La récente polémique suscitée par la présence de Marine Le Pen dans Des Paroles et des actes a réveillé l’éternel débat : donne-t-on trop la parole au FN sur les plateaux ? La Belgique, elle, a déjà une solution.
Après divers rebondissements, Marine Le Pen a finalement annulé sa participation à Des paroles et des actes sur France 2, cette semaine. La relation complexe du Front national avec les médias a permis de remettre sur le devant de la scène l’éternel débat du temps de parole de ce parti politique. Parmi les lecteurs du Figaro, 69% pensent que le Front national n’est pas trop présent à la télévision. Qu’en est-il chez nos voisins belges ?
Ce pays, lui, a déjà tranché sur la représentation médiatique de l’extrême droite : la télévision francophone publique s’interdit de fournir une tribune d’expression à ce parti politique en raison des valeurs qu’ils véhiculent.
Dominique d’Olne, chef des rédactions radio et directeur de l’information de la RTBF, s’est expliqué auprès de Public Sénat : « On peut dire que nous considérons que le Front national de Marine Le Pen rentre dans cette catégorie des partis qui prônent des valeurs non démocratiques. […] Les notions de racisme et de xénophobie sont poursuivies par des lois spécifiques en Belgique. Par exemple, des partis qui prônent la discrimination à l’égard de personnes d’origine étrangère sont sous le coup de cette législation, donc sont considérées comme prônant des valeurs non démocratiques.[…] Nous n’invitons pas [ces partis] dans nos débats, nous ne les interviewons pas en direct, nous ne leur donnons pas non plus de tribunes pré-électorales. Par contre, nous sommes journalistes, donc nous ne nous interdisons pas de faire des reportages sur eux ou de faire des interviews en différées. »
« Nous considérons que le Front national de Marine Le Pen prône des valeurs non démocratiques »
Cette règle appelée « cordon sanitaire médiatique » est née d’un constat au sein de la RTBF : « Nous nous sommes rendu compte qu’à force de donner de la visibilité à ces partis, on arrivait à leur renforcement sur la scène politique.[…] La loi « pacte culturel » de 1973 nous dit que le service public ne peut pas servir de tribune d’expression pour les partis porteurs de [ces] valeurs non démocratiques », a ainsi justifié D’Olne.
À noter que si l’on parle ici de la télévision publique (en Belgique francophone), les règles sont les mêmes pour la télévision privée puisque RTL applique également le pacte culturel. En Flandre, les mesures sont différentes : l’extrême droite a droit à la parole, même dans les débats.