Camille, 18 ans, voulait être sage-femme. A la suite des attaques terroristes, elle a décidé, comme beaucoup d’autres, de s’engager dans l’armée. Au JDD, elle raconte ses motivations.
En quelques mois, la France a subi plusieurs attaques sur son territoire. La mort d’innocents a installé dans les esprits un climat d’insécurité. En réaction à cette peur et à ce pessimisme croissant, le nombre de Français cherchant à intégrer l’armée a augmenté : avant les attentats les centres de recrutement enregistraient environ 500 prises de contact quotidiennes, le chiffre a triplé au cours des deux dernières semaines. Camille fait partie de ces jeunes. Le JDD a recueilli son témoignage.
« Je m’appelle Camille et j’ai 18 ans. J’ai grandi à Guivry, en Picardie, avec mes deux frères et mes quatre sœurs. »
"Le sujet est un peu tabou"
« J’avais six ans quand ma petite sœur est née, et à partir de ce moment j’ai su que je voulais être sage-femme. Comme cette idée ne m’avait jamais vraiment quittée, après mon bac STSS, je me suis orientée vers des études de médecine. Je n’ai pas tout de suite voulu aller à la fac, on m’avait dit que la première année était vraiment très difficile, alors je me suis inscrite en prépa à Orsay, près de Paris. »
« Lors des forums sur l’orientation j’ai souvent visité les stands des militaires »
« J’aurais probablement continué dans cette voie s’il n’y avait pas eu de 7 janvier ou de 13 novembre. Mais quelque chose a changé en moi, je ne pouvais pas continuer comme ça.
Je ne vais pas vous dire que l’idée d’intégrer l’armée est née avec les attentats. Depuis un an, j’y réfléchis. Lors des forums sur l’orientation, j’ai souvent visité les stands des militaires, mais il n’y avait rien de vraiment concret derrière tout ça. D’ailleurs, j’essaie de ne pas trop en parler chez moi, où le sujet est un peu tabou. »
« Parfois, j’ai même eu honte de mon pays »
« Je suis très proche de ma mère, et dans un sens, c’est elle qui a créé chez moi le désir de devenir militaire. Elle s’en voudrait que je dise ça, parce que même si elle s’inquiète de l’avenir de notre pays, elle n’est pas prête pour autant à me voir revêtir l’uniforme kaki. »