Bien qu’éparpillés en Syrie, Iran et Turquie, c’est en Irak que l’idée d’un État kurde indépendant se pose avec la plus grande légitimité.
- La population kurde à cheval sur 4 pays
Autonomes depuis les années 1970, les Kurdes d’Irak se sont approprié leur autonomie pour en faire une quasi-indépendance : administration, forces de l’ordre, et bientôt une armée nationale, celle encore officieuse des peshmergas. Ils disposent aussi d’un drapeau, de frontières définies et de représentations quasi diplomatiques dans plusieurs pays.
Fort de cette situation favorable, le président Massoud Barzani a donc annoncé la tenue d’un référendum sur l’indépendance. Inspirée des cas catalan, écossais et québécois, cette consultation vise plus à tester l’opinion qu’à rompre avec le gouvernement de Bagdad. Elle vise surtout à relégitimer le président Barzani dont le mandat, arrivé à terme en 2013 et déjà exceptionnellement prolongé jusqu’en 2015, n’est plus valide, ce qui le place en porte-à-faux avec la Constitution du pays. Néanmoins, au-delà de l’intérêt personnel, la question de l’indépendance n’en demeure pas moins légitime.
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En médiatisant ces désirs de paix... et d’indépendance, Le Monde prend nettement position, tout en la tempérant. Comme dans cet article, toujours en date du 26 février 2016.
« L’indépendance du Kurdistan irakien paraît aujourd’hui inenvisageable »
Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan, fait régulièrement des déclarations qui annoncent un référendum sur l’indépendance. La dernière date du 3 février.
- YPG, littéralement unités de défense du peuple
Aujourd’hui, le Kurdistan d’Irak a une capitale régionale, Erbil, qui abrite notamment un Parlement démocratiquement élu, exploite son pétrole sans l’aval du gouvernement irakien et traite directement avec les puissances occidentales pour sa sécurité. Une indépendance formelle serait-elle le prolongement logique de cette autonomie et l’aboutissement d’un rêve d’indépendance, qui habite les Kurdes depuis des décennies ?
Sans se prononcer ici sur la légitimité d’une telle revendication, l’indépendance du Kurdistan paraît aujourd’hui inenvisageable. En effet, les sécessions ne sont pas impossibles, particulièrement au sein d’un ensemble fédéral, mais elles supposent, en pratique, certaines conditions : un environnement démocratique qui permet un divorce à l’amiable (Tchécoslovaquie) ou un rapport de force militaire favorable (Erythrée) et, dans tous les cas, une acceptation internationale sauf à se retrouver dans la situation du Somaliland depuis 1991.