Mardi soir, Nétanyahou a coupé le son de la chaîne de télé et de la radio d’État. Elles seront remplacées lundi prochain par des antennes qui ne diffuseront pas d’informations.
Sans préavis, la première chaîne de la télévision publique israélienne, l’équivalent de France 2, a définitivement cessé d’émettre mardi soir. En pleurs, Geoula Cohen, la présentatrice de Mabat (le journal télévisé de 20 heures), a lu le communiqué officiel informant les téléspectateurs qu’ils ne verraient plus que des vieux clips dès la fin de son émission. Au même moment, Kol Israël, la France Inter de l’État hébreu, annonçait que ses programmes prendraient fin le lendemain, et que la radio publique ne diffuserait plus que de la musique, entrecoupée d’un petit bulletin d’information à chaque top horaire.
C’est donc de manière aussi inattendue que violente que se sont éteintes les voix de la Rechout Hachidour, la radiotélévision publique israélienne, dont Benyamin Nétanyahou et ses ministres voulaient la peau. « Pour la réformer », selon leur entourage. « Parce qu’ils la trouvaient persifleuse, incisive et indocile », rétorquent les syndicats de journalistes. En lieu et place de l’institution défunte apparaîtra une nouvelle structure censée prendre l’antenne à partir de lundi. Mais ces radios et chaînes de télé ne diffuseront pas d’informations. Elles seront traitées par un nouvel organisme aux contours extrêmement flous. Tout ce que l’on sait, c’est que le gouvernement y aura des représentants. Au cœur de Tel-Aviv, à proximité de l’état-major de l’armée et du centre commercial Sarona, on pouvait croiser mercredi après-midi d’anciens techniciens et présentateurs de la Rechout Hachidour en état de choc. Certains tournaient en rond dans le jardin public, d’autres étaient attablés face à un café déjà froid.
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Si Nétanyahou a publié un communiqué déplorant la brutalité employée pour en finir avec la Rechout Hachidour, le Premier ministre ne cache pas l’aversion que lui inspirent les journalistes en général, et les programmes d’investigation en particulier. Quant à la ministre de la Culture, Miri Regev (Likoud), elle s’est prononcée en faveur du contrôle de l’audiovisuel public par le pouvoir, à l’occasion d’une réunion organisée par son parti. Une ligne proche de celle du député David Bitan, coordinateur des partis de la majorité à la Knesset, pour qui « les journalistes bénéficient de trop de libertés dans le pays ».