Alors que les séparations dégradent fortement les conditions de logement, des mères seules choisissent la colocation pour lutter contre l’isolement et la précarité. À Château-Thierry, c’est le cas de Leslie, Céline et Sigrid, dont les enfants vivent dans une grande maison avec un jardin.
Unir leurs forces pour que le quotidien soit moins difficile. Voilà ce qu’ont décidé trois mères célibataires de Château-Thierry (Aisne) que la vie n’a pas épargnées. Depuis cet été, Leslie, Céline et Sigrid, séparées de leur conjoint avec un enfant à charge, se sont installées en colocation dans une grande maison des hauteurs de la ville. Manière de défier le destin et de se reconstruire ensemble.
On le sait, les séparations et les divorces dégradent les conditions de vie. Une étude de la Drees (direction de la recherche et des études des ministères du travail et des affaires sociales), publiée début janvier 2016, souligne que les familles monoparentales « sont davantage confrontées au surpeuplement que les autres » et « résident plus souvent (…) dans un logement collectif ancien et comportant des défauts importants ».
C’est bien ce qui menaçait ces femmes, qui ont pourtant toutes un emploi, avant que l’idée de la colocation n’émerge. « Avec mon salaire, je pouvais espérer un petit appartement avec une seule chambre que j’aurais laissée à mon fils de trois ans », explique Leslie, une brindille de 31 ans qui virevolte en préparant le déjeuner avant de retourner travailler.
Employée dans un magasin de bricolage, la jeune femme touche environ 1 200 € par mois. Soit le même salaire que Céline, 38 ans, éducatrice spécialisée dans une maison de retraite médicalisée. Et à peine plus que Sigrid, surveillante et animatrice dans un établissement scolaire.
« Quand on se sépare, on a une grosse pression sur les épaules, on a peur de couler »
C’est en consultant les annonces d’une agence immobilière que Leslie a eu le déclic. « Je voyais de grandes maisons louées pour moins de 1 000 €… À trois, cela devenait vraiment intéressant ». La jeune mère, qui avait dû retourner vivre chez ses parents, convainc ses deux amies de se lancer dans l’aventure et trouve une offre idéale : 180 m2 et six chambres pour… 790 €.
« Je leur ai dit : on ne peut pas laisser passer ça ! », se souvient Leslie. Au 1er juillet 2015, les trois femmes posent leurs cartons dans cette solide bâtisse picarde tandis que leurs enfants, Célia et Reynald, 3 ans, et Oulyan, 7 ans, découvrent leur nouvelle chambre et les joies du jardin.