Que ce soit pour l’élection présidentielle américaine, le référendum britannique sur l’Europe, les primaires de droite et de gauche en vue de la présidentielle française, ou même les votes suisse et autrichien, la meute journalistique nationale fait un sans-faute intégral dans le plantage.
Il est vrai qu’elle fonctionne en réseau, par capillarité, copinage et radotage. Finit par penser pareil, pour le maintien de ce système qui lui permet de conserver prébendes et influence. Sauf qu’aujourd’hui, à la fin 2016, sa survie financière ne tient plus qu’à un fil, relié à l’Etat et aux grands investisseurs privés (Niel, Dassault, Pigasse, Bolloré), qui peuvent couper le cordon à tout moment. Mais à force de jouer pour l’élite, la presse en a perdu le peuple. Et puis, les postes à responsabilité dans les médias se refilent aux héritiers, qui n’ont jamais réellement bossé. Du coup, la cassure est totale : plus personne parmi les médiateurs ne sait ce qu’il y a en bas, obnubilés qu’ils sont par ce qu’il y a en haut.
Ce empilement d’ignorances mène à des erreurs fatales non pas dans le pronostic, mais dans le dévoilement de ses préférences : oui, la presse mainstream préfère l’élite au peuple, c’est un fait, et le peuple devrait arrêter de la financer en l’achetant. Sauf que, vous allez voir comme c’est tordu, c’est le peuple, indirectement, qui finance ces organes de propagande en perdition :
Et le tour est joué ! À l’instar du service public audiovisuel, le contribuable français finance la propagande contre ses propres intérêts au bénéfice des intérêts oligarchiques. Concrètement, la prise de conscience de cette énorme arnaque se traduit par une baisse des achats – la médiasphère préfère parler de « baisse des ventes », comme si ça dépendait des journaux eux-mêmes, alors qu’il s’agit d’une répulsion populaire – et une défiance grandissante à l’encontre des écrits officiels.
Les anciennes générations, qui achètent encore des journaux et qui continuent à voter pour l’alternance, ont du mal à accepter ce diagnostic, tant il remet en cause leur structure mentale. Chez les jeunes, en revanche, pas de complexes : on balance tout le paquet (médiateurs et politiques) à la poubelle, et on cherche un monde politico-informatif un peu meilleur. Eh bien, il existe.
Après l’enthousiasme médiatique pour le « président Juppé », retour sur les prédictions et les « informations exclusives » de nombre de grands médias quant à la candidature de François Hollande.
Une collecte de titres qui ne remplace pas un article (à venir sur notre site) consacré à ce journalisme de pronostic qui n’a eu de cesse, au cours des derniers mois, de la victoire du Brexit à la défaite d’Alain Juppé en passant par l’élection de Donald Trump, de se tromper et d’oublier la vocation première du journalisme : produire une information sérieuse, vérifiée et recoupée. Ce qui n’a rien à voir avec les commentaires de rumeurs, les extrapolations sur la base d’hypothèses et les prédictions expertes à propos de bruits qui courent – qu’elles tombent finalement juste, ou, comme ici, spectaculairement à côté de la plaque.