Alain Soral est à nouveau poursuivi devant la 17ème pour contestation de crimes contre l’humanité, mais cette fois c’est pour les écrits de Damien Viguier, son avocat : des conclusions publiées sur le site d’E&R. Étant poursuivi également, Maître Viguier ne pourra donc pas assister son client dans cette affaire. Les conclusions incriminées avaient été prises pour la défense du pastiche de Charlie Hebdo, « Shoah où t’es ? », en réponse aux arguments de la LICRA qui voyait dans savon, cheveux, chaussures et abat-jours « les symboles de la Shoah ».
Je suis personnellement poursuivi du chef de contestation de l’existence de crimes contre l’humanité, pour un extrait de conclusions qui avaient été publiées sur le site d’Égalité & Réconciliation. Je ne sais pas ce qui m’est reproché exactement ; on trouvera ci-dessous le passage extrait de mes conclusions qui figure dans la citation. L’écrivain Alain Soral est mon co-prévenu, poursuivi lui aussi pour mon écrit, puisqu’il est tenu pour directeur de la publication du même site.
J’avais déposé ces conclusions devant la cour d’appel de Paris précisément pour la défense d’Alain Soral, au sujet d’un dessin publié sur le site d’E&R. Intitulé « Shoah où t’es ? », ce dessin représentait, en Une d’un fictif Chupztah Hebdo, Charlie Chaplin entouré d’une savonnette, d’un abat-jour, d’une chevelure et d’un soulier de cuir, posant la question « Shoah où t’es ? », avec en titre « historiens déboussolés ». Il s’agissait d’un pastiche de la Une de Charlie Hebdo parue juste après les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 et représentant le chanteur d’origine rwandaise Stromae, orphelin d’un père mort durant le conflit et auteur de la chanson « Papa où t’es ? », situé au beau milieu de membres décharnés et demandant précisément « Papa où t’es ? ». Cette affaire est actuellement devant la cour de cassation.
Chaussure et cheveux font référence aux lieux de mémoire organisés comme des lieux de pèlerinage. On y met en scène des amoncellements de ces objets, afin de frapper les imaginations. Au Musée de l’Holocauste à Washington la légende du tas de chaussure dit : « We are the last witnesses ». La coupe des cheveux se pratique dans tous les lieux de concentration et s’explique par l’hygiène, sans laquelle les parasites et la vermine tels les poux prolifèrent, véhicules de virus comme le typhus, synonymes de maladie et de mort. Sur l’histoire de ces cheveux, lire Robert Faurisson, « Les cheveux d’Auschwitz ». La récupération des chaussures est normale : en temps de pénurie tout est recyclé. Savon et abat-jour font référence à la propagande de guerre. Au procès de Nuremberg les ennemis de l’Allemagne vaincue sont allés jusqu’à accuser les Allemands d’avoir produit du savon avec de la graisse de juif, et d’avoir confectionné un abat jour de peau juive. En fait de peau, il s’agissait de cuir de chèvre ou maroquin (expertise demandée par le Général Lucius Clay) ; quant au savon, lire Robert Faurisson, « Le savon juif ». Et Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, page 837, note 27 : « La rumeur relative au savon semble avoir été particulièrement insistante. (…) La rumeur du savon se perpétua même après la guerre. Des savonnettes, qui auraient été confectionnées avec la graisse de Juifs morts, sont conservées en Israël et par Yivo Institute de New York. » Georges Wellers voyait dans le savon « le produit d’une lugubre imagination sans aucun fondement, née au milieu des horreurs des camps ».
Une audience relais est prévue devant la XVIIème chambre correctionnelle, au nouveau Palais de Justice de Paris, le 12 septembre prochain à 13h30 (j’y serai par nécessité professionnelle, ayant ce jour-là à assister un client). Et le 7 novembre auront lieu les plaidoiries.
Damien Viguier, avocat ou délinquant ?
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