Les attaques terroristes de 2015 ont relancé les embauches de la Défense et suscité des vocations. Avec 26 000 postes supplémentaires attendus cette année, c’est tout un mode de recrutement qu’il a fallu repenser.
Dans le classement 2016 des plus gros recruteurs de France, c’est le lauréat que l’on n’attendait pas. Et pourtant : avec 26 000 recrutements prévus cette année, le ministère de la Défense figure sur la troisième marche du podium, à quelques encablures des « usual suspects », Carrefour et McDonald’s. Forte des arbitrages post-attentats de François Hollande (17 500 suppressions de postes annulées), la pompe à embauches est repartie de plus belle : l’armée de terre prévoit 16 500 recrutements en 2016, la marine 3 600, et l’armée de l’air 2 300, chiffres auxquels il faut ajouter 3 000 personnels civils. « La moyenne de recrutements annuels de la Défense depuis 2008 tournait autour de 16 500 personnes, rappelle le vice-amiral Philippe Hello, directeur adjoint des ressources humaines du ministère de la Défense. Atteindre 26 000 recrutements cette année est un défi, pour lequel il faut se mettre en ordre de bataille. »
Certes, les armées peuvent compter sur un « effet Charlie », qui s’est confirmé après les attentats du 13 novembre. « À côté des motivations traditionnelles des jeunes, comme l’émancipation économique ou la perspective d’un changement de vie, on a vu apparaître un besoin de donner un sens à sa vie, au service de la collectivité », détaille le général Thierry Marchand, directeur du recrutement de l’armée de terre, « le sergent recruteur », comme il se présente lui-même dans un sourire. De 200 à 300 candidatures par jour, le site Internet de recrutement de l’armée de terre, Sengager.fr, a ainsi connu des pointes à 1 500 par jour après le 13 novembre. « La tendance se poursuit, souligne le général Marchand. Contrairement à ce que j’entends trop souvent, nous avons une belle jeunesse, volontaire, généreuse, engagée. »
Mais mener à bien ces recrutements n’a rien d’une sinécure. L’armée recrute sur plus de 400 métiers – du cuistot à l’atomicien sur sous-marin nucléaire en passant par les météorologues, les pompiers et les crypto-mathématiciens pour la DGSE. La palette étant ultra-large, quelques profils sont difficiles à dénicher. « Certaines spécialités sont sous tension, comme la maintenance aéronautique ou la mécanique, où la concurrence est rude avec les entreprises du privé », souligne le capitaine de vaisseau Xavier de Véricourt, chef du service de recrutement de la marine.
Opération séduction
La quête des bons profils n’est guère plus facile du côté des militaires du rang, qui représentent 14 000 des 16 500 recrutements prévus dans l’armée de terre. Sur son « vivier » prioritaire, les jeunes hommes d’une vingtaine d’années qui ne poursuivent pas leurs études, celle-ci se retrouve en concurrence avec l’intérim, les emplois aidés, mais aussi avec d’autres recruteurs de l’État (police, gendarmerie, administration pénitentiaire)… et les autres armées.