Pour sa réunion publique d’entre-deux-tours dans la 6e circonscription de Moselle ce jeudi soir, Florian Philippot a choisi le Caveau de la bière, une modeste taverne de Freyming-Merlebach où s’entassent environ 70 sympathisants. Aucun médias, soigneusement évités localement par l’accro aux chaînes d’infos en continu, à l’exception de L’Express, finalement toléré.
Une tonalité de campagne en mode mineur dans ce bassin houiller lorrain qui a placé le vice-président du FN en première position à l’issue du premier tour des législatives, avec 23,79 % des voix. Mais en position inconfortable car talonné, à 22,01 %, par le candidat de La République en marche (LREM), Christophe Arend. Les suivants, l’ancien député (LR) Pierre Lang (16,32 %) et le « marcheur » dissident Laurent Kleinhentz (14,75 %) ont appelé dès dimanche soir à voter pour LREM.
Peu de réserves de voix sur le papier donc pour Florian Philippot qui n’en fait pas mystère. S’il se réjouit de faire partie des vingt rares circonscriptions où le FN est arrivé en tête dimanche dernier – clin d’oeil à ses détracteurs dont certains n’ont pas passé le premier tour – « ce n’est pas une avance suffisante », lâche-t-il dans le micro grésillant du Caveau de la bière.
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Un enjeu frontalier dont Florian Philippot n’oublie pas de tenir compte lors de sa réunion publique. « Moi, je suis né à 5 kilomètres de la frontière belge. On n’est pas pour fermer les frontières mais en avoir. Est-ce que ça change quelque chose pour vous quand vous allez faire vos courses à Sarrebruck ? », interroge-t-il la salle, tout en se disant pour les classes bilangues. « Nos jeunes, bien sûr qu’on est heureux s’ils trouvent du travail en Allemagne », ajoute-t-il, sans pour autant évoquer la question sensible de l’euro, pierre de discorde interne au Front.
À la fin de son discours, Arthur, un fervent mélenchoniste de 73 ans, va le voir pour lui dire qu’il pourra compter sur sa voix contre Macron. « Mais au FN, il faut revoir le niveau de xénophobie, au moins apparent », lui conseille-t-il. « Il y a des gens [parmi les dirigeants du FN] qui n’entendent que l’euro comme critiques . Moi, j’entends beaucoup cela », rebondit aussitôt Florian Philippot. « Il y a de l’émotionnel en politique. Pourquoi les électeurs fuient ? Ce n’est pas à cause de l’euro. Il nous faut changer d’image. » Un chantier qui, précise-t-il, « n’est pas la dédiabolisation ». « Il faut proposer quelque chose de positif. Macron a réussi à capter cela. Il nous faut monter un front antimondialiste de droite, du centre et de gauche, ouvert aux personnes d’origine étrangère, y compris d’origine algérienne », théorise le fondateur des Patriotes.