Dans une interview à CNN, l’ancien dirigeant britannique présente ses excuses pour les justifications fallacieuses au déclenchement de la guerre en Irak et le lien avec le djihadisme.
Pour la première fois, Tony Blair reconnaît une part de responsabilité dans la situation actuelle en Irak et en Syrie. Jusqu’à présent, l’ancien Premier ministre avait toujours défendu la légitimité de l’invasion de l’Irak par les troupes britanniques aux côtés des Américains en 2003. Dans une interview à CNN diffusée dimanche, il présente des excuses partielles pour les conséquences de cette décision et reconnaît le lien entre l’invasion de l’Irak et l’essor de l’Etat islamique.
« Bien sûr on ne peut pas dire que ceux d’entre nous qui ont renversé Saddam Hussein en 2003 n’ont pas de responsabilité dans la situation en 2015 », affirme Tony Blair. Le déclenchement de l’intervention avait alors été justifié par de faux rapports du renseignement sur la possession d’armes de destructions massives par le régime de Bagdad. « Je présente mes excuses pour le fait que les informations que nous avons reçues étaient fausses. Je m’excuse aussi pour certaines des erreurs dans la planification et, évidemment, pour notre erreur à comprendre ce qui se passerait après le renversement du régime », se contrit-il. Tout en ajoutant qu’il trouvait « difficile de s’excuser d’avoir mis fin au pouvoir de Saddam ».
Mea culpa
L’effondrement du régime du dictateur sunnite avait entraîné une vague de terrorisme djihadiste sous la houlette d’Al-Qaïda, qui a conduit ensuite à la proclamation du califat de Daech sur une partie du territoire de l’Irak et de la Syrie en 2014. En revanche, l’ancien dirigeant travailliste relativise « [s]on crime » – le renversement de Saddam – face à la responsabilité collective occidentale dans la guerre civile en Syrie. « Nous sommes restés en arrière et nous, à l’Ouest, en portons la responsabilité, l’Europe plus que tout. Nous n’avons rien fait. C’est un jugement de l’histoire auquel je suis prêt à faire face », défie-t-il.
Tony Blair prend les devants sur les résultats d’une interminable commission d’enquête britannique sur la guerre en Irak, qui s’apprête à annoncer prochainement un calendrier pour sa publication. Le rapport Chilcot est devenu un serpent de mer, constamment reporté. Par ce premier mea culpa, Tony Blair anticipe sur les responsabilités susceptibles de lui être imputées. L’ancien Premier ministre ne peut se déplacer sans protection policière, constamment pourchassé par des militants qui l’accusent de crimes de guerre et demandent sa traduction en justice.