Les Français, on ne fait pas mieux. Les hommes ne grossissent pas et les femmes n’y dorment pas seules, tandis que les gosses sont bien élevés. Ils ont la meilleure architecture, le meilleur style de vie, le meilleur pain, le meilleur vin, la meilleure huile d’olive, la meilleure cuisine, souvent les meilleurs écrivains, les meilleurs films, peintres, poètes, parfums, et les plus belles dames. Mais ils excellent aussi dans les révolutions. Chacune de leurs révolutions est comme une pêche : parfaite, ronde et juteuse. Elles ouvrent une nouvelle ère pour l’humanité.
Chaque fois que je pense à une révolution française, je me sens rajeunir, parce que je me rappelle la dernière, en mai 1968 ; c’était de toute beauté, cet « interdit d’interdire ». Je me suis jeté dans le vert et bref paradis de la permissivité. Croyez-moi si vous voulez, on pouvait flirter tant et plus avec le sexe opposé, fumer dans les pubs et les cafés, picoler et prendre le volant. On louait une chambre pour pas cher, et on faisait le tour d’Europe pour cinq dollars par jour. Les ouvriers ne se retrouvaient pas au chômage, il y avait du boulot pour tous, pas de CDD, les parkings étaient gratuits, et l’essence bon marché. Oui, c’était Summertime, la vie était belle....
Jusqu’alors, le monde était dur, froid et rigide, à peu près comme aujourd’hui, avec plus de prohibitions que de permissions. Mais c’était il y a un demi-siècle, et le monde est mûr pour une nouvelle révolution à la française, celle qui est là, avec les Gilets jaunes qui montent. C’est bientôt Noël, c’est un vrai cadeau pour nous tous.
Les Français viennent de dire non à la prospérité pour les riches et à l’austérité pour le reste, au démantèlement de l’État providence, aux privatisations, aux guerres à l’étranger, à l’immigration de masse, bref, à toutes ces plaies qui vous tombent dessus, en Occident, depuis une trentaine d’années.
La révolte n’est pas finie. Ne vous laissez pas décourager par quelques retours de flamme. Les soulèvements populaires sont comme des feux de joie, qui vont repartir sans prévenir. Dans le cas des GJ, impossible de prévoir le prochain acte. Même s’il y a de la répression, des arrestations massives, de la propagande et des blindés pour aider le gouvernement Macron à tenir encore un moment, le glas a sonné : c’est la fin, les banquiers ne pourront plus nous serrer la vis comme ils le projetaient, tout en se reposant sur leurs doubles mentons. De fait, l’élimination du vieil ordre féodal était en place bien des années avant l’exemple resplendissant de la Révolution de 1789.
C’est Paris qui dicte la mode ; leurs rébellions, peu fréquentes, définissent le futur de l’humanité. En 1789, les Parisiens insurgés avaient enterré l’Ancien Régime, proclamé l’avènement de la démocratie, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. En 1848 les mêmes déclenchaient le printemps des nations, la grande révolution pan-européenne. En 1871, la Commune de Paris est devenue l’avant-garde de toutes les révolutions socialistes. Les guerres mondiales, le bain de sang de Verdun et l’occupation nazie avaient maintenu le peuple français en mode survie, et la révolution suivante a traîné jusqu’en 68. Et voilà qu’en 2018, les Parisiens ont mis un point final au projet néolibéral radical de mise en esclavage de l’humanité.
Les suspects habituels ont aussitôt accusé la Russie de Poutine d’avoir fomenté le soulèvement. La BBC a été prise la main dans le sac, à demander à son correspondant à Paris de trouver une connexion russe, un homme d’affaires russe, ou n’importe quel autre truc russe pour faire porter le chapeau aux Russes et discréditer les uns et les autres. La correspondance a fuité, le MFA russe a porté plainte. Personnellement, je serais très heureux et très fier si ces accusations avaient le moindre fondement. Hélas, ce n’est pas le cas. Les Russes n’ont jamais soutenu la moindre révolution française, de 1789 à 1968. Et cette fois encore, le Moscou officiel n’intervient pas dans les affaires internes d’autres États, question de principe. La Russie n’a pas encore condamné la brutale mise à genoux et l’arrestation des lycéens de Mantes-la-Jolie, alors que Beijing et Téhéran l’ont fait !
