Voilà, le procès de Rennes a démarré. J’avais dénoncé la propagande qui se mettait déjà en place avant l’ouverture des débats. Après une semaine, le constat est triste : la plupart des médias ne font que reproduire fidèlement l’argumentaire fallacieux des avocats de la défense. Pire : ils passent sous silence des éléments essentiels à la compréhension de ce procès et de ce qui s’y déroule. Le parti pris est criant et la déontologie largement piétinée.
Pour mieux faire le tour de la question de cette manipulation des masses, tout comme lors des premiers procès d’Outreau, on va examiner quelques éléments clés de cette stratégie. Le but est de pousser les français à s’identifier à Daniel Legrand et pas aux victimes, et d’éviter au maximum de parler du fond du dossier.
1. Daniel Legrand, LA victime
Jusqu’à ce que Jonthan et Chérif Delay témoignent de ce qu’ils ont vécu, et rappellent que selon eux, « Daniel Legrand était là » lors de scènes de viols collectifs, Chérif ayant même précisé que dans ses souvenirs, Daniel Legrand a été victime deux fois et agresseur une fois, les médias unanimes nous présentaient Daniel Legrand comme la seule et unique victime de cette affaire. Il n’y avait tout simplement pas de place pour les victimes.
On a eu droit à moult reportages sur le terrain de foot de Wimereux, à sa complainte sur sa « carrière » brisée (ce qui ne laisse pas d’étonner quand on connait sa consommation de stupéfiants à l’époque où il dit avoir été un espoir du foot français), à des tirades larmoyantes sur son lourd traitement contre ses « hallucinations », mais aussi contre sa dépendance à l’héroïne (qu’il a niée au procès), au détail de sa vie misérable, entre son écran d’ordinateur et sa télé. Avant que les enfants Delay ne livrent des témoignages bouversants et d’une sincérité absolue, tout l’espace médiatique était réservé à Daniel Legrand et à sa terrible histoire d’acquitté.
C’est seulement le vendredi 15 mai sur France Inter que Dupond Moretti, l’un des six avocats de Daniel Legrand, a pour la première fois évoqué les 12 enfants reconnus comme victimes. Car en effet, pendant 10 ans et jusqu’à ce vendredi, de victimes il n’a jamais été question.