Ces jours-ci, le mouvement LGBT est promu plus que n’importe quelle idéologie progressiste au sein des grandes ligues sportives américaines. Avec des fortunes diverses en termes d’adhésion, tant chez les joueurs que chez les fans.
Le 24 mars dernier, deux joueurs des Florida Panthers refusaient d’arborer sur le maillot de leur club les couleurs arc-en-ciel imposées par la NHL (ligue professionnelle de hockey sur glace) dans le cadre de la désormais traditionnelle Pride Night (Nuit des fiertés) [1]. Faisant valoir leurs convictions religieuses autant que leur souhait de n’offenser personne, les hockeyeurs dissidents ont aussitôt provoqué la consternation des esprits les plus éveillés du pays... et une légitime indifférence des vrais fans de palet.
L’incident, si tant est que sa gravité relative lui vaille un tel nom, n’est pas le premier de la sorte dans le championnat. Un peu plus tôt dans le mois, le club des Blackhawks de Chicago dispensait ses joueurs russes de revêtir les couleurs préférées des enfants et de Laurent Ruquier (aucun lien) lors de la fière nuitée. Cette fois-là, il ne fut point question de religion mais de politique, le club craignant que le durcissement des lois anti-propagande gay en Russie puisse préjudicier aux joueurs natifs du pays en cas de retour au bercail [2].
Si l’esprit de chevalerie viking régnant sur la glace et dans les gradins explique le peu de remous en NHL, il en va autrement dans les salles de NBA (ligue professionnelle de basketball). À la décharge des amateurs de balle orange, les animations proposées lors des Pride Nights ont pu avoir de quoi surprendre, y compris les esprits les plus équipés. Ainsi en janvier, les Milwaukee Bucks offraient à des spectateurs médusés un spectacle de drag-queens à la mi-temps (photo) [3], déclenchant l’ire des internautes sur le compte twitter officiel du club et un communiqué d’excuses de ce dernier dans la foulée.
Suivi par un public tout aussi populaire quoique moins pigmenté, la MLB (ligue professionnelle de baseball) rejoint la NBA dans l’accueil que ses joueurs et ses fans réservent à la Nuit des fiertés. Outre des joueurs déclinant le port sur leur maillot d’un ostentatoire logo de leur club version Crayola, certains clubs comme celui des Rangers du Texas se sont purement et simplement soustraits aux injonctions inclusives de la ligue [4], semblant préférer au plaisir des minorités la quiétude des masses.
Enfin la NFL (ligue professionnelle de football américain) n’est pas en reste, elle qui fut le premier théâtre de l’activisme sociétal dans le sport US avec Colin Kaepernick et sa croisade anti-violence policière contre les Noirs du pays. La ligue a ainsi organisé une Pride Night à Los Angeles la veille du Superbowl en présence d’anciens footballeurs retraités sortis du placard [5] ; au risque d’échauder une fanbase déjà crispée par l’épisode « genou à terre pendant l’hymne national » et par l’immixtion croissante de la politique dans leur sport favori.
Les grandes ligues sportives américaines restent officiellement donc des soutiens de poids à l’idéologie gay-lesbienne-queer-trans-et cætera et devraient confirmer cet engagement en juin pendant le Mois des fiertés. Reste à voir si le progressisme sera encore le bienvenu dans l’arène.
Un indice : images du stand Bud Light au Fenway Park de Boston après la campagne pub pro-transgenre de la marque.