Marine Le Pen a annoncé, dimanche après-midi, le nom qu’elle soumet au vote des militants pour remplacer celui de Front national, choisi par son père en 1972.
Le Front national deviendra le Rassemblement national. Marine Le Pen a proposé, dimanche 11 mars, aux adhérents du FN de rebaptiser le parti d’extrême droite. Lors de son discours de conclusion du 16e congrès du parti, présenté comme celui de la « refondation » après les défaites électorales et les défections de l’année 2017, la présidente frontiste a mis fin au suspense qu’elle laissait planer sur ce nouveau patronyme censé marquer une rupture avec l’ère Jean-Marie Le Pen.
Via un questionnaire envoyé à l’automne, les militants s’étaient prononcés à 52 % en faveur d’un changement de nom.
Pourquoi Rassemblement national ?
« J’ai beaucoup réfléchi et beaucoup consulté », a prévenu Marine Le Pen à la tribune, dimanche après-midi, avant de dévoiler le nom qui sera soumis au vote des militants : Rassemblement national. Vantant la pertinence du terme « national », elle a estimé que le nom devait « porter un message politique et même clairement indiqué le contenu de notre projet politique pour la France. Ce nom doit être plus encore qu’un projet, il doit être un cri de ralliement (...). »
Marine Le Pen a rappelé à la tribune la raison pour laquelle elle a écarté le mot « front », lié au concept « d’opposition ». Or, « notre objectif est clair : c’est le pouvoir », a-t-elle encore lancé. Par ailleurs, le nom Rassemblement national, propose une fusion sémantique de Front national et de Rassemblement bleu marine.
L’Union nationale avait également été évoquée comme une alternative, tout comme le nom Mouvement national. Mais ce dernier était jugé trop proche du Mouvement national républicain, créé par Bruno Mégret, après avoir fait sécession à la fin des années 1990. Ajoutant qu’elle trouvait « ringard » le nom Les Patriotes, choisi par son ancien bras droit Florian Philippot, la présidente du Front national avait déjà assuré préférer le terme « nation ». Elle avait toutefois écarté Les Nationaux, une option suggérée par Gilbert Collard.
Pourquoi changer de nom ?
« Ce nom, Front national, est porteur d’une histoire épique et glorieuse que personne ne doit renier (...) Mais vous le savez, il est pour beaucoup de Français, même de toute bonne fois, un frein psychologique. »
À la tribune, dimanche, Marine Le Pen a donné les raisons derrière ce changement de nom.
La veille, les militants ont adopté à 79,9 % les nouveaux statuts, lesquels suppriment le titre de président d’honneur, jusqu’alors attribué à son fondateur, Jean-Marie Le Pen. Une autre façon de tourner la page consistait donc à se séparer du nom choisi par ce dernier lors de la création du parti, en 1972. « On ne peut pas chercher l’ouverture, clôturer l’ère Jean-Marie Le Pen et garder le nom d’un groupuscule des années 1970 », analysait ainsi l’entourage de Marine Le Pen dans Le Monde. « Les gens associent ce nom aux dérapages de Jean-Marie Le Pen, à une histoire tourmentée », estime Hugo, membre du Front national de la jeunesse (FNJ), interrogé par franceinfo.
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À quoi sert de dédiaboliser ?
« Rassemblement national » trop proche d’un ancien parti collaborationniste pour Corbière et le Huffington Post
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En remontant un peu plus dans l’histoire, on tombe sur le « Rassemblement national populaire ». Fondé en 1941 par le collaborationniste Marcel Déat, ce parti avait pour principal projet de « protéger la race » et de collaborer avec l’Allemagne nazie. L’emblème utilisée par cette formation est par ailleurs assez éloquente en la matière.
Un angle d’attaque tout trouvé pour les opposants à Marine Le Pen, comme Alexis Corbière, député de la France insoumise :
S'il est exact que Marine Le Pen choisit Rassemblement National, pour remplacer FN, c'est troublant car cela évoque le Rassemblement National Populaire (RNP) du collabo Marcel Déat. Une référence voulue ? Qui sait. Roland Gaucher fondateur du FN en 1972 était au RNP. pic.twitter.com/58Zu2iXiya
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 11 mars 2018
Ce parti voulait que « les mots d’ordre du maréchal Pétain deviennent une réalité vivante ». Avant de dévoiler sa proposition, Marine Le Pen a assuré avoir « beaucoup réfléchi » et « beaucoup consulté ». C’est donc en parfaite connaissance de cause qu’elle a formulé sa proposition.