Le Premier ministre l’assure : il soutient "jusqu’au bout" son ministre de l’Economie. Et pourtant les relations entre les deux hommes seraient plus compliquées qu’il n’y paraît. En cause, leur objectif commun : se faire une place à l’Elysée.
Les deux hommes ont un point commun : ils pratiquent régulièrement la boxe. Habitués à cogner, Manuel Valls et Emmanuel Macron le font généralement sur leurs adversaires politiques, de la droite à l’aile gauche de leur parti. Mais en coulisse c’est un tout autre duel qui se déroule : celui de la succession de François Hollande, celui de la course à l’Elysée.
En apparence, les relations sont bonnes. Il y a deux jours, Manuel Valls parlait de "ministre talentueux" pour qualifier le chouchou du gouvernement qui a son soutien "jusqu’au bout". C’est encore le Premier ministre qui a défendu coûte que coûte la loi Macron en assurant la promotion sur les journaux télévisés ou encore en ayant recours à l’article 49-3 pour faire adopter le texte à l’Assemblée nationale.
"A court terme, Valls et Macron s’entretueront"
Pourtant, ce mariage arrangé entre celui qui a gravi tous les échelons du Parti socialiste et le jeune self-made man pourrait tourner court. "A court terme, ils s’entretueront", prédit dans Le Parisien un ancien de Bercy. En cause : leur volonté partagée de réformer la gauche pour en faire un courant plus progressiste. "Ils partagent le même espace politique, sur la droite du PS", remarque pour Europe 1 le communicant Philippe Moreau-Chevrolet.
Alors malgré les soutiens de façade, chaque sortie provocatrice d’Emmanuel Macron est désormais l’occasion pour le Premier ministre de lui rappeler qui est le chef dans ce gouvernement. "Les ministres doivent pleinement se concentrer à leur tâche, et assumer pleinement leurs responsabilités (...) et ne pas provoquer de débats inutiles", attaquait le Premier ministre au lendemain de la nouvelle polémique lancée par son ministre de l’Économie sur le statut des fonctionnaires.
Rêve présidentiel
Un dialogue tendu donc, car les deux hommes partagent le même rêve présidentiel. Ce week-end encore, le Premier ministre prédisait son avenir à un jeune homme (très) ambitieux : "Tu attends que François Hollande termine son mandat, qu’il en fasse un autre, puis que moi je puisse en faire deux autres. Et puis après tu arrives"...
Côté Macron, l’économiste Alain Minc se rappelle ce mardi dans les colonnes du Parisien que l’ex-banquier d’affaires lui a, un jour, confié son ambition de "devenir président". Rien de moins. "Lui, il le sera (président, NDLR) un jour", répond sans hésitation Jacques Attali. Mais avant le poste ultime, certains voient Emmanuel Macron à Matignon. "Si Hollande est réélu, son Premier ministre ce sera Macron", prédit ainsi un soutien du ministre de l’Économie.