Selon Bernard Bajolet (sur la photo), le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), et Patrick Calvar, celui de la Direction générale de la sécurité intérieure, il n’y a pas « l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette » entre leurs deux services. En tout cas, ils l’ont démontré dans les analyses qu’ils ont livrées aux sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, lors de leur audition commune, le 17 février.
L’une d’entre-elles est que l’Europe fera « sans nul doute face à d’autres attentats » comme ceux du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis et que la « France reste en première ligne » face à la menace jihadiste.
À ce propos, une confidence faite par Patrick Calvar, en fin d’audition, fait froid dans le dos. Confirmant l’interpellation, à Salzbourg (Autriche) de deux proches des auteurs des attentats de Paris, le patron de la DGSI a affirmé disposer « d’informations faisant état de la présence de commandos sur le sol européen, dont nous ignorons la localisation et l’objectif. »
En outre, l’État islamique n’est pas la seule organisation à vouloir s’en prendre à la France…. Il y a aussi, a rappelé le paron de la DGSI, al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Selon lui, cette menace « pèse aussi sur d’autres pays » et elle est « de nature à déstabiliser notre société. » Aussi, a-t-il assuré, « nous surveillons aussi des groupes extrémistes à l’opposé du spectre, qui n’attendent que de nouveaux actes terroristes pour engager une confrontation violente. »
Une autre analyse commune à MM. Bajolet et Calvar est que la réponse sécuritaire ne peut, à elle seule, régler le problème du terrorisme.
« Je suis convaincu, à titre personnel, que la réponse sécuritaire n’est que partielle et ne résoudra pas le phénomène. Pourquoi une fille de 15 ans quitte-t-elle notre territoire pour la Syrie alors que rien ne la destine à ce destin macabre ? Pourquoi un garçon du même âge issu d’un milieu kurde, non islamisé, tente-t-il d’assassiner un enseignant juif à Marseille ? C’est une question pour notre société », a en effet estimé le directeur de la DGSI.
« Une partie – certes infime – de la jeunesse est secouée par une crise profonde. La revendication filmée des attentats produite par Daesh, terrible, insoutenable, montre des individus déshumanisés, revenus à l’état d’animaux. Si nous les interceptons, qu’allons-nous en faire ? Faut-il les maintenir en prison à vie ? », s’est encore interrogé M. Calvar. « Il y a là un problème psychiatrique, et un enjeu de protection pour la société », a-t-il ajouté.