Les réseaux sociaux russes et les organisations officielles ont des doutes, sur le soulèvement français. Après le traumatisme du Maïdan de Kiev en 2014, les Russes sont dans la paranoïa conspirationniste, et voient des manipulations du Département d’État partout. Dans les médias russes, les événements de Paris sont souvent évoqués en termes de pogrom ; leur première chaîne, d’État, a mis son point d’honneur à manifester son soutien à un agent immobilier juif français dont le bureau a été saccagé. Certes, la magnifique chaîne Russia Today couvre fort bien les événements, mais RT ne transmet pas en Russie, ni en langue russe.
Alexander Douguine, le penseur russe décalé, a suggéré astucieusement que l’ennemi ne croit pas du tout à une ingérence russe, ni dans le cas des élections US, ni dans l’insurrection des GJ, mais qu’il utilise la Russie comme marqueur de toute force hostile. Il identifie, quant à lui, l’ennemi comme le gouvernement mondial dans l’ombre, la force qui prétend régir le monde par-dessus et par derrière les gouvernements nationaux. L’existence même d’une telle force fait l’objet d’un déni vigoureux, mais elle vient de se manifester dans la campagne vicieuse contre Jeremy Corbyn, le dirigeant du parti travailliste britannique. La campagne a été orchestrée par une entité secrète, l’Integrity Initiative ; son existence nous a été révélée par des Anonymous hacqueurs. Cette entité, visiblement pilotée par les Services secrets britanniques, a recruté certains des rédacteurs du Guardian (Luke Harding, etc.) déjà soupçonnés de travailler pour le MI6. Ce sont eux qui ont attaqué Julian Assange, et moi aussi, personnellement, mais selon les révélations des hackeurs, ils étaient supposés combattre la Russie. Parce que si une attaque contre la Russie peut sembler légitime – les services secrets sont là pour bricoler ça – s’en prendre en le dénigrant au dirigeant de l’opposition, au royaume de Sa Majesté, ça ne l’est pas. Douguine dit qu’ils ont fabriqué le mythe de la Russie de Poutine comme l’ennemi absolu et inconditionnel, incarnant le mal à l’échelle mondiale, alors qu’ils savent parfaitement que la Russie n’a pratiquement aucune prise au-delà de ses frontières.
« Le gouvernement mondial sait parfaitement qu’avec tout son pouvoir, il faut bien qu’un opposant sérieux surgisse un jour, non pas à l’extérieur principalement (depuis la Russie ou la Chine) mais de l’intérieur. La Russie est présente seulement en tant que marqueur, et elle constitue le meilleur outil pour discréditer et diaboliser les poussées alternatives. Ceci vaut pour le populisme français (de droite comme de gauche), le gouvernement anti-mondialiste de l’Italie, les GJ de France, les combattants contre le capitalisme et l’immigration de masse », écrit Douguine.
Cette technique consistant à mettre en œuvre une culpabilité par association, elle est utilisée depuis des années. Les vieux marqueurs « nazi » et « antisémite » sont défraîchis, voilà le nouvel étendard brandi contre les GJ : la très vilaine Russie.
Mais, pas de souci, les vieux marqueurs, ça marche toujours (BHL, la Voix infaillible de nos Maîtres du Discours, et patron de la télé) qui a soutenu les rebelles en Libye, en Syrie et à Kiev, a d’ores et déjà condamné l’éclosion parisienne et a traité les révoltés de nazis. En effet, il a détecté la présence de soutiens de Le Pen et de Mélenchon, entre autres Gilets, et ça ne va du tout !
En tout cas, ça n’a point fait peur au bon peuple. De 75 à 80 % des gens considèrent que les GJ ont raison (on va probablement voir arriver bientôt un groupe de « Juifs pour les GJ », nous prédit Gilad Atzmon, car ces zèbres adorent tremper un doigt dans toutes les tartes à la crème, mais en restant séparés).
