Normalement, un journal d’opposition traite avec un certain respect les autres représentants de l’opposition, même si leurs idées respectives divergent toujours un peu ou achoppent sur quelques points de détail.
Ce n’est pas le cas de Marianne qui, sous la plume d’un certain Éric Decouty, « directeur délégué » de l’hebdomadaire repris par la paire Kretinsky-Polony, a littéralement dérapé dans l’outrance injurieuse avec un article à charge contre Alain Soral.
- La une est on ne peut plus nationale-républicaine, ce qui ne laisse pas d’interroger sur l’article en question
Chez E&R, on a l’habitude du lynchage de la part des médias dominants mais le problème, c’est que Marianne se pose en opposant national-républicain, ce qui est un positionnement plutôt courageux et donc respectable de nos jours. D’ailleurs, à l’origine, le newsmagazine de Jean-François Kahn penchait nettement du côté de Chevènement et de sa gauche réaliste, réaliste à la façon souverainiste et non à la façon de Manuel Valls, qui a littéralement coulé le PS avec ses obsessions (CRIF, Israël).
Mais ne nous égarons pas dans les guerres picrocholines de la gauche française et explorons la production de ce journaliste d’investigation pas comme les autres. Car en exergue de son article, Decouty ne cache pas son souhait de voir le président d’E&R faire de la prison ! Bonjour la notion démocratique du débat d’idées... Du jamais vu entre confrères, puisqu’Alain Soral est aussi journaliste.
« Le tribunal correctionnel de Paris rendra, ce lundi 15 avril, son jugement pour négationnisme contre Alain Soral. Pourtant multirécidiviste, ce prêcheur de haine antisémite a – jusqu’à présent ? – toujours échappé à la prison. »
Même chez les sionistes les plus agités on prend un peu plus de gants. Que s’est-il passé pour que Marianne dérape à ce point ? Natacha Polony était-elle en vacances forcées en République tchèque ? Une régie publicitaire a-t-elle mis la pression pour d’obscures raisons religieuses ?
Une sorte de haine incontrôlable sourd de tous les pores du texte. Rien que dans le premier paragraphe, « Patate » – le surnom en interne de ce journaliste payé grassement – nous fait la totale :
« Sur son casier judiciaire, les condamnations, notamment pour négationnisme ou incitation à la haine raciale, s’accumulent, marqueurs indélébiles de ses saillies immondes. Mais aucun tribunal, aucune cour n’est pour l’instant parvenue à interrompre le flot de ses insupportables logorrhées, torrent verbeux de haine antisémite, raciste, sexiste, homophobe… Lundi 15 avril, le tribunal de Paris prononcera un nouveau jugement contre Alain Bonnet, tristement connu sous le nom d’Alain Soral, pseudo-théoricien de l’extrême droite, pour contestation de l’existence de la Shoah. »
Les stylistes savent que si leur texte veut taper, ils doivent éliminer un maximum d’adjectifs qui sont les smileys de l’écriture. L’émotion, qui jaillit de la construction des phrases, ne doit surtout pas être racontée, car toute la force des mots sera perdue. Même principe en cinéma, et c’est ce qui différencie le cinéma français du cinéma américain : sans verser dans l’américanophilie extatique des racailles de nos cités et de nos élites culturelles (Gad Elmaleh bavait de bonheur pendant sa tournée US), qui ont plus d’un point en commun, le ciné US a ceci de supérieur qu’il induit les émotions, il ne les dit pas. Chez nous, le cinoche dégouline d’adjectifs, comme la prose de Patate. Des mots, des mots, des mots... et peu d’effet au bout. Tout ce qui est excessif est insignifiant, disait l’autre.
Patate enchaîne les insolences, les exagérations, les aberrations, les contre-vérités bref, il viole quasiment tout le code de déontologie des journalistes (Charte de Munich, 1971). Plutôt que de vous livrer la montagne de fautes – dont une énorme, d’orthographe – de ce débutant, forcément débutant, nous avons choisi de vous laisser jouer au jeu des 7 erreurs journalistico-juridiques, même s’il y en a beaucoup plus (voir solution en fin d’article).
À propos de juridique, l’avocat d’Alain Soral, Maître Viguier, a sursauté à la lecture de l’œuvre decoutienne. Il a envoyé ceci à son client (nous publions sa lettre avec sa permission) :
Cher Monsieur,
En tant que votre avocat je vous réponds au sujet des actions possibles.
