Présentons les deux débatteurs du jour, en fait de 2015, mais l’opposition des styles est intéressante. D’un côté on a Meyer Habib, ex-député des Français de l’étranger (pour le Proche-Orient), de l’autre Beligh Nabli.
Beligh Nabli est docteur en droit public, professeur de droit public à l’UPEC-Paris XII et enseignant à l’École des mines de Paris. Il est diplômé de l’Institut des hautes études internationales (IHEI) de l’université Paris II Assas ainsi que de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Expert en droit public, droit européen et droit international, les travaux de Beligh Nabli portent tout particulièrement sur l’intégration européenne et les relations internationales, notamment en lien avec le monde arabe. Il est également cofondateur de Chronik et ancien directeur de recherche à l’IRIS. (Source)
Il est évidemment question du conflit israélo-palestinien. À notre gauche, un politique qui se fonde sur un ouvrage de fiction ethnico-religieux, de l’autre un universitaire qui se fonde sur le droit international.
Habib : Y a eu la guerre de 67, et c’est uniquement en 67 que y a eu cette question de territoires.
Nabli : Quelle question de territoires ?
Habib : Israël a libéré certains territoires. En 67.
Nabli : Vous avez un problème... Y a eu l’annexion de Jérusalem-Est, l’annexion du Golan, l’annexion de Gaza ! À part la Bible vous avez pas d’autre connaissances ?
"Vous me parlez de la bible, je vous parle de droit international"
Béligh Nabli face à Meyer Habib pic.twitter.com/Z6Pbc08d4y— Debunker NEWS (@debunker_news) November 30, 2024
Une décennie après cet échange, le pouvoir israélien est en train de réannexer complètement Gaza, après l’avoir « redonné » aux Palestiniens, puis le Sud-Liban, après avoir rasé ces deux territoires. Sous le prétexte, comme toujours, de la sacro-sainte sécurité des habitants d’Israël à ces frontières, qui ne sont pas des habitants classiques mais des colons, c’est-à-dire des usurpateurs au sens du droit international.
Pour avaler ces nouveaux territoires, l’entité israélienne massacre directement leurs habitants, s’ils restent dans leurs villages. Ils sont alors considérés comme des terroristes. Sinon, c’est le nettoyage ethnique, la déportation forcée.
Du côté français, la mainmise israéliste sur les médias empêche le grand public de prendre la mesure de ce crime de masse, mais les murs de la censure ou du contrôle de l’information fuitent de toutes parts. Les hommes politiques ont du mal à passer dans l’opposition, pas celle factice des partis face à l’exécutif, mais celle qui tient tête au pouvoir profond. La première opposition est théâtrale, la seconde comporte des risques.
Aujourd’hui, seule La France insoumise refuse le mensonge médiatique, qui fait consensus partout ailleurs, et dénonce le crime des crimes, l’extermination de femmes et d’enfants sous prétexte d’antiterrorisme. Ses membres sont attaqués, criminalisés. Heureusement, ils bénéficient de leur assise populaire et de leur semi-impunité de députés. Tous, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont compris que leur carrière dépendait de la question israélienne, pour ne pas dire de la question juive. Alors ils se contorsionnent. Et ça donne Ruffin, pourtant issu de l’écurie Mélenchon.
"Pourquoi vous ne parlez pas de génocide pour ce qu'il se passe à Gaza ?" @Francois_Ruffin répond à @sco_lumi sur le plateau de "Ça ira !"
L'entretien en intégralité https://t.co/Kt0LpmgQ8T pic.twitter.com/eAfaZllmRf
— L'Humanité (@humanite_fr) November 29, 2024
On appelle ça donner des gages. Quand on rêve du pouvoir, que ce soit à l’Élysée ou à Matignon, il faut répondre correctement à la question israélienne, la QI.
La valise ou le cercueil
Il y a aujourd’hui un ministre de Netanyahou qui dit la vérité, au milieu des cris de la gauche locale, qui n’a aucun poids face au pouvoir militaro-religieux. Le Figaro nous livre, à travers les déclarations de Smotrich, la nouvelle définition du génocide : au cas où elle refuse de « se déplacer », c’est exterminer plus de la moitié de la population. En deçà, « on » a le droit.
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a affirmé qu’Israël devrait « conquérir » la bande de Gaza et réduire de moitié la population palestinienne locale par « une émigration volontaire ». S’exprimant lundi soir lors d’un colloque organisé par le Conseil de Yesha, organisme représentant les colons de Cisjordanie occupée, M. Smotrich a déclaré « qu’on peut et on doit conquérir la bande de Gaza, il ne faut pas avoir peur de ce mot ».
« Il ne fait aucun doute qu’à Gaza, avec l’encouragement d’une émigration volontaire, il existe ici, selon moi, une opportunité unique qui s’ouvre avec la nouvelle administration (Trump) », a ajouté le ministre, à la tête du parti d’extrême droite « Sionisme religieux ». « On peut créer une situation dans laquelle, d’ici deux ans, la population de Gaza sera réduite de moitié ».
Il y a donc un génocide autorisé, et un génocide non autorisé. Il faudrait donc recalculer tous les génocides du passé pour voir s’ils ont bien dépassé la moitié des populations visées.