Les cours filmés par les élèves eux-mêmes. Il suffit de poser son mobile sur la table, d’activer une application comme Periscope, et le tour est joué. Ensuite, on en rajoute, pour faire des vues, lancer des paris, augmenter sa popularité. Le cours devient une salle de spectacle, et les élèves communiquent dans le dos du professeur, qui a perdu son autorité.
Tous les profs ne sont pas passifs :
Ce n’est heureusement pas le cas de tous les profs, et cet article n’est pas représentatif de l’école française. Elle n’est pas au fond du trou, même si pas mal de voyants sont au orange. Si la discipline ne peut pas tout, la pédagogie soixante-huitarde serait peut-être à revoir. Le contenu des cours aussi. Tout n’est pas parfait dans l’école française, qu’il est évidemment facile de critiquer.
Pour ne pas rester dans le « y a qu’à » et le « faut que », nous vous proposerons bientôt un grand dossier sur l’école de demain. Qui prend en compte la réalité du terrain (le niveau des jeunes Français), les désirs des parents, les possibilités de l’EN, ainsi que les expériences intéressantes pour l’avenir. La nouvelle école, c’est comme le christianisme : ça commence à 12, ça finit à 2,5 milliards.
Juste après l’article de francetvinfo.fr, nous avons placé un article du blog lepetitjournaldesprofs.com, qui sous-titre « Partez en classe de bonne humeur ! ». On n’est pas sûrs que la méthode Coué suffise pour venir à bout de l’érosion constatée...
Periscope en salle de classe : quand les ados se filment en plein cours
« On se fait chier en cours », « En cours jmennuie venez », « VENEZ PARLER JLGR [je galère] EN COURS », « En cours rien a faire venez parler »... Sur Periscope, une application pour smartphone qui permet de se filmer en direct et de diffuser la vidéo sur les réseaux sociaux, ces invitations sont désormais légion. Depuis qu’elle a été popularisée en France par « l’affaire Serge Aurier » en février, Periscope fait un tabac auprès des collégiens et des lycéens. À tel point que certains n’hésitent plus à se filmer en plein cours.
Le téléphone caché dans la trousse, un saucisson sec sur la table
Dans le cadre, des stylos et une fermeture éclair trahissent bien souvent un téléphone caché dans la trousse pour ne pas éveiller l’attention du professeur. Les adolescents, eux, doivent se pencher pour que l’on voie leur visage.
Que font ces jeunes lorsqu’ils sont en direct sur Periscope, alors qu’ils devraient écouter ce que leur professeur est en train de dire au tableau ? Tout et n’importe quoi. Sur cette vidéo tournée par des élèves de terminale durant un cours de philosophie dans un lycée d’Eure-et-Loir, un petit groupe découpe et mange un saucisson sec au fond de la salle de cours, pendant que l’enseignant répond aux questions de certains élèves. « Franchement les gars, un petit Ricard là... ! », s’amuse celui qui découpe les tranches, un Opinel à la main.
« Montre tes seins », « cachez-vous tous sous la table »
Mais ce que cherchent avant tout les « Periscopeurs », c’est l’interaction avec ceux qui regardent la vidéo en direct, et qui peuvent poster des commentaires. « On répond à tout », promet par exemple une élève de 3e, dans un Periscope tourné dans un collège de Saône-et-Loire. « On veut des questions en masse », insiste-t-elle, comme pour mieux encourager les spectateurs à poster des commentaires.
Rapidement, la drague ou les remarques sexuelles arrivent. « Montre tes seins ! », écrit un commentateur. « Ben non », rétorque-t-elle aussitôt en direct. « Vous donnez ? [vous flirtez ?] », demande un autre. « Ben ça dépend, t’as quel âge ? Tu t’appelles comment ? T’es beau ? T’es moche ? T’as des tablettes [de chocolat] ? », répond-elle en rigolant, sans que cela aille plus loin. De jeunes garçons qui demandent aux adolescentes de montrer leur poitrine en salle de classe, il y en a beaucoup sur Periscope. La plupart sont sèchement éconduits par les « Periscopeuses », quand celles-ci ne les bloquent pas purement et simplement.
D’autres jeunes préfèrent les challenges, et invitent les internautes à leur lancer des défis. « Crie Allah akbar », « crie mort aux arabes », « dis nique les juifs », « jette un stylo par la fenêtre », « lèche la vitre », « cachez-vous tous sous la table »… Autant de défis qu’un élève de 5e et ses quelques camarades ont accepté de relever en plein cours de mathématiques, dans un collège de Belfort. Au tableau, le professeur tente de corriger des exercices mais semble avoir échoué à maintenir un semblant de discipline dans sa classe.
[...]
« À 70 [connectés], je jette le clavier sur la prof »
Pour attirer le chaland, certains n’hésitent pas à faire des promesses de plus en plus violentes. À 70 personnes connectées, l’un d’eux promet de « jeter le clavier sur la prof ». À 100 connexions, « j’embrouille le prof », assure un autre.
Lire la suite de l’article sur francetvinfo.fr
Un Periscope qui finit mal, mais entre élèves :
Periscope, l’application cachée au fond de la trousse
Péri = Périscope, l’application chouchou des jeunes est sur le podium des téléchargements sur l’Applestore ou Googleplay. Comme la plupart des gens, j’ai entendu parler de Périscope avec l’affaire Serge Aurier [sur la photo de une, NDLR] alors qu’elle existe déjà depuis un peu plus d’un an. « Découvrir le monde à travers les yeux des autres », tel est le slogan aguicheur de cette application appartenant à Twitter.
Périscope est une application de livestreaming puisqu’elle permet de diffuser de la vidéo en direct dans le monde entier via son smartphone connecté sur Internet. Une fois la vidéo terminée, Périscope la conserve durant 24h, ce qui permet aux internautes d’avoir une séance de rattrapage. Comme le croyait Serge Aurier, seul l’émetteur de la vidéo peut conserver une copie de sa diffusion sur son téléphone… mais certains utilisateurs font des captures d’écran ou enregistrent les vidéos. Ainsi quand un footballeur se lâche sur Périscope et qu’il est rattrapé par la patrouille, il risque de passer un petit moment sur le banc de touche. Pour un élève, on ne sera pas loin du carton rouge voire de la commission de discipline.
[...]
Tout le monde n’aime pas Periscope :
Ce qui est frappant mais finalement attendu, c’est la rapidité avec laquelle les ados et les jeunes adultes se sont emparés de l’outil en classe. Caché au fond de la trousse, le smartphone filme une banale scène de classe où quelques collégiens gentiment frondeurs se lancent dans le grand bain du livestreaming un brin émoustillés. « 90, 95 connexions ! » disaient deux petits parisiens émerveillés, comptant le nombre de curieux, dont moi, regardant leur contre-plongée alors que leur cours de Maths du vendredi après-midi semblait s’éterniser.
La différence avec les bonnes vieilles vidéos filmées au smartphone, c’est l’interactivité : chaque personne connectée au flux vidéo peut commenter et aussi défier l’utilisateur de Périscope avec le risque de surenchère que cela apporte. Un peu plus tard, j’ai suivi des étudiants qui pour égayer leur après-midi avait intitulé leur vidéo « Exclus de cours ! Donnez des défis ». Pour ce que j’en ai vu, quatre loustics venaient tout juste de vider l’extincteur de l’établissement, s’en étaient mis partout sur leurs sapes et après une série de pompes continuaient leurs déambulations dans des couloirs déserts avec les yeux rivés sur les messages qui tombaient à la pelle.