« Dans ce département situé aux portes de Paris, qui va accueillir 31 stations du Grand Paris Express et les Jeux olympiques de 2024, il y a moins de policiers, moins d’enseignants, de greffiers, de magistrats, de médecins scolaires. Mais aussi plus de rotation des personnels – un agent du ministère de l’intérieur reste en moyenne 2,7 années en Seine-Saint-Denis contre 7 ans dans l’Essonne par exemple –, plus de jeunes fonctionnaires sortis d’école, plus de logements insalubres, plus de postes non pourvus et d’absentéisme – dû à la difficulté des missions. » (Le Monde)
C’est le tarif proposé par notre bon Premier ministre Édouard Philippe pour faire rester un peu les fonctionnaires de la République dans le 93, département le plus sinistré de France.
Xavier Raufer : "Trafics de drogue, vols à main armée, proxénétisme, racket de commerces, terrorisme, antisémitisme, embuscades visant la police, règlements de comptes : 8 cas sur 10 viennent de ces territoires hors de contrôle." #ColloqueRN pic.twitter.com/lCGwqgTVUc
— Rassemblement National (@RNational_off) December 1, 2018
Il est vrai que d’une année sur l’autre, pour les fonctionnaires de l’Éducation nationale par exemple, un cinquième des effectifs se taille de cette prison sociale. La solution imaginée par nos grosses têtes de Matignon, c’est une prime, on allait dire une prime au 9-3. Tu supportes la pauvreté, la violence, la sous-culture et les racailles, et on te file 2000 balles par an.
C’est dur pour les profs, déjà mal payés, et qui ont besoin de fric, comme tout le monde ou presque en France aujourd’hui. Une espèce de chantage politique, car les profs devraient toucher normalement au moins 2000 balles par an de plus.
La mesure économique fait partie d’un arsenal choc dont on sait très bien qu’il finira dans les poubelles de l’histoire de la Banlieue. Tant de milliards ont déjà été injectés dans cette sous-France depuis 40 ans, depuis le début de la désindustrialisation massive, créatrice de chômage de masse, qu’on ne sait plus quoi faire en haut lieu. Alors on achète la paix sociale, mais même ça, ça ne marche pas ! C’est même pire, puisque ça sous-hommise les subventionnés. On l’a vu avec les émeutes programmées de Mantes-la-Jolie qui ont fait des petits :
En d’autres temps, pour désenclaver les régions sibériennes riches en minerais mais pauvres en travailleurs, les dirigeants de l’Union soviétique n’ont pas hésité à multiplier les salaires (il est vrai monstrueusement bas au départ) pour encourager cette migration intérieure.
Las, il a fallu utiliser les prisonniers politiques pour ça, ce sont eux qui ont finalement développé les villes et centres de production de l’Extrême-Orient, creusé des mines, posé des rails, coupé du bois... Leurs ossements en témoignent !
En 2019, en France, même bordélique, on n’en est pas là : les fonctionnaires ne meurent pas au travail sous un froid intense. Mais la pénibilité s’accroît quand on approche du 93, et désormais aussi du 95.
#SeineSaintDenis : le gouvernement va annoncer une prime de fidélité de 10.000€ pour les fonctionnaires qui resteront plus de 5 ans en poste dans le département.
Les détails dans #LaMatinaleLCI pic.twitter.com/1MK5YE7Ul1
— LCI Politique (@LCIPolitique) October 31, 2019
Boulevard Voltaire a interrogé à ce sujet le sénateur du Val d’Oise Sébastien Meurant, qui ne semble pas très d’accord avec la méthode du Premier ministre :
« Édouard Philippe s’est rendu dans le 93 et a fait beaucoup de promesses et notamment beaucoup plus d’argent, alors que des milliards ont déjà été déversés dans ce département pour un résultat discutable. Comment avez-vous accueilli les propos d’Édouard Philippe ?
C’est un pur scandale. Un rapport parlementaire est sorti, l’année dernière, à ce sujet. J’aimerais savoir si le Premier ministre a lu ce rapport. Il souligne que le département du 93 est un département riche. C’est le 3e département en termes de collecte de TVA. Le problème n’est donc pas l’argent. Dans le cadre du Grand Paris, des dizaines de milliards d’investissements y sont déversés, avec des gares, des voies de chemin de fer et des métros. Le prix de l’immobilier explose.