La révolution de 1968 avait été détournée parce que ses dirigeants avaient lâché le morceau. Dany le rouge était l’un des traîtres, comme je l’avais écrit il y a quelques années après l’avoir rencontré. Le mouvement des GJ n’a pas de chefs de file, de parti ni de quartier général, et c’est la raison pour laquelle le régime n’a pas réussi à acheter ou à intimider ses dirigeants, ou à pactiser avec leur parti, à l’instar des néolibéraux qui ont peaufiné cette technique pendant les 50 dernières années. Il s’agit d’un mouvement autochtone, principalement de classe moyenne, des gens qui habitent de petites villes et des villages. C’est le pays réel, la vraie France, et non pas des immigrants de fraîche date, qui a été poussée vers la précarité et déstabilisée, qui n’est plus assurée de boucler ses fins de mois. Les très riches vivent trop bien : pas d’impôts, ou guère, et le gouvernement est aux petits soins pour eux, aux dépens de la jadis classe moyenne solide.
Une telle mobilisation des classes moyennes est quelque chose d’authentique, de vrai ; leurs porte-paroles ne vont pas se laisser manipuler, ils vont défendre leurs revendications. Après le premier succès du mouvement, les partis politiques ont commencé à manifester de l’intérêt. Marine Le Pen pourrait être un soutien naturel, pour ce mouvement de natifs, mais elle a récemment perdu les élections contre Macron, et sa mouvance se sent échaudée et vulnérable. Plus grave, elle s’est concentrée sur l’immigration, enjeu qui n’est pas le principal souci des GJ. Ceux-ci n’ont pas envie de s’attaquer aux Arabes et aux Africains : leur problème, c’est le gouvernement néolibéral, pour qui les migrations ne sont qu’un outil parmi d’autres. C’est la raison pour laquelle, malgré les hauts cris de BHL, le parti de Le Pen n’est pas en position de force parmi les manifestants.
Les Américains peuvent en prendre de la graine. L’immigration, c’est un bon sujet de propagande, mais ce n’est pas cela qui amènera de grands changements sociaux. Bien sûr, les GJ s’opposent à la migration de masse et veulent y mettre un terme, mais ils équilibrent cette revendication avec une autre : stop au pillage de l’Afrique. Effectivement, l’Afrique va de mal en pis parce qu’elle est toujours exploitée par les pays développés. La balance des paiements entre l’Afrique et la France penche du côté de la France, et la principale raison de la migration africaine vers la France est là. Les Africains suivent leur pognon, c’est tout.
Si les populistes US devaient adopter une revendication semblable, ils devraient équilibrer leurs envies de murs en appelant les firmes US à cesser de pomper leurs plus-values dans les veines de l’Amérique latine. Noam Chomsky l’a parfaitement expliqué : les Centre-américains ne se précipiteraient pas aux US si les US ne cherchaient pas à déstabiliser leurs pays, juste pour le profit. Honduras, Guatemala, El Salvador : autant de pays mis en coupe réglée par les US, et autant de gisements de réfugiés pour cogner à leur porte.
Ceci vaut pour l’Europe comme pour les MENA, les États du Moyen-Orient et du Maghreb. Si les Européens n’avaient pas bombardé la Libye et miné la Syrie, si les US n’avaient pas envahi l’Irak, il n’y aurait pas de réfugiés, pas d’immigration, légale ou illégale. Les GJ viennent de nous donner une leçon sur la façon de traiter le problème de l’immigration. Le bénéfice des invasions va aux riches, tandis que ce sont les classes moyennes qui en font les frais.
Ron Unz a suggéré une autre retouche au programme de Trump. Trump fait de gros efforts pour arrêter le flux de migrants et de réfugiés illégaux de toute l’Amérique latine. Il devrait lire Ron Unz qui a démontré, chiffres à l’appui, que « le problème n’est pas celui des clandestins, mais celui de l’immigration légale, trop forte. (là-bas, il s’agit d’environ un million de personnes, ou plus, par an, et il faudrait tarir cette source). L’obsession de Trump pour les clandestins n’a pas de sens ». Il n’y a guère de différence entre sans papiers et avec, ils sont juste trop nombreux. Et il est très facile d’arrêter l’immigration légale, aucun besoin d’un mur.
