Donner la parole aux victimes du sexisme ordinaire, c’est le but des nombreux comptes calqués sur « Paye ta schnek ». Ce dernier épinglait les remarques sexistes subies par les femmes au quotidien dans l’espace public. Les nombreux témoignages ont révélé le besoin de crever l’abcès, et donné naissance à plusieurs variantes : « Paye ton taff » dédié aux remarques déplacées au travail, « Paye ta blouse » pour le milieu hospitalier, « Paye ta fac », « Paye ton journal », « Paye ton sport »… Le petit dernier, « Paye ton couple » vise à dénoncer les violences verbales et physiques vécues au sein du couple.
Un nouveau compte à prendre cette fois avec du recul. Les sentiments amoureux, parfois violents et irraisonnés, sont à distinguer des violences conjugales.
Les relations toxiques révélées au grand jour
Le Tumblr « Paye ton couple » alimenté depuis le 6 janvier, est un recueil de : « témoignages de sexisme et de violence verbale dans toute relation amoureuse ou sexuelle, y compris au sein du couple ». Si la majorité des témoignages sont féminins, on peut lire aussi certaines expériences difficiles vécues par des hommes Le compte précise d’ailleurs qu’il est « ouvert à tous les témoignages et ne se veut pas cis/hétéro-centré ».
Les posts, parfois très violents, mettent en lumière harcèlement, rabaissement, jalousie excessive, mais aussi la difficulté des victimes à prendre conscience de la situation et à fuir ce compagnon toxique.
— PayeTonCouple (@PayeTonCouple) 16 janvier 2017
— PayeTonCouple (@PayeTonCouple) 15 janvier 2017
Un Tumblr à prendre avec du recul
Étendre le concept de « Paye ta schnek » à la sphère intime, une bonne idée ? D’après Camille Emmanuelle, journaliste spécialisée dans les questions de sexualité, il est important de prendre du recul, comme le montre son billet d’humeur publié sur sa page Facebook :
« Attention, quand la violence verbale est répétée, ou systématique, dans un couple, c’est de la violence conjugale. Mais sinon, la colère, ça arrive, et les mots qui dépassent la pensée, ça arrive aussi. Je me suis faite traiter de connasse, de blondasse, de pute, de salope, par des ex, lors de violentes disputes ou de séparations. Et je les ai traités de petites bites, de fils-à-maman crétins, d’ados puceaux, ou de connard prétentieux qui n’arrivera à rien dans la vie et qui finira tout seul avec son plat surgelé (non non, je ne citerai pas de nom). (…) C’est con, j’ai été conne, ils ont été cons, mais ce n’est pas punissable par la loi (comme doit l’être le sexisme au travail, dans la rue, à la fac, etc)
Dénoncer la violence sexiste dans l’espace public est essentiel. Dénoncer la violence conjugale aussi. Mais dans le cadre de l’intime, au cœur même de l’amour ou de l’affect, il y a parfois de la colère. Et ce n’est pas du sexisme. À force de crier au sexisme partout, on ne le combattra nulle part. »