Un agent du fisc de 43 ans a été tué après avoir été séquestré avec une collègue dans le cadre d’un contrôle fiscal chez un brocanteur de Bullecourt, dans le Pas-de-Calais, qui s’est ensuite donné la mort. (...)
Selon une source proche de l’enquête l’inspectrice qui l’accompagnait a été retrouvée au domicile du brocanteur « ligotée sur une chaise et profondément choquée ». (...)Le brocanteur, divorcé et père de deux enfants, « était arrivé dans le village il y a quatre ans », a affirmé à l’AFP le maire du village, Éric Bianchin.
« Il avait acheté une ferme rue de Quéant, où il faisait des ventes chez lui. Il vidait les maisons, les vide-greniers et revendait chez lui », a-t-il ajouté, les yeux humides derrière ses lunettes. « C’est un petit village, tout le monde se connaît. Je n’ai jamais eu de problème avec lui, il était serviable, c’était une personne lambda. Il était intégré dans le village », a poursuivi le maire. (La Voix du Nord)
On n’a pas pour habitude de relayer les faits divers, qui sont pourtant très populaires, dans la presse. Les gens s’intéressent aux gens plus qu’à la politique, c’est un fait. Mais ce fait divers-là n’est pas un fait divers comme les autres, il n’est pas tristement banal, il est emblématique. Quand un artisan tue un agent du fisc, c’est le signe que les choses sont allées trop loin des deux côtés.
Un contrôle fiscal, ce n’est jamais agréable, surtout quand on en chie pour gagner sa vie, et parfois très modestement, comme beaucoup d’indépendants. On le sait, la France est le pays de la pression fiscale forte, de l’État qui met son gros nez partout, de la liberté d’entreprendre limitée. Gérard Nicoud pourra vous en parler, lui qui a initié la révolte des indépendants dans les années 70. Une révolte contre l’injustice fiscale, et n’allez pas croire qu’on soutient la mort d’un homme, qui ne faisait que son métier.
« Il n’y a pas de différence entre le petit commerçant de gauche et le petit commerçant de droite, pour moi il y a des commerçant et des artisans qui souffrent »
Pour info, un agent du fisc nous a expliqué qu’avant l’acceptation du principe de la négociation des dettes, nombre de morts d’entreprises et parfois de petits chefs d’entreprise, par suicide, étaient dues à l’intransigeance d’agents du fisc trop zélés, ou parfois carrément cruels. Là, on ne parle plus du fait divers qui a eu lieu dans le Pas-de-Calais, mais de la situation sociale en France pour les 3 à 4 millions d’indépendants.
Ils sont 3 millions pour l’INSEE, mais un bon million échappe aux radars de l’État, non pour esquiver l’impôt ou la surveillance fiscale, mais parce que les statuts sont parfois inexistants, ou trop branlants. Parmi eux, des paysans, des restaurateurs, des avocats (qui ne sont pas tous riches, loin de là), des artistes, des blogueurs et des livreurs à vélo. Ces trois dernières catégories sont carrément hors-jeu sur le plan social, et toute une frange de petits métiers est en train de se développer, hors Système, parce que le Système est trop lourd à porter pour ces modestes.
Quand les sites officiels ou syndicaux (même de gauche) annoncent que les journalistes pigistes gagnent en moyenne 1 600 euros par mois, ça fait rire toute la planète précaire : en vérité, c’est même pas la moitié.
Et aujourd’hui – mais ça ne date pas d’hier –, le contrôle fiscal est devenu un outil de répression politique, alors qu’il devait être, au départ, un outil de justice, d’égalité devant l’État, la communauté nationale. Quand on voit ce que les milliardaires engrangent en échappant à de lourds impôts grâce à la défiscalisation (parfois légale) ou à des magouilles préparées par des avocats spécialisés ou des financiers payés à prix d’or, on ne peut qu’être scandalisés par ce double traitement. Les gros passent à travers les mailles du filet, les petits morflent !
La justice fiscale, ce n’est pas d’assassiner un fonctionnaire des impôts, c’est de protéger les petits en difficulté et de ponctionner les puissants, quand ils franchissent la ligne. Car les petits n’ont souvent pas le choix – il doivent survivre avant tout –, alors que les puissants l’ont. Pour les uns, c’est la survie qui est en jeu ; pour les autres, c’est un peu de leur argent.
L’histoire d’un contrôle fiscal
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