On peut tuer des dizaines de milliers de civils, bombarder Gaza et Beyrouth en se trouvant d’excellentes raisons (qui sont ensuite refilées clés en main aux médias occidentaux israélisés), et hurler à la mort pour un ressortissant israélien enlevé et assassiné aux Émirats arabes unis.
Cela illustre la force du soft power israéliste : tous les jours des innocents meurent sous les bombes israélo-américaines, sans déranger plus que ça Papacito, mais la mort d’un seul Israélien fait le tour du monde. D’ailleurs, un drôle de gus, ce rabbin...
« Zvi Kogan était connu pour être un émissaire du Habad Loubavitch et de son mouvement Chabad aux Émirats arabes unis, courant hassidique ultraorthodoxe à l’engagement missionnaire mondial visant à renforcer l’identité juive et rapprocher les juifs de leur foi. » (Le Parisien)
Hassidout.org nous explique qui était véritablement ce rabbin. Mû par un sentiment national et une fierté toute militaire, le site nous offre le parcours on ne peut plus clair du religieux.
La réaction de Meyer Habib suivie d’une réponse appropriée illustre bien le paradoxe du double traitement médiatique, que nos télés ne relèvent évidemment pas.
Israël a tué hier toute cette famille libanaise à Beyrouth en larguant des bombes anti-bunker sur leurs têtes pendant qu'ils dormaient. C'étaient des civils. pic.twitter.com/t95IF0APSx
— Ra vaness (@Ovhanessian13) November 24, 2024
Il était évident qu’en déclarant une guerre quasi ouverte à l’Iran, Israël allait devoir en payer le prix, notamment dans les pays musulmans, qu’ils soient chiites ou sunnites. Si chiites et sunnites s’affrontent au Pakistan, dans les pays du Golfe, il semble que l’axe Qatar-Iran ne soit plus aussi ostracisé.
Les médias israélistes pleurent donc en chœur la mort d’un rabbin, Zvi Kogan, un « acte de terrorisme antisémite méprisable » selon le Premier ministre israélien. Toujours cette logorrhée inflationniste où les adjectifs outranciers finissent par s’annuler les uns les autres. Le Loubavitch travaillait aux Émirats depuis la normalisation des rapports entre l’État hébreu et les États du Golfe, Arabie saoudite en tête.
L’occasion était trop belle de renverser la vapeur médiatique qui est très anti-israélienne à l’international : tout le monde y a été de sa petite emphase. Le ministre de la Défense Israël Katz a déclaré que le meurtre de Kogan était un « crime terroriste antisémite lâche et méprisable », écrit The Times of Israel. Le président israélien a surenchéri sur Netanyahou et Katz en déclarant sur X :
« Cette ignoble attaque antisémite rappelle l’inhumanité des ennemis du peuple juif. Cela ne nous empêchera pas de continuer à développer des communautés florissantes aux Émirats arabes unis ou ailleurs, en particulier avec l’aide de l’engagement et du travail dévoués des émissaires du Chabad dans le monde entier. »
On comprend à demi-mot la double fonction des « rabbins » sur ces terres hostiles, ce qui expliquerait peut-être leur situation précaire et les consignes de sécurité qui leur sont données. Le renseignement israélien qui assassine sans vergogne des savants iraniens doit s’attendre à des mesures égales de l’autre côté. Israël voudrait pouvoir tuer en toute impunité, sans être tué en retour, mais les pays visés par Israël ne respectent pas tous les lois juives, sauf celle du talion, apparemment.
Netanyahou a promis qu’aucun des assassins du rabbin Kogan ne sera épargné, sauf que les faits ont eu lieu aux Émirats, pas en Israël. La loi juive aurait donc pouvoir d’extraterritorialité, à l’américaine ? On verra si les trois Ouzbeks seront extradés.