« Je suis plutôt Le Parisien plutôt que Le Monde... Je suis pas un grand lecteur de Télérama, que je feuillette de temps en temps. »
« C’est désormais une des grandes forces de TF1 que de montrer la France telle qu’elle est. »
« Je suis quelqu’un qui dérange parce que j’ai un journal différent, parce qu’aujourd’hui, la télévision, c’est devenu un média comme les autres, et que, bah voilà, y a des choix éditoriaux dans le journal de 13 heures, de très beaux reportages dont je suis très fier à la fin, de ce qui montre la France, le patrimoine de la France, la culture de la France. Certains intellectuels parisiens y voient du folklore, c’est leur problème, mais c’est pas à eux que je m’adresse, donc… »
Mépriser JPP – qui avait fait deux sixièmes, deux secondes et trois terminales ! – a longtemps été une marque d’intelligence, de finesse, de tact, de branchitude, de supériorité dans nos médias. Supériorité intellectuelle, sociale, culturelle, presque raciale.
JPP incarnait à la télévision la France des régions, des départements, des villages. Il s’est éteint ce mercredi 2 mars 2022, atteint d’un cancer, lui qui était un grand fumeur, un peu comme Yves Mourousi, ce qui rendait sa voix reconnaissable. Un 13 Heures de JPP aurait pu passer à la radio, sans les images. Il a d’ailleurs fait des petits, mais en version sales gosses sur la chaîne anti-TF1, la crypto-branchée Canal+, avec les reportages parodiques de l’équipe de Moustic, qui étaient la réplique des descentes des équipes de JPP dans la France profonde.
La France profonde perd son représentant à la télé, et vu l’évolution du média sous tyrannie progressiste, il n’y a pas foule pour reprendre le flambeau, on allait dire le drapeau, bleu-blanc-rouge, évidemment.
Il a rendu célèbre le journal de 13 heures, l’a incarné (pendant 33 ans !), et en a fait, plutôt qu’un JT d’informations générales, un miroir des Français d’en bas et de leurs préoccupations. Cela lui a été reproché par les élites culturelles, majoritairement de gauche, qui en ont fait leur punching-ball. Il a été en quelque sorte le « Le Pen » de la télé, celui qui était plus proche des Français que de l’intelligentsia.
« Les Guignols, je ne regarde pas. Pour moi, c’est plus méchant qu’impertinent. »
Il était de bon ton de le flinguer hors TF1, tous les snipers du PAF lui ont un jour ou l’autre tiré dessus, parfois en dessous de la ceinture, comme Guy Carlier, qui a disparu depuis (dans l’anonymat), lorsqu’il travaillait pour Marc-Olivier Fogiel, quand il était encore animateur de talk-show.
En 2005, sa compagne, l’ex-Miss France (1987) Nathalie Marquay, a eu une aventure avec Daniel Ducruet, l’ex-compagnon de Stéphanie de Monaco dans La Ferme célébrités. On a appris ensuite qu’il s’agissait d’une rumeur. L’énorme Carlier en a profité, le 19 juin 2005 dans On ne peut pas plaire à tout le monde, pour charger la mule, raillant et le cocu et le populiste :
« Jean-Pierre Pernaut n’est pas cocu et c’est tant mieux, car s’il l’avait été, la qualité de son journal aurait pu en souffrir, et un Jean-Pierre Pernaut perturbé par des problèmes de couple aurait pu oublier sa légendaire rigueur journalistique, et si ça ce trouve il se serait laissé aller à faire un journal poujadiste et cocardier, et là ça aurait été insupportable, tout est bien qui finit bien. »
Le gauchiste Christophe Alévêque surenchérira chez Ruquier, dans On a tout essayé :
« Quand on envoie sa femme à la Ferme, même si c’est une oie il ne faut pas s’étonner qu’elle ressorte une cochonne. »
Alors que Pernaut assumait de faire un JT centré sur les Français, les problèmes du quotidien et les régions, mettant (un peu) de côté l’international, qui était en réalité la chasse gardée de PPDA le soir, toute l’intelligentsia en a profité pour attaquer ce choix considéré comme populiste, pour ne pas dire raciste. Une préférence nationale interdite par les agents du pouvoir profond et leurs obligés, comme BHL et Bruno Masure.
Masure au Grand Journal de Canal+, le 23 janvier 2009 :
« Je pense que quand y a une guerre à Gaza et qu’on démarre le journal par l’ouverture du marché aux truffes à Brive-La-Gaillarde, y a quand même un problème, quoi, quelque part. »
BHL s’en prend au critique américain Garrison Keillor dans Campus, l’émission de Guillaume Durand, le 2 mars 2006 sur France 2 :
« Un Jean-Pierre Pernaut comique… C’est comme si le Monde des Livres avait demandé à un Jean-Pierre Pernaut mâtiné de Laurent Gerra de faire la critique d’un livre d’un essayiste américain. »
On envoie une dernière couche de contre-populisme avec Anne Sinclair dans La boîte à questions, sur Canal+ le 16 mars 2006 :
« Le journal de Pernaut, pour vous c’est du journalisme ou du divertissement ? C’est du journalisme, c’est du journalisme des régions de France oui. C’est pas du divertissement, je trouve pas ça drôle. »
JPP, attaqué toute sa vie par l’intelligentsia de gauche, est donc mort d’un cancer du poumon, mais il venait de se faire vacciner et sa femme avait expliqué, chez Hanouna, auprès du Pr Raoult, qu’il avait fait « quatre micro-AVC » :
Jean-Pierre #Pernaut a été victime de "quatre mini AVC" depuis l'administration de sa troisième dose de vaccin, révèle sa femme Nathalie Marquay dans #TPMP. Lundi 24 janvier. #Raoult #Palomba #Hanouna pic.twitter.com/14mOVHxgZ4
— BLF.TV (@blf_tv) January 24, 2022
Le bonus E&R : les pernauteries
On a retiré les références (dates) car les lancements et retours plateau de JPP sont éternels.
« Un très, très beau match contre l’Angleterre avec deux équipes fières de porter les couleurs de leur pays, ça change ! »
« Que c’est beau, la fin de l’été dans cette région... »
« Après les fleurs, les raisins et les vendanges... »
« Je suis allergique à cet appareil [le prompteur, NDLR] qui fait croire aux gens qu’on les regarde. »
« La grande saison des huîtres a commencé ! »
« Et avec le temps qu’il a fait, le pot-au-feu a dû bien marcher, on vous avait donné la recette la semaine dernière. »
« En France, Napoléon nous a laissé plein de choses, le Code civil... »
« Suite de notre série consacrée à quelques bons plats régionaux qui réchauffent en hiver... »
« Voilà, la fin de l’été, c’est la saison du raisin, mais c’est aussi la saison du cidre ! »
« Voilà, et vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous voulez avoir une belle messe de minuit. »
« Les grands-parents connaissent tous les fameux doudous dont les petits ne peuvent plus se passer... Eh oui, c’est important les doudous, ça rappelle des souvenirs à tout le monde. »
« Après les taureaux, autres bêtes à cornes, la saison des amours a commencé pour les grands cervidés. »
« Dans un instant nous allons plonger, c’est normal c’est la semaine de la Saint-Valentin, dans le monde merveilleux et un peu coquin de la lingerie... »