Le P « S » s’est-il pris les pieds dans le tapis avec l’annonce du taux de participation à la « primaire » de la gauche ? On peut se poser la question. Des indices concordant font que l’on peut parler a minima de légèreté, au pire de manipulation. Le journal Le Monde utilise quant à lui le terme plus pudique de cafouillages [1].
Reprenons les faits. À 23 heures, la « haute autorité des primaires citoyennes », qui est l’organisme en charge de la surveillance du déroulement du vote annonçait 1 337 820 votants sur 5 672 bureaux de vote, soit 79,54 % de l’ensemble des bureaux de vote de cette « primaire ». Seulement, très bizarrement, depuis 0 h 45, le site de la « primaire » est resté bloqué à 1 249 126 votants. Par ailleurs, le nombre de bureaux de vote a, quant à lui, disparu de la page d’accueil. Lundi à 10 heures, à peu près au même moment où je mettais en ligne la note précédente [2], cette même « haute autorité » affirmait qu’elle recensait 1 562 584 votants sur 6 659 bureaux de vote, tout en précisant que 477 bureaux de vote restaient manquants. Christophe Borgel, président du comité d’organisation de la primaire à gauche, prévoyait alors « entre 1,6 et 1,7 million » de votants à la fin du décompte. Rappelons que le responsable de la « haute autorité », M. Thomas Clay, annonçait près de 2 millions dimanche à 20h35.
Laurent de Boissieu, du journal La Croix, s’est livré quant à lui à un petit calcul. Il montre qu’entre 00h45 et 10h00, soit entre les deux diffusions de résultats, le rapport de TOUS les candidats au nombre de voix (1,249 millions à 00h45 et 1,600 millions à 10h00) est resté constant. Autrement dit, chaque candidat aurait progressé dans la même proportion que le total des voix ce qui est très peu probable. Le Figaro s’émeut de ce fait, et signale les divergences entre les diverses annonces [3].
Il semble donc que le chiffre réel de participation est probablement inférieur à 1,6 millions, et se situe donc dans la partie basse de l’estimation que je donnais à 10h00 (1,5-1,7 millions). C’est un échec cuisant, auquel vient s’ajouter la très désagréable sensation que le P « S » a délibérément menti sur les chiffres [4]. Il faut signaler que des dirigeants du Parti de Gauche, comme Alexis Corbière, évoquaient cette possibilité dès dimanche soir. En tout état de cause, avec une participation inférieure de 1,1 millions de voix (au mieux) par rapport au premier tour de la « primaire » de 2011, c’est bien un lourd échec pour le P « S ». S’il s’avérait, dans les heures qui viennent, que ce parti à triché (et l’on commence de plus à recenser les cas de personnes qui ont pu voter deux fois [5]) il ajouterait le déshonneur à l’échec et la honte au dépit de ses militants.
Quel que soit le « vainqueur » du second tour, que ce soit Benoît Hamon ou Manuel Valls, il verra sa légitimité lourdement entachée par ce scandale.