins RN, LFi et DlF, plus les groupuscules d’extrême gauche. Déjà, à la dernière présidentielle, le camp populiste a frôlé les 50%. La France n’est pas loin d’une situation à l’italienne. Sauf que chez nous le CRIF interdit l’union des populismes de droite et de gauche.
Voici les résultats pour un scrutin avec GJ :
« Dans l’hypothèse de la présence d’une liste "gilets jaunes" à 8%, le parti de Marine Le Pen recueillerait 21% d’intentions de vote, devant la liste La République en marche-MoDem (19%), La France insoumise (10,5%) et Les Républicains (8%). Suivent Debout la France (7%), le PS (6%) et Europe Écologie-Les Verts (6%) devant le Nouveau parti anticapitaliste (3,5%), Générations (3%), l’UDI (2%), la liste conduite par le député Jean Lassalle (2%), le PCF (1%), les Patriotes (1%) et l’UPR de François Asselineau (1%). » (Source : Europe 1)
L’autre hypothèse, celle d’un scrutin sans liste GJ, donnerait le classement suivant :
RN : 24
LReM-MoDem : 19
LFi : 11,5
LR : 8
DLF : 7
PS : 7
EELV : 6,5
Générations : 3
Lassale : 3
UDI : 2,5
NPA : 2,5
PCF : 2
Patriotes : 1
UPR : 1
Des commentaires s’imposent, et là on va se la jouer à la Duhamel-Aphatie, nos deux grands observateurs de la vie politique qui ont autant de crédit dans leur spécialité qu’une mère de famille de 7 enfants qui a une ardoise de 3km chez l’épicier du coin et qui n’a pas payé son EDF depuis des lustres.
D’abord, la montée du parti de Nicolas Dupont-Aignan, que le Système disait définitivement déconsidéré depuis son union d’entre les deux tours en mai 2017 avec Marine Le Pen. On voit que les journalistes-système prennent leurs désirs pour la réalité. Aujourd’hui, Debout la France fait plus que le Parti socialiste. Si on avait dit ça à Mitterrand en 1995 ou à Jospin en 2001 (juste avant leur mort), ils seraient tombés de leur chaise à porteurs. Le temps politique est un temps long, et ça Mitterrand le savait.
La traduction politique dans les institutions des grands mouvements sociologiques ne se fait pas en un éclair. Ce que la pensée politique nouvelle a initié sur l’Internet depuis le début des années 2000 est en train de porter ses fruits : 15 ans plus tard, la contestation abat un par un tous les piliers du pouvoir visible. Sa presse est virtuellement morte, ses assemblées représentatives sont loin de représenter le peuple, et ses gouvernements successifs sont démonétisés en des temps records. Il ne reste que les présidents, tiraillés entre les ordres des puissances occultes et les besoins du peuple, des présidents qui donc sont obligés de mentir de plus en plus et de mieux en mieux, jusqu’à la catastrophe.
Et la catastrophe, pour le pouvoir, quoi qu’en disent les supercomplotistes qui voient dans le mouvement populaire la main du pouvoir profond (c’est plutôt la fiche de paye qu’il faut regarder), c’est la réaction populaire des Gilets jaunes, qui ont mis un énorme « Stop » à la politique de mensonge et de destruction du pays. Depuis, les GJ sont l’objet de toutes les attentions, de toutes les déstabilisations, de tous les pièges, de toutes les tentations. Rien de mal là-dedans, c’est la loi du jeu politique : il faudra en sortir renforcés ou morts !