Dans un courrier interne adressé aux membres de son groupe de travail, le vice-président du FN expose sa vision des enjeux liés à la transformation du mouvement, voulue par Marine Le Pen.
À cinq jours d’un séminaire de réflexion sur l’avenir du parti, où des approches très différentes voire divergentes, sont attendues, Florian Philippot, vice-président en charge de la stratégie et de la communication, expose ses arguments pour définir « le projet patriote » du mouvement. Il le fait dans un courrier interne de trois pages, dont le Scan publie le contenu en exclusivité, lundi.
Intitulée « Contribution de Florian Philippot à la Refondation du Front National », cette lettre est adressée, notamment, aux membres de l’atelier de travail consacré au programme du mouvement, auquel Florian Philippot s’est associé.
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Ciblé pour sa responsabilité dans l’échec électoral de Marine Le Pen, Florian Philippot sait que le séminaire de Nanterre ne sera pas une promenade de santé. Son projet pour la refondation est intéressant parce qu’il reflète en grande partie, une vision qui avait été largement partagée par Marine Le Pen jusqu’aux derniers scrutins. Bousculée par son échec, la présidente du FN est confrontée à une colère interne réclamant un changement de cap stratégique. Certains économistes du parti prônent d’ailleurs l’abandon de la souveraineté monétaire et du Frexit comme projets politiques alors que d’autres continuent de penser que la sortie de l’euro doit rester une clef de voûte.
Le « débat bouc-émissaire » de la présidentielle
Dans sa lettre, Philippot commence par défendre Marine Le Pen. Si l’image et la crédibilité de la candidate ont été sérieusement affaiblies par son débat présidentiel manqué face à Emmanuel Macron, son bras droit qualifie de « première facilité » le fait de se focaliser sur ce « débat bouc-émissaire ».
« Si ce débat n’a pas été optimal, ainsi que Marine Le Pen a eu elle-même le courage de le reconnaître, lui faire porter toute la responsabilité des résultats électoraux n’aurait pas de sens. » Selon lui, cet échec ne peut pas « expliquer le résultat déjà relativement décevant du premier tour de la présidentielle (21,3%) ».
Il évoque également les déceptions liées aux régionales de 2015.
Pour Philippot, les raisons de ces déconvenues électorales sont ailleurs et il invite les frontistes à ne pas « réduire » le débat interne sur la refondation du parti à la question de l’euro. Ce serait une « dangereuse facilité », prévient-il encore. « Il est évident qu’à partir du moment où le FN annoncerait qu’il renonce à la reconquête de la souveraineté́ monétaire, une série de problèmes s’ouvriraient », écrit Philippot, pour qui il ne peut pas y avoir de patriotisme économique sans monnaie nationale. Il ajoute : « Nous serions très vite embarqués dans une série de contradictions de fond aussi inextricables qu’incompréhensibles pour les électeurs ».
Pour appuyer sa démonstration, l’eurodéputé brandit certains sondages selon lesquels la sortie de l’euro n’aurait pas d’impact significatif sur les électeurs du FN, admet les « nécessaires efforts pédagogiques » à réaliser, prône le développement d’une « vision plus concrètement positive de l’adoption d’une nouvelle monnaie nationale » et propose l’abandon de la thèse d’une double monnaie, qui avait été mise en avant dans la dernière ligne droite de la présidentielle. En un mot, Philippot croit toujours à la souveraineté monétaire et pense que le FN doit persévérer. Sur ce point, on peut imaginer de très vifs échanges entre séminaristes vendredi et samedi.