Samedi [10 mars 2018], un des principaux organismes juifs américains a accusé le président russe Vladimir Poutine d’avoir laissé entendre plus tôt dans la journée que les Russes qui cherchaient à influencer les résultats des élections présidentielles américaines de 2016 auraient pu être juifs, affirmant que ses remarques « rappelaient étrangement les Protocoles des Sages de Sion ».
Le Comité juif américain [AJC] a demandé à Poutine de « clarifier ses propos au plus vite ».
Les Protocoles étaient un faux document produit en Russie à la fin du XIXe siècle et destiné à décrire les plans juifs de conquête du monde. Les antisémites s’en sont servis tout au long des XXe et XXIe siècles pour justifier leurs thèses.
« Nous connaissons assez bien ces vieilles rengaines : “Peut-être que les Juifs dirigent le monde, peut-être que les Juifs utilisent du sang pour leurs rituels, peut-être que les Juifs ont massacré des Juifs en Pologne”. Maintenant voici le dernier tube “peut-être que les Juifs se sont mêlés des élections américaines” », a tweeté la députée de l’Union sioniste Ksenia Svetlova, qui a émigré en Israël depuis la Russie.
Elle a appelé le gouvernement israélien à condamner fermement les propos de Poutine.
Son confrère de l’Union sioniste, le député Nahman Shai a également condamné les propos de Poutine comme étant de « l’antisémitisme classique ».
« Ses déclarations montrent que rien n’a changé dans le fait de considérer les Juifs comme responsables de tout le mal du monde », écrit-il. Nous avons besoin d’une réaction forte de la part du gouvernement israélien, a-t-il dit.
Toutefois, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon a déclaré au Times of Israel que son bureau ne ferait pas de commentaires sur la question.
Israël entretient des liens étroits mais tendus avec la Russie, fortement impliquée dans la guerre civile syrienne.
Poutine est aussi reconnu pour ses bonnes relations avec la communauté juive russe.
Dans une interview accordée à NBC news, Poutine a été interrogé sur les Russes arrêtés pour ingérence électorale américaine. « Je m’en fiche, car ils ne représentent pas le gouvernement », a déclaré M. Poutine.
« Peut-être qu’ils ne sont même pas Russes, mais Ukrainiens, Tatars, ou Juifs, mais avec la citoyenneté russe, ce qui devrait aussi être vérifié ; peut-être qu’ils ont une double citoyenneté ou une carte verte ; peut-être que les États-Unis les ont payés pour cela. Comment pouvez-vous le savoir ? Je ne sais pas non plus », a-t-il dit.
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Le conseiller spécial Robert Mueller mène une vaste enquête pour déterminer si la campagne du président Donald Trump a été menée en collaboration avec Moscou pour le faire élire.
Le mois dernier, M. Mueller a accusé 13 ressortissants russes et trois entreprises russes d’avoir prétendument soutenu la campagne de M. Trump, en diffamant sa rivale démocrate Hillary Clinton et en s’engageant dans une autre ingérence électorale.
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Les principales agences de renseignement américaines ont conclu l’année dernière que Poutine lui-même avait dirigé un vaste réseau de renseignement pour influencer les élections américaines afin de saper la campagne de Clinton et d’augmenter les chances de Trump, mais Trump a nié à plusieurs reprises la collusion avec Moscou.
Le dirigeant russe a également rejeté ces conclusions.