Est-ce comme l’indiquent Le Monde et Le Parisien parce que l’arrivée de Patrick Cohen risquait de faire perdre des auditeurs à France Inter au profit de Franceinfo ? Est-ce comme le laisse entendre Patrick Cohen lui-même une « vendetta » (« je suis victime d’une vendetta » dit-il) parce qu’il ne lui a jamais été pardonné d’avoir quitté France Inter pour Europe 1 en 2017 ?
La SDJ de Franceinfo espère que ce journaliste de talent n’a pas été écarté parce qu’il était « trop bon » pour l’antenne de Franceinfo ou pour des raisons de vengeance personnelle lors d’une « implacable guerre interne ». Ce serait méprisant pour tout le personnel de Franceinfo et contraire à l’intérêt de la station. (Ozap)
La matinale en radio, c’est le Graal : audience maximale, annonceurs argentés, place dans la lumière pour l’animateur et ses chroniqueurs. Dans le SPA, c’est un peu bouché : sur France Inter, le couple Salamé-Demorand fait la loi ; mais sur France Info (que les fonctionnaires écrivent Franceinfo), il restait une place à prendre, et Patrick, qui avait quitté France Inter en 2017 pour se planter sur Europe 1 et revenir dans la maison publique, lorgnait sur le siège en or.
Car Jean-Philippe Baille, le directeur de la station (de Franceinfo, donc) lui avait promis la place du chef, du fait du départ de Marc Fauvelle pour diriger la rédaction de France Inter. Ceux qui suivent savent que le navire amiral de la radio publique a changé de patronne, avec l’arrivée de madame Enthoven, dite aussi Adèle Van Reeth. C’est une forme de recentrage politique et de neutralisation des propos gauchisants anti-Macron de la bande à Charline, qui se moquait certes du RN et de Marine, comme il se doit, mais qui penchait trop du côté de Mélenchon (Guillaume Meurice y est très engagé).
Cette valse des postes devait profiter à Patrick Liste Noire, qui piaffait d’impatience de retrouver « sa » matinale, enfin, en deuxième division, parce que la première, avec Salamé-Glucksmann, c’est chasse gardée. Vous nous direz, Salamé-Glucksmann, Enthoven-Reeth, Liste Noire Cohen, c’est bonnet blanc/blanc de poulet. Pour nous oui, mais pas pour eux, qui s’écharpent en famille pour des postes juteux.
La proposition de remettre le Cohen en selle par Baille a été validée par Sibyle Veil, qui, elle, dirige toutes les stations du pool Radio France. La seule, écrit Le Monde, qui n’avait pas encore donné son avis, c’est Laurence Bloch, l’ex-patronne de France Inter (donc avant la Reeth), qui avait été très déçue, voire trahie, par le départ de Patrick pour Europe 1, radio privée qui payait mieux. Bolloré voulait muscler son jeu et remonter les audiences de sa nouvelle acquisition.
Le prétexte trouvé par la direction de Radio France pour évincer PLNC (Patrick Liste Noire Cohen) est savoureux :
« Plusieurs réunions se sont tenues cette semaine, où toutes les options pour cette tranche ont été discutées. Patrick Cohen a un profil très proche de France Inter, où il est passé. Mais nous avons décidé de privilégier une personnalité qui incarnera Franceinfo de manière plus singulière. »
Officiellement, le retour de PLNC a été freiné, puis bloqué, pour la raison suivante : cela aurait pu faire perdre 500 000 auditeurs à la matinale de Salamé-Demorand, alors en concurrence interne. Dans un groupe, on appelle ça une canniballisation. Genre Patrick est trop fort, trop pro, trop bon. Nous dirons, en des termes plus prosaïques, que le sandwich Glucksmann-Enthoven a éjecté la saucisse Patrick.
Devant ce front du refus, vexé comme un pou, PLNC a décidé de quitter définitivement Radio France, et son émission culturelle sur France Culture, qui n’a de culture que le nom. Quand on connaît un peu Patrick, et ce qui l’anime, c’est plutôt marrant de savoir qu’il a appelé cette hebdo du dimanche L’Esprit public !
Moralité : celui qui vit par la communauté meurt par la communauté.
L’éviction de PLNC a donné lieu à des échanges hilarants sur Twitter. Les propos tenus en commentaires ne regardent que leurs auteurs, évidemment. Nous ne faisons que notre travail d’humbles journalistes.
Il en a encore un peu dans les cheveux et le coin de la bouche, quel dommage de se passer du meilleur suceur de la profession ! pic.twitter.com/95g8MU3IpA
— Touraud Stephane (@TouraudS) May 27, 2023
En France, pour intoxiquer le grand public, on dispose de Radio France, la radio de la Kommandantur, avec ses deux flèches de désinformation, France Inter et France Info. Au Rwanda, il y avait Radio Mille collines. BHL a raison, les mots peuvent tuer.
#France #Paris #JulianAssange #Wikileaks #Macron #Rwanda #Ukraine
Les journalistes peuvent être eux aussi des criminels de guerre au même titre que les dirigeants ou les soldats. Mais ils se cachent derrière leur carte et se considèrent intouchables et au-dessus des lois.… https://t.co/hkDZiHJoK2 pic.twitter.com/zve5D2pU0t— L'Aile à Stick (@aileastick1) May 27, 2023
Donc au SPA français de faire attention, et de produire une information plus nuancée, moins uniforme, moins monopolistique, histoire de respecter le pluralisme qui figure dans la charte du service public.
Pour mémoire, le procès du Pr Raoult par le juge PLNC en mai 2020
Patrick Cohen dans ses œuvres...
Ces gens n'ont ni pudeur, ni scrupule, ni sincérité, ni même intelligence. Mais ruse et duplicité à foison.
Obsédés par le pouvoir et leur propre image, ils sont prêts à tous les mensonges, à toutes les bassesses...https://t.co/ZBajlGgx8K— Michel Jean-Dominique (@MichelJeanDomi1) May 29, 2023