Oscar Clandot n’aura pas tenu longtemps. Après avoir mis en ligne ses petites vidéos – des illustrations de blagues mal-pensantes qu’on connaissait déjà mais dites par lui c’est rigolo –, devant la visibilité médiatique que lui offre le site d’Egalité & Réconciliation, le youtubeur effrayé a perdu son humour.
Il est vrai que l’on place les humoristes sauvages du Net devant une équation difficile : des dizaines de milliers de vues en quelques heures (30 000 dans la seule journée de samedi pour Oscar, ce qui en fait la star du jour, devant le « fumier » du Salon de l’Agriculture), une croissance exponentielle inespérée de leur business ou de leur notoriété, contre une place en tête de gondole sur le site épouvantail du Net. Un dilemme faustien, qui est en train de torturer ce vieux papy cochon, qui profite de la naïveté d’une jeune fille traquée par l’Occupant...
Le pari « soralien »
Plus sérieusement, quand on joue au con, il faut le jouer à fond, et ne pas s’arrêter en chemin. Ce que fait Dieudonné avec un art consommé du franchissement des limites, celles édictées par la socioculture (qu’elle franchit par ailleurs elle-même en douce), inventant une science de la transgression qui épate même le président de la LICRA. Mais n’est pas Dieudonné qui veut, cet alliage rarement vu entre l’Humour et le Courage. La majorité des humoristes faisant dans leur froc dès que le gendarme de la Dominance lève son bâton. Même pas besoin d’aller si loin : Stéphane Guillon et sa bande d’imitateurs de l’humour connaissent exactement la limite, et s’ils jouent avec, ils ne la franchissent jamais. Car la bonne réputation et la récupération sont à ce prix, avec les prébendes et les récompenses. Le fric, le sexe, la gloire !
Stéphane Guillon invité de l’émission Campus sur France 2, le 10 mars 2006 : « Je dis qu’on peut dire sur scène Benoît XVI est un enculé… Sur un rabbin, ou un imam, ça se passera très mal… C’est pour ça que je fais un humour que je qualifie de “petite bite”. C’est-à-dire que il y a des choses sur lesquelles je ne vais pas parce que je veux pouvoir rentrer à la maison. Je me moque de moi, je me moque aussi de ma lâcheté et de celle de mes camarades. »
Le pari faustien, il est donc objectivement du côté de ceux qui mangent dans la gamelle du pouvoir, pas chez Dieudonné ou chez E&R. Nous, on gagne trois sous pour dix fois plus de coups de bâton dans la gueule ; c’est pas écrit « Gad Elmaleh » ou « Dany Boon » sur notre front. Certes, chacun a le droit de s’exprimer comme qu’est-ce qu’i’ veut, pour paraphraser le grand Jamel (un ancien humoriste qui ne fait plus rire, même les enfants), mais il est une loi à respecter : ne pas jouer les riches quand on n’a pas le sou (ça c’est du Brel).
Clandot, il a voulu jouer au petit malin et au couillu, du haut de ses vannes qui flirtent avec l’humour interdit (par Maître Jakubowicz), mais les couilles se sont envolées dès qu’il a fallu les sortir. C’est dit un peu brutalement, mais c’est pas méchant. Faut rigoler, sur terre, et pas se faire la guerre ! Allez, Clandot, sors ta bouteille de rosé (si t’as un pinard moins merdique c’est pas de refus), oublie ta peur et buvons un coup à ta nouvelle médiatisation. Ta femme, mal informée sur Soral – elle a dû lire un portrait de lui dans Gala ou VSD) –, tu verras, ça va la rendre folle d’amour et d’admiration ! Tu n’auras plus besoin d’aller à la cave mendier tes gâteries à ta clandestine...
Et ne crains rien, n’aie surtout aucun regret car dès le départ, tu n’avais rien à perdre : Canal+ ne t’aurait jamais offert un pont d’or. Tu n’as pas la Carte, comme dit Philippe Vandel.
La dernière livraison d’Oscar Clandot :