Le 2 juillet, Emmanuel Macron était ciblé par une tribune l’accablant pour ne pas voir en Assad l’« ennemi de l’humanité ». Onze jours plus tard, le président français est interpellé par une autre lettre ouverte, diamétralement opposée à la première [voir ci-dessous après l’article de RT].
Le site du Comité Valmy (association pluraliste défendant essentiellement l’indépendance nationale de la France) a publié le 13 juillet une tribune appelant Emmanuel Macron à « une politique française en Syrie indépendante et respectueuse du droit [international] ».
Après avoir déclaré en juin dernier qu’il ne voyait pas en Bachar el-Assad un ennemi de la France, Emmanuel Macron a été interpellé dans une première tribune, parue début juillet dans Libération. Qualifiant l’actuel président syrien d’« ennemi de l’humanité tout entière », ses auteurs (une centaine d’intellectuels et spécialistes français ou syriens) demandaient littéralement au locataire de l’Élysée de se positionner en faveur du « départ nécessaire de Bachar al-Assad ».
Ce 13 juillet, les auteurs de la seconde tribune dénoncent « un appel à la guerre [qui] cautionne la tentative de déstabilisation d’un État souverain, au mépris du droit international ».
Déplorant « un chantage moral habituel qui consiste à culpabiliser ceux qui refusent la guerre », les signataires insistent sur « l’échec d’une politique d’ingérence illégitime et désastreuse » ces dernières années en Syrie.
Venant contrebalancer le discours publié dans Libération, les auteurs de cette seconde tribune affirment leurs positions autour de trois points :
L’opposition « aux guerres visant à des changements de régime »
La défiance face à des « humanitaires auto-proclamés [dont les intentions sont] illégales au regard du droit international »
La volonté de voir « une France [qui comprend] l’intérêt véritable des Français et des peuples du monde entier »
Les récentes prises de positions d’Emmanuel Macron sur la Syrie constituant un revirement de taille par rapport à la ligne de son prédécesseur, les auteurs de cette tribune interpellent le président français en ces termes : « Nous vous demandons de lever les sanctions qui frappent le peuple syrien et de rétablir les relations diplomatiques avec l’État syrien. »
Plusieurs personnalités françaises et belges sont signataires de cet appel au président de la République, parmi lesquelles des journalistes (Bruno Guigue, Michel Collon), des hauts gradés de l’Armée française (l’amiral Debray, le colonel Corvez) ou encore des universitaires (Bruno Drweski, Jean Bricmont).
Pour une politique française en Syrie indépendante et respectueuse du droit
Monsieur le Président,
Vous avez déclaré que vous ne souhaitiez pas la destruction de l’État syrien et qu’avec vous au pouvoir, on en aurait fini avec les « néoconservateurs importés ». Plus récemment, au sortir du G20, vous avez de nouveau précisé votre détermination à œuvrer pour une sortie politique du conflit excluant le préalable d’une mise hors jeu de l’actuel Président de l’État syrien. Vous interrompez le soutien financier et logistique que la mandature précédente accordait à des forces combattantes terroristes qu’elle qualifiait de « modérées ».
Ce réalisme a été imposé par l’échec d’une politique d’ingérence illégitime et désastreuse. Le peuple syrien avec toutes ses composantes, en particulier une opposition authentique de l’intérieur, certes pas celle d’une poignée d’exilés exhibés à quelques occasions, s’est rangé derrière Bachar el Assad pour lutter contre la désintégration de sa nation. Avec l’aide de pays amis, il est en train de mettre fin à l’existence d’un État takfiriste.
Parmi ceux qui ont accueilli votre présidence avec scepticisme, beaucoup espèrent voir dans cette position une politique qui permettrait à la France d’entamer une diplomatie indépendante. Elle se déploierait fermement dans les intérêts conjoints des peuples de la région, martyrisés et décimés, et du peuple français qui n’en a récolté comme effet tangible que des attentats terroristes sur son territoire et l’instauration d’un état d’urgence sans cesse reconduit. Elle saurait rester insensible aux imprécations telles que celles développées dans une lettre ouverte à Libération.
Ce véritable appel à la guerre cautionne la tentative de déstabilisation d’un État souverain au mépris de la loi internationale. Il se présente sous la forme d’un chantage moral habituel qui consiste à culpabiliser ceux qui refusent la guerre, en les accusant de faire de la France la « complice » des crimes imputés sans preuve au gouvernement syrien. Bien au contraire, des preuves irréfutables s’accumulent qui mettent en évidence la responsabilité des forces terroristes dans les différents événements chimiques qui ont émaillé la scénarisation d’une dictature sanguinaire qui assassine son peuple.