La participation des immigrés aux samedis des GJ est minime. Leurs petites frappes ont profité de la révolte pour casser des vitrines et se servir, certes, mais ce ne sont pas eux qui ont attaqué la police. Et la police, de son côté, ne les a pas pourchassés, les pillards. Apparemment, le gouvernement avait commencé par encourager les voyous, et recommandé aux policiers de les laisser faire, ce qui permettrait aux médias officiels de condamner les GJ en tant que vandales. Cette presse est fermement hostile aux GJ, et j’ai eu du mal à trouver une vidéo qui soit neutre ou sympathisante avec les manifestants. Voyez la chose, avec des sous-titres en anglais, ici et vous constaterez que les contestataires sont des gens comme vous.
Je ne suis pas horrifié par quelques vitres brisées. « On ne saurait faire d’omelette sans casser des œufs », disait un royaliste français célèbre en 1796. C’était le général Charrette, qui brisait des nuques, et pas seulement des œufs ou des vitrines, et quand il fut capturé, il fut exécuté, mais il avait raison. Sans quelque violence qui fasse impression, les choses ne peuvent pas avancer. Si vous vous contentez d’envahir un jardin public pour chanter de belles choses, ou si vous défilez en criant ceci ou cela, vous n’arriverez à rien. Le gouvernement adore les gens qui chantent et qui marchent pour le climat ou pour l’égalité des gays. On reconnaît quand les gens font quelque chose de juste au fait que la police les attaque, et qu’ils se défendent avec courage.
Les bolcheviques s’étaient servis de l’Aurora pour poser leurs revendications. La salve en vue du palais royal prouvait leur capacité et leur disposition à faire usage de la violence ; ils avaient des soldats et des marins armés pour s’emparer des centres du pouvoir, y compris les banques, la poste et les bureaux du télégraphe, ainsi que les gares. À cette occasion, il y eut des éclats de verre et des gens détroussés ; c’est malheureux, mais autrement, point d’omelette en vue.
Pendant le Printemps français, en 2013, les Français avaient défilé par centaines de milliers dans les manifs les plus gigantesques et les plus pacifiques que paris ait jamais connues. Le gouvernement s’en battit l’œil. Une revendication doit se faire entendre avec violence et dans la durée, pour aboutir. C’est seulement au bout de quatre samedis assez virulents, que Macron a daigné répondre, et s’aplatir devant quelques exigences des GJ, une centaine d’euros pour les smicards, pas d’impôts sur les primes de fin d’année et les heures sup, pas de hausse des carburants. C’était un pas dans la bonne direction. 16 millions de Français de classe moyenne vont savourer les fruits de la bienveillance forcée de Macron ; cela va coûter 12 milliards d’euros, un bon cadeau de Noël pour les gens qui triment dur, et cela suffit à prouver que la violence paie.
La droite nationaliste américaine est trop rivée à l’observance des lois pour réussir quoi que ce soit. Ils ont fait preuve d’une certaine violence non institutionnelle envers les Noirs, mais même cela, c’est loin. Ils collectionnent des tas d’armes, mais ne s’en servent jamais contre des cibles de poids. Ils ont perdu leur volonté de bataille. Il est probable qu’ils ne défendraient même pas leur président Trump s’il devait se voir chassé du pouvoir. Il faut qu’ils joignent à leurs forces quelques Noirs dynamiques qui n’ont pas peur de désobéir à l’autorité, mais pour cela, il faut qu’ils comprennent que leur ennemi c’est l’establishment libéral, et non pas les Noirs ou les immigrants. L’extrême droite française s’est concentrée sur les immigrants depuis trop longtemps, et elle a été incapable de s’imposer et de prendre la tête des mouvements protestataires.
Voilà pour l’extrêm -droite. Que dire de la gauche ? Mélenchon a beaucoup de militants parmi les GJ mais il est perçu plutôt comme en lien avec le parti qui s’est discrédité lorsque Hollande était au pouvoir. Tous les grands partis, qu’ils soient nommément de droite ou de gauche, que ce soit à Paris, à Berlin ou à Londres, ont agi de même et suivi le même agenda néolibéral. C’est pour cette raison que les gens ont voté Macron, qui promettait d’être différent ; puis il s’est avéré qu’il ne différait en rien. Il n’y a qu’un agenda, qu’un sens unique, celui de l’État néolibéral qui ruine les classes moyennes. Une nouvelle force est requise, à cor et à cri.
