Lundi 14 mai 2018, alors que les snipers israéliens abattaient des manifestants palestiniens à la frontière de la bande de Gaza, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pondait le texte, en ligne sur le site de la diplomatie française :
« Alors que les tensions sur le terrain sont vives, comme en témoignent les graves incidents survenus dans la bande de Gaza ces dernières semaines, la France appelle l’ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité afin de prévenir un nouvel embrasement. Après plusieurs semaines de violences, et face au nombre croissant de victimes palestiniennes dans la bande de Gaza aujourd’hui encore, la France appelle de nouveau les autorités israéliennes à faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force qui doit être strictement proportionné. Elle rappelle le devoir de protection des civils, en particulier des mineurs, et le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement.
Il est urgent de recréer les conditions nécessaires à la recherche d’une solution politique, dans un contexte régional déjà marqué par de fortes tensions.
La France désapprouve la décision américaine de transférer l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, comme l’a rappelé à plusieurs reprises le président de la République. Cette décision contrevient au droit international et en particulier aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le droit international est sans ambiguïté sur le statut de Jérusalem. Il devra être déterminé dans le cadre de négociations, comme l’ensemble des paramètres internationalement agréés, afin de parvenir à une solution juste et durable, à savoir deux Etats, vivant côte à côte en paix et en sécurité, ayant l’un et l’autre Jérusalem comme capitale. C’est ce que dit le droit et c’est le sens de nos efforts en faveur de la paix au Proche-Orient. »
- La gueule de la politique extérieure française...
Le Drian appelle donc « les autorités israéliennes à faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force », ce qui leur fait une belle jambe. En gros, le message français se résume à « tuez un peu moins, les gars ». Un mort ou deux, ça passe, ça ne déclenche pas un communiqué et encore moins une crise diplomatique entre la France et Israël. 50 morts, ça déclenche le communiqué. Pour la crise diplomatique, il faut un génocide ?
La France, à travers sa réponse molle à cet acte gravissime de l’entité israélienne, prouve une fois de plus son alignement sur la politique d’agression sioniste. Était-il besoin de le prouver ? Sous Hollande, la diplomatie française était aussi alignée, on se souvient de la très molle réponse de l’Élysée lors des raids sur Gaza de juillet 2014. À l’époque, la France avait condamné les tirs de roquette du Hamas sur Israël et estimait qu’il appartenait « au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces »...
On avait appris que les services de Netanyahou avaient harcelé le pauvre Hollande au téléphone et obtenu cette vaguelette en guise de réponse française au pilonnage israélien en cours. Sur des civils, évidemment. La diplomatie nationale ne sort pas grandie de ces deux épisodes : il y a toujours une lutte entre le noyau nécocon qui joue la soumission à l’axe israélo-américain, et une partie qui tente de sauver l’indépendance française, les lambeaux de la politique gaullienne.
Du côté de la classe politique, à part les députés France insoumise, c’est le calme plat, la honte bue. On a retrouvé ce tweet de Jean Messiha, l’intellectuel du FN (on note le singulier) qui a été repris de volée par Chatillon :
Un tweet digne du Crif. Tu me déçois Jean. J’espère qu’ils t’inviterons à leur prochain dîner pour te récompenser.
— Frédéric Chatillon (@fredchatillon) 15 mai 2018
Du côté de la classe médiatique, la prudence est de mise. Condamner la politique sanglante israélienne, c’est faire preuve d’israélophobie, c’est entrer dans le cercle antisioniste et donc flirter avec les maudits de l’antisémitisme.
Griveaux ânonne la prudence élyséenne,
#BourdinDirect "Nous appelons à l'usage de la force avec discernement et retenue pour la journée d'aujourd'hui" à Gaza, dit @BGriveaux
https://t.co/LIEhlp6yN7 pic.twitter.com/h0CqF61yIi
— BFMTV (@BFMTV) 15 mai 2018
Filoche semble ne plus rien avoir à perdre :
57 morts par balles a Gaza et #franceinter présente cela comme une "offrande" à la cause palestinienne, pas comme un crime impardonnable de Netanyahu - ils accusent les victimes. Honteux
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) 15 mai 2018
Le Drian est associé à l’ultrasioniste Valls :
Le chef de la diplomatie française et le représentant du Likoud à Paris suivent, anxieux et attristés, les "heurts" à #Gaza. pic.twitter.com/6ET3YbBnn9
— Alicia Pense (@aliciapleure) 14 mai 2018