Voilà encore une chose qui avait fait polémique – et pas la moindre –, dans cette invraisemblable affaire d’Outreau : les expertises psychologiques des enfants victimes. Experte expérimentée auprès de la cour d’appel de Douai, Marie-Christine Gryson-Dejehansart avait provoqué la colère des avocats de la défense et avait dû interrompre ses dépositions au beau milieu du procès de Saint-Omer, en 2004. Le président Jean-Claude Monier avait alors demandé d’autres expertises à Mme Brigitte Bonnafé, autre experte d’expérience. Les deux femmes sont donc venues témoigner à Rennes ce vendredi matin.
C’est toute la question de la parole de l’enfant, qui se joue ici. Faut-il le croire systématiquement sur parole ou pas, dès lors qu’il a été victime ? Est-il susceptible d’en ajouter au récit de souffrance ? Les réponses ne semblent pas couler de source pour tout le monde.
Mme Gryson-Dejehansart ne remet pas en cause ce qu’elle a entendu de la part des enfants Delay dans son cabinet. Contrairement à l’interrogatoire par les officiers de police, dit-elle, « à l’examen psychologique, l’enfant a lâché ses défenses, il est totalement en sécurité », donc il dit la vérité. Et la psychologue clinicienne d’Aire-sur-la-Lys insiste : « Ça vient comme ça ! »
Donc, il faut le prendre « comme ça », c’est la vérité, il n’y a pas à y revenir. C’est le propos liminaire de son intervention. On sait ce qu’il en est : à l’époque les enfants ont accusé tout un tas de gens – pas forcément les mêmes que pendant l’enquête- et notamment ceux qui ont été acquittés. « Mais loin de moi l’idée de remettre en cause les verdicts de cour d’assises », dit Mme Gryson-Dejehansart. Elle est prudente : c’est interdit.