Sur la place de la mairie de Trébédan (Côtes-d’Armor), 400 habitants, le bâtiment tranche avec les traditionnelles maisons de granit du pays de Dinan. [...] Quand elle raconte l’histoire, Nolwenn Guillou n’utilise quasiment jamais le pronom je. Dans sa grammaire personnelle, la directrice de l’école conjugue plus facilement le pluriel que le singulier. « Cette école, c’est avant tout un travail d’équipe », prévient-elle. À Trébédan, les trois maîtresses sont formées à la pédagogie Freinet et partagent la même vision d’une école ouverte sur le monde où l’on apprend à coopérer comme on apprend à lire.
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Nolwenn Guillou et Valérie Ronsoux ont débarqué les premières, Manuela Armand les a rejointes cinq ans plus tard. Les trois institutrices arrivaient de Dinard, Saint-Brieuc et Plédéliac, à 20 kilomètres. C’était au début des années 2000, elles avaient 25 ans, et l’école ne payait pas de mine. Nolwenn faisait classe dans un bâtiment préfabriqué au milieu de la cour. « Les petits gardaient le manteau à l’intérieur, il y avait des bassines par temps de pluie. On craignait un regroupement scolaire », se souvient Clémence Essevaz, parent d’élève et conseillère municipale.
Pour Nolwenn, à l’époque, l’état des locaux n’est pas vraiment un problème. Ce qui la gêne dans son travail, c’est plutôt l’ambiance du village. Depuis que la Chine exporte son granit, les carrières de la région ferment les unes après les autres, le dernier café est lui aussi menacé. « Dehors, les gens se parlaient peu, cela influençait la classe, on sentait un manque d’implication, raconte-t-elle. Si on veut que les enfants s’impliquent à l’école, et plus tard dans la société, il faut leur montrer l’exemple. » Le jour où elle remarque qu’à la sortie les enfants et les retraités qui jouent aux boules n’échangent pas un bonjour, elle décide qu’il est temps de « faire quelque chose ».
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L’idée de construire une nouvelle école s’impose vite. Une école conçue comme une œuvre d’art pour favoriser la coopération chez les enfants et aussi le lien social entre les adultes. Matali Crasset, connue notamment pour sa réalisation de l’espace garderie du Centquatre, lieu culturel parisien, dessine la nouvelle architecture et le mobilier adapté. Certains s’inquiètent pour leurs impôts. Trop ambitieux, trop cher. Le coût paraît trop élevé pour un si petit village. « Vous n’y arriverez jamais », prédit un sous-préfet.
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