Alain Soral serait excellent dans le rôle, pour prendre la tête de la nouvelle force. Les lecteurs anglophones le connaissent, en France il est très populaire, quoique moins connu que les principaux rivaux.
Il a soutenu les GJ depuis le début. Son site a publié un mandala politique intéressant, qui explique sa position et celle des autres.
Il situe sa mouvance entre le socialisme et le nationalisme, entre la classe ouvrière et le traditionalisme, à l’opposé de Macron, qui est pour le capitalisme et le mondialisme, entre le profit et les LGBT, tandis que Le Pen préfère le nationalisme (comme Soral) et le capitalisme (comme Macron) et que Mélenchon roule, ce qui nous est plus familier, pour le socialisme et le mondialisme. Sur le mandala, Soral représente le vrai nord, position hautement symbolique.
Sur le cadre entourant le mandala, on peut distinguer des noms : les banquiers George Soros et Jacques Attali se tiennent derrière Macron ; Cohn-Bendit (voir supra), se tient derrière Mélenchon ; Finkielkraut et Zemmour sont placés derrière Marine Le Pen, et, je suis très fier de le faire remarquer, figurent les noms de trois contributeurs du site Unz.com, aux côtés d’Alain Soral : Norman Finkelstein, Gilad Atzmon et moi, Israël Shamir. Soral publie également mes livres, et je suis tout à fait positif à son endroit. Un homme qui n’a pas peur de se servir du sobriquet « national-socialiste », c’est un homme qui en a, eh oui, d’autant plus qu’il y a pas mal de jeunes maghrébins et d’hommes noirs dans son mouvement très masculin, d’abord ancré chez les souchiens blancs.
Les revendications des GJ sont déjà préférables à tout ce qu’avaient proposé les partis politiques de gauche comme de droite. Ils veulent que les riches paient aussi, pas seulement les classes moyennes. Ils veulent revenir en arrière sur les privatisations, particulièrement celle des chemins de fer, que les ouvriers et employés mis au rencart retrouvent leurs emplois, que des médecins soient recrutés pour les hôpitaux, et des instituteurs pour les écoles, pour mettre fin au démantèlement de l’État providence. Quitter l’Union européenne, quitter l’OTAN, en finir avec les guerres à l’étranger. Arrêter l’immigration de masse et en même temps arrêter le pillage de l’ex-Afrique française, parce que ce pillage-là, c’est ce qui pousse les Africains à se précipiter en masse vers la France. Laisser tomber la compétition qui entraînera plus de concessions aux grandes multinationales et à leurs propriétaires, et par conséquent, les taxer.
Bref, les insurgés demandent à revenir sur les réformes de ces dernières années, le retour aux administrations antérieures, alors que Sarkozy le droitier, Hollande le gauchiste ou Macron l’outsider cherchaient à qui mieux mieux à en faire toujours plus pour les multinationales et moins pour le peuple, ce qu’ils appellent « améliorer la compétitivité ». Ils veulent revenir à la France d’avant 1991. À l’époque, les riches avaient encore des vestiges de crainte du communisme, et gardaient prudemment quelque considération pour les travailleurs, les laissant vivre et s’épanouir. Les rebelles exigent aussi que les médias soient découplés des élites, qu’ils donnent la parole au peuple, qu’ils écoutent leurs doléances, et c’est là une revendication très importante.
À en juger par ces exigences, la France est à nouveau en train de guider le monde. Sur les barricades de Paris, la dystopie néolibérale visant à créer un État pour les super riches s’est effondrée. Même si le soulèvement devait être écrasé au final, ses demandes basiques serviront de modèle pour de nouveaux soulèvements et de nouvelles révolutions, jusqu’à la victoire. Et le peuple va gagner, c’est sûr et certain.
PS : Si vous avez l’impression que je suis partisan et que d’autres nations ne sont pas moins épatantes, vous pouvez aller voir par-ci par-là [1] tout le bien que je dis des Anglais, des Allemands, des Grecs, des Polonais, des Japonais, des Palestiniens, des Ukrainiens comme des Russes, de Norvégiens et des Suédois, des Indiens et des Vietnamiens.
Alors Joyeux Noël et Bonne Année !