Dominique Strauss-Kahn a publié vendredi 13 avril [2018] une note intitulée « Zone franc, pour une émancipation au bénéfice de tous », dans laquelle il expose ses propositions de réforme du Franc CFA. L’ancien directeur-général du FMI – qui conseille dorénavant des gouvernements, et notamment le Congo-Brazzaville comme le révélait en août 2017 l’hebdomadaire français Challenges – souligne la bonne performance de la Zone franc au niveau macroéconomique, grâce à la garantie dont elle bénéficie. Mais il estime que « le problème politique devient de plus en plus sensible comme l’ont montré les protestations de l’été 2017 ».
Des limites de la Zone Franc
« Les choix monétaires ont une dimension technique incontournable. Mais ils procèdent toujours, par ailleurs, d’un choix politique », écrit DSK. « Le caractère inexprimé du lien politique ne peut que favoriser un doute identitaire au sein d’une Afrique dont le rapport au passé colonial est particulièrement complexe et difficile à expliquer. »
En plus de « certains aspects pratiques [qui] nourrissent en Afrique le soupçon de néo-colonialisme » – dénomination « franc », dépôt des réserves auprès du Trésor français –, la Zone franc présente plusieurs défauts « qui en limitent les potentiels bienfaits », note l’ancien directeur-général du FMI. Il pointe notamment la quasi-impossibilité de modifier la parité et l’absence de dissociation entre les régions d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.
« La France assume, seule, un risque financier non rémunéré, pour lequel l’opinion africaine ne lui accorde guère de crédit »
De même, « la détention de réserves africaines, […] ne représente pas l’avantage que certains imaginent ». Ainsi « la France assume, seule, un risque financier non rémunéré, pour lequel l’opinion africaine ne lui accorde guère de crédit et dont le bénéfice commercial est partagé avec toute la zone euro », juge l’ancien ministre français de l’Économie. « L’avantage tiré de la parité fixe CFA-euro s’étend aux autres pays de la zone euro (qui ne participent à la couverture du risque », écrit-il encore.
[...]
Une réforme en profondeur du Franc CFA
[...]
En conséquence, Dominique Strauss-Khan recommande une réforme plus en profondeur de la Zone franc. Il propose notamment la réattribution des sièges de la France au sein des instances des banques centrales africaines à des administrateurs internationaux indépendants, l’ancrage à un panier de monnaie plutôt qu’à l’euro, une meilleure coordination économique des économies de la région et un processus d’élargissement de l’Uemoa, notamment au Ghana.