Attention, ce coup-ci, encore plus de culture, d’information, et d’indépendance. Et de prélèvements, aussi. C’est la nouveauté de la nouvelle présidence de France Télévisions par rapport aux précédentes. La redevance, ou le tabou de la télé publique.
En France, on n’ose pas y toucher. La preuve, Fleur Pellerin l’augmente de un euro, ce qui est pas assez, ou trop.
On préfère bidouiller sur la pub ou les programmes, ces variables d’ajustement. Sous Sarkozy, France Télévisions (FT) a perdu beaucoup de pub, ce qui n’a pas profité à TF1 mais à M6, la chaîne de toutes les intelligences. TF1, à côté, c’est le CNRS. M6, chaîne suraméricanisée à peine sauvée par quelques productions maison, comme Capital, Enquête exclusive ou Zone interdite. Sous Hollande, on a taillé dans les sureffectifs publics (361 PDV – plans de départs volontaires – en 2014 et 300 en 2013, soit 650 environ depuis 2012), et aussi dans les budgets. Qui n’étaient déjà pas bien épais. Cependant, ce qui grève FT, ce n’est pas vraiment les journalistes ou les techniciens (France 3 a sacrifié beaucoup de ses effectifs d’antenne), mais bien la direction, pléthorique, et aussi le frein au changement qu’on appelle syndicats, sans oublier la bien-pensance, qui foudroie tous les programmes.
Bien-pensance mortelle et gestion déplorable
Les fictions, tournées avec des moyens modestes, regorgent de féminisme, d’antiracisme, de sionisme, de gayisme, de migrantisme, de travelotisme, et autres minoritismes, qui déplaisent généralement au grand public. Non pas qu’il faille faire de FT le réceptacle de toutes les horreurs fascisantes, mais quand même, un peu de réalisme dans ce monde de bobos pleurnichards, ça ne ferait pas de mal. Quand on voit le succès des diffusions des films malpensants de Clint Eastwood… Et encore, sur la fin, le cow-boy se ramollit. Il devient humaniste. Mais non, il faut que FT, cahier des charges non écrit oblige, pour ne pas déplaire au socialo-sionisme du jour, produise des programmes aussi éloignés du réel… Une anesthésie collective doublée de médiocrité qui détourne tout le jeune public du petit écran. Car il règne sur le Net, même s’il n’est pas parfait, une réalité nettement plus vivifiante. Prendre le public pour des écoliers en voulant lui inculquer des idées débiles est possible, mais une telle méthode contient ses propres limites. On en voit aujourd’hui le résultat : TF1, la chaîne du libéralisme sarkozyste, coule tranquillement, et France Télévisions meurt de devoir appliquer sur tous ses écrans la propagande du système. C’est non seulement bête, mais commercialement perdant. Et c’est avec NOTRE argent. Inutile, désagréable, et cher. On se fait entuber trois fois. Et on ne peut rien faire, pour remettre la main sur cet outil, qui nous a complètement échappé. Ne pas regarder la télé, c’est bien, mais c’est aussi l’abandonner à l’Occupant. Il faut la reprendre.
Reprendre la télé à l’Occupant
En attendant un changement de paradigme, il faudra payer 137 euros pour avoir le droit de regarder les programmes Télétubbies du groupe public, et d’écouter les stations lénifiantes de Radio France, avec les leçons quotidiennes du censeur Patrick Cohen. FT et Radio France, deux branches – logiquement, allait-on dire – déficitaires : officiellement de 10M€ pour FT et de 21M€ pour Radio France, chez qui les syndicats ont refusé toute charrette de départs volontaires. Delphine Ernotte, la nouvelle boss du groupe FT, voulait une hausse de quatre euros de la redevance. Finalement, ce sont les fournisseurs d’accès à Internet qui boucheront les trous, avec un relèvement de 30% de leur contribution : la taxe Copé était de 0.9% de leur chiffre d’affaires, elle passe à 1,2%. Le peuple a été épargné, car Hollande ne veut plus de prélèvements (l’année électorale approche). Sauf si les FAI – Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free – répercutent la hausse… ce qui serait un coup à deux bandes de notre président, roi des coups tordus. Un prélèvement indirect, n’est-ce pas. On rappelle que le même Hollande avait promis aux mêmes opérateurs qu’ils ne cracheraient pas au bassinet… Conséquence, Stéphane Richard, le PDG d’Orange, est furax : c’est 100M€ en plus que l’audiovisuel public, décrié, en sureffectifs et mal géré, va engloutir. Le vice, c’est qu’une partie seulement de cette grosse taxe (qui était initialement destinée à combler les 600M€ de manque à gagner de la fin de la pub sur FT après 20 heures) arrive dans les caisses (trouées) de la radio-télé publique. Le groupe Free, lui, préfère ne pas mentir : il annonce déjà en substance qu’il répercutera cette hausse sur sa clientèle.
Hollande a gagné.
Les Français ont perdu.