Le problème est d’abord humain. Le 93 est la porte d’entrée d’un bon nombre de malheureux qui viennent du tiers-monde. La loi de la République ne s’applique évidemment pas dans certains quartiers. Certains quartiers sont des territoires oubliés, tout simplement parce que l’État n’y fait pas respecter la loi. Ce n’est donc pas un problème d’argent, mais de volonté d’y faire régner l’ordre et la justice. Tous ceux qui sont élus dans le 93 depuis plusieurs années savent où est le problème. Il suffit d’interroger des fonctionnaires qui se trouvent démunis face à des comportements délictuels ou d’incivilités répétées. Le problème est que la loi de la République ne s’applique pas partout. Pour améliorer la situation, il faut faire appliquer l’ordre républicain. Une fois de plus, on va essayer d’acheter la paix sociale. Or, ce n’est pas durable. Ce n’est pas avec l’argent qu’on règle les problèmes, mais avec la loi et la justice. Édouard Philippe se trompe.
De plus, d’autres départements subissent cette politique. C’est notamment le cas du Val-d’Oise. Ce département vient, par exemple, de perdre un stand de tir pour les Jeux olympiques. Où va-t-il, ce stand, à votre avis ? Évidemment, dans le 93 ! Le 93 capte beaucoup, et à mon avis beaucoup trop, de fonds de l’État. C’est au détriment d’autres territoires. Je parle du 95, mais cela concerne aussi les territoires ruraux ou éloignés de Paris ou des grandes métropoles, les territoires des Gilets jaunes. »
Regardez ce clip de #rap tourné à Evry : des armes partout, 100% injures et gestes obscènes, revendication de trafic de drogue, haine des femmes, menaces de morts, masques, charabia ultra agressif défiant toute autorité.
Faut pas en parler pour pas stigmatiser, hein @JLMelenchon ! pic.twitter.com/02nwNtUZUP— Napoléon (@tprincedelamour) October 31, 2019
Victimisation et antiracisme ont aspiré l’aide française
Effectivement, les élus de banlieue et leurs associations chelous pleurent depuis toujours pour du fric, mais d’autres en ont peut-être plus besoin. La France périphérique, la France paysanne, la France des PMV (petites et moyennes villes) est la grande oubliée de la manne étatico-céleste sur les 40 dernières années. On l’a littéralement laissée crever au bénéfice de la banlieue qui aiguisait tous les appétits électoralistes.
Le Parti socialiste a déversé des tonnes de fric – de notre fric – sur ce réservoir à voix selon l’équation simple je te file du pognon, tu votes pour moi, en oubliant les conséquences à long terme d’un tel subventionnisme. On crée des mauvais réflexes par rapport à la valeur travail, à la valeur récompense, à la valeur tout court. Conséquence de cette trahison sociale grand format, le PS est mort, il ne va par exemple même pas présenter de candidat à la mairie de Toulouse !
« L’information est passée inaperçue. Mais elle est politiquement et symboliquement forte. En octobre dernier, le bureau national du PS a décidé de soutenir une liste pour les municipales à Toulouse.
Autrement dit, pour la première fois depuis 1971, le PS ne va pas investir de candidat. Une vraie rupture dans la vie du Parti socialiste toulousain. Toulouse et le PS entretiennent une relation forte. La ville Rose a hébergé plusieurs congrès importants. Par tradition, les candidats socialistes tiennent leur dernier meeting dans la cité de Jaurès. [...]
Depuis des décennies, Toulouse et la Haute-Garonne sont considérées comme un fief du PS. Les législatives de 2017 et la perte de la quasi totalité des sièges, a déjà marqué un tournant. Les Municipales de 2020 constituent une nouvelle étape dans l’éclipse du Parti socialiste. »
Mais la droite classique n’est pas en meilleure forme : un sondage la donne laminée pour le premier tour de la présidentielle 2022 alors que l’élection verrait une superpolarisation autour du duel Macron/Marine qui totaliseraient plus de 55 % des suffrages à eux deux. Les grandes villes voteront pour Macron, les petites pour Marine. Et les banlieues, et le 93 ? Eh bien ça votera pour le plus offrant, qui finira par les arroser de fric au détriment de la France plus active (le chômage en banlieue est deux à trois supérieur à la moyenne nationale).
« Les chiffres sont là pour le prouver. Et témoignent de la discrimination à tous les étages dont sont victimes les habitants de ces territoires. 40 % de la population de ces quartiers "politique de la ville" vivent dans la "pauvreté". Contre 16 % dans l’ensemble de la population. 25 % sont au chômage, soit 15 points de plus que la moyenne nationale. Et 45 % pour les jeunes de moins de 25 ans (20 points de plus que la moyenne). En outre, 44 % sont inactifs, soit 20 points de plus que dans la moyenne nationale. » (Challenges)
Le Système perdurera, et les banlieues continueront de s’enfoncer dans l’autodestruction.
Ce que l'on sait de l'incendie dans une école primaire et un collège de Béziers pic.twitter.com/AK5xRH7deL
— BFMTV (@BFMTV) November 1, 2019
Heureusement, le plan Philippe prévoit 100 officiers de police judiciaire supplémentaires sur 2 ans, soit 50 par an. Du fric et des flics, à défaut d’une politique.