Coincée entre un parti national puissant et le parti bourgeois libéral libertaire de la Macronie, la droite française classique fait la gueule, et compte ses déserteurs. Un à un, ses élus qui veulent survivre au naufrage décrochent soit pour le RN, soit pour LREM.
Certes, Les Républicains peuvent encore compter sur des milliers d’élus de terrain, comme le Parti socialiste, mais globalement, le mouvement est mort. PS et LR sont idéologiquement à l’agonie, sans projet de renouvellement, sans candidats solides pour 2021. Seuls des seconds couteaux se proposent, mais l’opinion s’en fout.
Les vraies grandes gueules sont au nombre de trois, côté mainstream : Mélenchon, Marine et Macron. On les appellera les 3M. De l’autre côté de la barrière mainstream, il y a, qu’on le veuille ou non, qu’on soit E&R ou non, la voix d’Alain Soral, qui porte fort et loin. C’est logique : malgré son image salie à souhaits par les médias serviles, la voix de Soral représente l’opposition principale au pouvoir profond, Marine et Méluche s’occupant du pouvoir visible. Au milieu de ces forces, plus rien n’existe ou ne tient : les partis dits extrêmes montent, comme ils ont toujours monté en période trouble, c’est-à-dire quand l’oligarchie pratique une violence sociale trop visible sur le peuple. En temps normal, cette violence est cachée, ce qui fait croire à la démocratie. Aujourd’hui, avec la répression des Gilets jaunes et des antimasques, cette violence saute à la gueule de tous.
Tectonique des plaques politiques
De nouveaux espaces se créent entre ces quatre blocs, E&R se situant entre l’extrême gauche et l’extrême droite, mais un poil au-dessus, à la pointe d’un triangle fondé sur cette double assise populaire que les observateurs politiques classiques décrivent avec crainte et mépris comme rouge-brune. Car E&R, on le rappelle, n’est ni complètement de droite ni complètement de gauche, mais de gauche pour le social et de droite pour les valeurs. Or, la droite classique a abandonné le social depuis Chirac et le national depuis Sarkozy, pour se vautrer dans le tout libéral. Elle bloque juste sur le libertaire, et encore...
La gauche classique a elle abandonné le social (avec Fabius) pour le sociétal ou le libertaire, tout en faisant semblant de lutter contre le libéral (avec Hollande). Il en résulte une indifférenciation de la droite et de la gauche d’alternance qui a fini par éloigner les électeurs, qui eux ont besoin de marquages forts. Mélenchon a récupéré les déçus de la gauche antisociale ou trop libérale, Marine a récupéré les déçus de la droite antinationale ou pas assez sociale, tandis que Macron récupérait les bourgeois orphelins des deux camps, les partisans d’une France réconciliée se retrouvant chez Soral.
Dépeçage du grand cadavre LRPS
Dans ce schéma dynamique de réécriture politique, chacun fait son marché sur les restes du PS et de LR, ce camp de l’alternance pillé par les nouveaux Barbares que sont les 3M et Soral. Devant les atermoiements des leaders minimo de la droite LR, Marion Maréchal vient de lancer son OPA, et ce, dans le journal qui fait le nid du national-sionisme, c’est-à-dire de l’axe Zemmour-Sarkozy, un axe qui compte bien lui-même piller le réservoir de Marine !
Plus personne n’est donc à l’abri d’une OPA, et le marché politique à ce propos ressemble furieusement à celui des grandes entreprises avec les grandes banques de fusions-acquisitions en embuscade (Rothschild, Lazare). Aujourd’hui, par exemple, c’est l’empire fondé par Lagardère père qui se fait charcuter par les grands prédateurs que sont les Arnault et les Bolloré. Le petit Arnaud vient de sceller une alliance pour quatre ans avec le grand Arnault, mais c’est pour mieux se faire bouffer.
