Le plan de table de Thierry Ardisson ne doit rien au hasard. Selon lui, quand on invite un intello un peu chiant, mieux vaut prévoir une bimbo porno à côté, pour équilibrer l’audience. Si bien que pour faire de la télé intelligente, ou pas trop conne, on doit intégrer de la connerie à côté de l’intelligence. Drôle de paradoxe. En réalité, à la place du couple connerie/intelligence, on a droit au couple connerie/propagande, ce qui est une tromperie. Démonstration.
Mais ce samedi 29 octobre 2016, Thierry a un peu dérogé à sa formule miracle. Il n’a invité qu’une bimbo, enfin, une ex-bimbo, puisque Cristina Cordula, la pimpante brésilienne de M6, a allègrement dépassé la cinquantaine. Mais elle reste encore croquable, puisqu’elle fait régulièrement les pages people, preuve d’une certaine jeunesse sexuelle. Cordula n’est pas non plus totalement sotte : elle a renouvelé le genre du relooking à la télé, qui était un peu accaparé par les homos. À tout choisir...
Les conseils de Cristina aux femmes (c’est l’essentiel de sa clientèle de conseil en image) pour réussir son entretien d’embauche (à punaiser dans les Pôle Emploi) :
Nous allons passer en revue les autres invités de SLT, tous de sexe masculin. Le second dans la liste s’appelle Marc Trévidic. Marc, tout le monde le connaît depuis les terribles attentats sur le sol français de 2015-2016, est un ex-juge antiterroriste. Il est devenu à cette occasion tragique une star des médias, celui qu’on invite mécaniquement quand on doit parler de terrorisme. Et pour terroriser, Trévidic terrorise.
Il était moins disert lorsqu’il était juge, et depuis le dernier attentat massif, celui de Nice, il révèle peu à peu que tous les protagonistes des trois grands attentats (Charlie, Bataclan, Nice) étaient peu ou prou connus des services antiterroristes, et donc de lui. Il semble que Marc ait changé de paradigme : plutôt neutre et informatif en la matière, il est devenu une sorte d’attaché de presse de la paire Valls-Cazeneuve, les deux responsables de la « sécurité » des Français, une faillite totale. Trévidic relaye les injonctions effrayantes de l’exécutif, sur les exécutions à venir. On n’est plus dans les propos d’un ex-juge ou d’un homme libre, mais dans ceux d’un porte-parole du virage sécuritaire à l’israélienne.
- On dirait un livre de la collection CIA éditions
Transition toute trouvée pour aborder le cas du troisième invité, Alexandre Del Valle. Go between ou agent de l’axe américano-israélien en France, il donne des conférences dans toutes les grandes villes au cours desquelles il développe sa grande idée, fixe, selon laquelle l’islam est la cause de tout, en France, aujourd’hui. Politiquement, on peut le caser à droite de Sarkozy et tout près des identitaires. On sent que derrière lui, il y a du matos, de l’artillerie lourde. S’il n’est pas interdit d’assurer la communication d’une puissance étrangère en France, c’est mieux de le dire, car tout le monde dans le grand public n’est pas forcément au courant de ces petites appartenances honteuses, car cachées.
Place au divertissement avec les trublions télévisuels Grégoire Ludig et David Marsais. Le Palmashow est une émission de la nouvelle chaîne C8 (prononcer cuite) qui propose des parodies sur les émissions de télé. C’est gentillet, ça se moque sans trop de risques, et ce n’est pas méchamment drôle. On peut même dire que cet humour qui doit respecter le cahier des charges invisible de la dominance culturelle des lobbies (sioniste et LGBT), à l’arrivée, il n’en reste plus grand-chose.
Dans la parodie suivante, les deux comparses se moquent de buzz sur les réseaux sociaux :
Osé, n’est-ce pas.
La télé, c’est tout l’objet du livre de Bruno Patino, qui est, comme la fiche des invités l’indique, directeur éditorial d’Arte et directeur de l’école de journalisme de Sciences Po. Plus impliqué dans la bien-pensance, tu meurs dans un discours politico-culturel de NKM. Avant de conduire cet hydre à deux têtes creuses, Bruno a été directeur des programmes sur France télévisions. Il en a tiré un livre, dans lequel il ne veut se fâcher avec personne, relève Le Figaro.
Du coup personne n’en a parlé. De Drucker, il dit :
« Il réussit à embarquer ses téléspectateurs dans un cycle immuable. Il fait une télévision qui capte l’air du temps pour le recycler dans une sorte d’intemporalité, dans un décor sans marque d’usure et avec un conducteur qui se structure comme un rituel ».
Beaucoup de mots pour rien. D’autres ont résumé Drucker en un mot : Parrain. Ça c’est vendeur, coco Patino !
Coco Patino, OdinO. Quel rapport ? Une petite allitération pour introduire le nom de la production musicale de Gérard Louvin, que la Morale (et le manque de moyens) nous interdit de critiquer. OdinO est un orchestre classique qui reprend les standards de la pop dans une espèce de purée musicale indifférenciée : Piaf ( !), Daft Punk (ouch), Queen (bon, ça va), ou Claude François (ouch). La liste n’est pas de nous mais de la communication du spectacle.
Le clou de l’émission – on ne se refait pas, Thierry – c’est la bimbo porno qui manquait, ouf, Thierry a failli surseoir à ses principes intangibles. Manuel Ferrara lance une webtélé, mais à la place de ce moquer de son métier pourri, on rappelle qu’il a tenu un rôle dans La Mentale, de Samy Naceri. Ah, merde, c’est pas Manuel Ferrara, c’est Stéphane Ferrara, l’ex-boxeur ! Comme ça on finira sur une note positive : un rôle glauque de petite frappe de banlieue, qui punit de jeunes caïds de la drogue qui voulaient grandir trop vite.
Ah, on allait oublier, les humoristes. Laurent Baffie, l’ex-valet de Thierry, et le petit nouveau, Tom Villa, qui rend ici sur France Inter un hommage médiocre au triste Stéphane Guillon, ou les ravages de l’entre-soi :