Les propos tenus frisent l’injure, la diffamation et la provocation à la violence. Ils mettent surtout les magistrats sur la sellette, en demeure de vous envoyer en prison.
L’auteur (le style a quelque chose de l’odor di femina dont parlait Barbey d’Aurevilly) n’a pas compris que vous êtes déjà condamné à des années de prison ferme. Ses suppliantes injonctions sont donc inutiles.
Il se trompe aussi lorsqu’il écrit que vous auriez parlé de la Procureur de Bobigny. Il s’agissait d’Aglae Fradois, Procureur à Paris. Je ne recense pas les outrances dans l’expression, les exagérations, l’impertinence de la plume de ce journaliste engagé.C’est une pièce à verser au dossier. Il serait bon de publier cet article, si vous l’estimez utile vous pouvez y ajouter la présente, qui pourra valoir lettre ouverte à la fois au Parquet et au directeur de la publication de Marianne. Le CSA aussi pourrait être saisi.
Mais compte tenu de l’actuelle atmosphère de fin de règne après moi je pense que dans l’Institution personne ne prendra plus le risque de vous défendre.Bien à vous,
Damien Viguier
Maintenant, passons au texte de Patate.
Certes, le national-républicanisme de Marianne possède quelques failles, dans lesquelles la prose de Patate s’est engouffrée. Une des failles, et non des moindres, c’est la proximité idéologique avec la franc-maçonnerie, et précisément le Grand Orient, qui est une obédience socialo-sioniste.
Étonnamment – mais quand on connaît l’état de la presse on ne s’étonne plus de rien –, Patate a un CV long comme le bras d’un lanceur de javelot finlandais. Il a été directeur adjoint de la rédaction de Libération – OK, OK, ça ne veut rien dire mais dans un CV ça jette –, il a bossé au Parisien, a été « grand reporter » (vous remarquerez qu’il n’y a jamais de « petit reporter ») au Figaro. Un vrai parcours d’apparatchik du milieu, malheureusement totalement inconnu du grand public, celui qui délivre la gloire. On pense à des Denis Robert, des Pierre Péan, de vrais journalistes d’investigation pour le coup.
Mais comme notre article n’est pas à charge, soulignons que Patate a eu le courage de coréaliser un documentaire pour Lundi investigation (Canal+) sur l’emballement médiatico-politique autour de la fausse agression du RER D en 2004. Une certaine Marie-Léonie, 23 ans, déclare au commissariat d’Aubervilliers (les flics les plus blasés de France) que des jeunes Maghrébins l’ont agressée et, pire, lui ont dessiné des croix gammées sur le ventre, pensant qu’elle était juive. Une grosse mytho qui aura entraîné toute la presse et le monde politique dans son délire victimaire.
Sauf que quand on lit la prose de Patate, on se demande si la Marie-Léonie n’aurait pas un peu déteint sur lui. D’où notre débunkage à la Decouty.
Dans cette courte vidéo, Patate se fait le chantre de la déontologie et nous explique ce qu’est le « journalisme pur » :
« la recherche d’information, de la vérification, donc ça nous appelle nous, ça nous amène à avoir encore plus d’exigence, plus de vérification, plus de travail pour évidemment faire la distinction entre ce qui est de l’information et ce qui peut être de la non-information et du commentaire ».
La solution du jeu
Scoop : 0
Infos : 2 (premier paragraphe)
Citations : Soral (18) Anonyme (1) Martine Gozlan (1)
Sources : 1 (D’Angelo/Mollard, 2015 )
Allégations ou expression de la subjectivité de l’auteur : 58
Indélébile
Immonde
Haine (11 fois)
Insupportable
Verbeux
Antisémite/isme (10 fois)
Raciste (2 fois)
Sexiste
Homophobe
Tristement
Déverser
Bile
Empoisonnée
Déversoir
Outrance
Venin
Filandreux
Sinistre (2 fois)
Nausée
Extrémiste
Complotisme
Occulte
Horrible
Détestation
Rance
Obsessionnel
Obsession
Sinueux
Amertume
Nazis
Trompeurs
Maladivement
Logorrhée
Écœuré
Marginale