Du côté politique, voyons comment Marion pense s’y prendre pour croquer dans la galette fondante LR... L’objectif est annoncé clairement en titre du Figaro : « Nous allons assister à la mort de LR ». Après un petit topo éducatif sur l’ISSEP, Marion tire sur la politique gouvernementale :
« Le chef de l’État a cette tendance, dans ses gouvernements, à faire prévaloir le casting plutôt que la vision. Le résultat est cette ambivalence manifeste sur la question de la sécurité. Avec d’un côté à l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui s’inscrit dans l’incarnation de la fermeté. Et de l’autre à la Justice, l’incarnation des vieilles lunes de gauche. Dupond-Moretti, c’est retour vers le futur. Comme si nous n’avions pas avancé depuis Jospin. Le drame est que l’insécurité se traite avant tout par la Justice. Vous pouvez mettre à loisir gendarmes et policiers dans les rues, tripler leurs effectifs, si les délinquants arrêtés ressortent vingt-quatre heures plus tard, cela revient à vider l’océan à la petite cuillère. Gérald Darmanin est un ministre du commentaire. Il fait du Sarkozy. Se précipite sur chaque fait divers pour faire des photos. Mais en définitive, ce n’est pas lui qui a les clés. Or plus personne n’échappe à la délinquance. »
Après le sécuritaire, Marion précise son positionnement sur l’économique :
« Bruno Le Maire est un ministre que je trouve plutôt bon. Je n’ai pas grand-chose à dire, ni sur les objectifs affichés, ni sur le diagnostic de ce plan de relance. Il suit des pistes intéressantes, comme la baisse des impôts de production. Il se borne malheureusement à une réponse conjoncturelle. Plutôt que la distribution frénétique de chèques, cette crise était l’occasion d’apporter une réponse structurelle aux difficultés que rencontrent nos entreprises, notamment leurs problèmes de trésorerie. Nous aurions pu revoir le cadre fiscal, réglementaire comme le coût du travail dans ce pays. Ce qui aurait impliqué de faire des économies. Il n’y a eu, sur ce point, aucune vision claire. L’autre levier, notamment sur le plan industriel, aurait été d’avantager dans la commande publique nos entreprises. Or, malgré ses grands discours, le gouvernement refuse de s’affranchir des règles européennes qui rendent impossible ce patriotisme économique ou la protection des marchés exposés à la concurrence internationale. »
Mais c’est sur le politique que Marion étonne, puisqu’elle s’attaque au RN ! Il faut dire que le parti de sa tante vire les cadres maréchalistes un à un...
« La mort de LR sera venue par Christian Estrosi. Merci à lui d’avoir ainsi permis une clarification définitive quant au positionnement de son parti vis-à-vis du chef de l’État. Nous allons assister à la mort de ce parti. Il ne faut cependant pas confondre la marée d’élus LR qui s’apprête à rejoindre Emmanuel Macron pour la présidentielle et leurs électeurs. Une partie d’entre eux, qui a une ambition de puissance pour la France, est intransigeante sur l’immigration comme sur les questions régaliennes, ne suivra jamais Macron. Indéniablement, ils ne se reconnaissent pas non plus dans le Rassemblement national. C’est un électorat orphelin qui forme une part importante des 50 % d’abstention observés lors des municipales. Il est amusant de constater que la plupart préfère courir derrière le vote "écolo" des municipales plutôt que derrière ces 50 % alors que l’élection présidentielle, à mon sens, se jouera à droite. »
La droite nationale, c’est vendeur
Une petite info en passant, qui montre que les chaînes de télé intègrent de plus en plus de nationaux-sionistes dans leurs rangs :
« J’ai été contactée durant l’été par LCI pour participer à un rendez-vous régulier. J’ai refusé précisément parce que je savais qu’à la première polémique, je serais lâchée. Ces gens nous approchent pour faire de l’audimat, mais refusent tout pluralisme intellectuel. C’est une censure indirecte. »
On n’accuse bien sûr pas Marion d’être nationale-sioniste, ce qui est un oxymore dégradant, mais quand on voit les parrains ou invités de son école pour cadres, on peut se poser quelques questions : Zemmour, Sévillia, Bousquet, Raufer, Poisson, Brighelli ! Où sont les nationalistes français, sous-entendu non sionistes ? La défense des intérêts israéliens, c’est bien, celle des intérêts français, c’est mieux, surtout quand on est français.