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Les brigades anarchistes de l’OTAN

Présenté en Occident comme la réalisation d’une sympathique utopie, le tout nouveau « Rojava » est en réalité un État colonial, voulu et organisé dans le sang par Washington. Il s’agit cette fois de chasser les populations du nord de la Syrie et de les remplacer par des gens qui n’y sont pas nés. Pour réaliser ce nettoyage ethnique, le Pentagone et la CIA ont mobilisé des combattants dans les cercles d’extrême gauche européens. Thierry Meyssan révèle ce projet insensé en cours depuis un an et demi.

 

« La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force ». George Orwell, 1984.

Dans les années 1980-90, la société kurde était extrêmement féodale et patriarcale. Elle était maintenue dans un fort sous-développement, ce qui poussa des Kurdes à se soulever contre les dictatures militaires qui se succédèrent à Ankara [1].

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) était une organisation marxisme-léniniste, soutenue par l’Union soviétique, luttant contre les dictatures de généraux kémalistes, membres de l’OTAN. Il libéra les femmes et rejoignit les combats progressistes. Avec l’aide d’Hafez el-Assad, il installa un camp de formation militaire dans la plaine libanaise de Bekaa, sous la protection de la Force de paix syrienne, jouxtant celui du FPLP palestinien.

Durant cette période, le PKK n’avait pas de mots assez durs contre « l’impérialisme américain ».

Lors de la dissolution de l’URSS, le PKK disposait de plus de 10 000 soldats à plein temps et de plus de 75 000 réservistes. Cette guerre de libération détruisit plus de 3 000 villages et fit plus de 2 millions de déplacés. Malgré cet immense sacrifice, elle échoua.

Arrêté au Kenya, en 1999, lors d’une opération conjointe des services secrets turc, états-unien et israélien, le leader historique de la révolte, Abdullah Öcalan, fut emprisonné sur l’île d’İmralı, dans la mer de Marmara. Le PKK s’effondra, divisé entre son chef prisonnier, favorable à une négociation de paix, et ses lieutenants pour qui la guerre était devenue un mode de vie. Quelques attentats eurent encore lieu sans que l’on sache vraiment lesquels étaient le fait de combattants refusant de désarmer ou d’une fraction de la gendarmerie, le JITEM, qui refusait elle aussi le cessez-le-feu.

Au début du « printemps arabe », Abdullah Öcalan reconstruisit le PKK depuis sa cellule autour d’une nouvelle idéologie. À la suite de négociations secrètes avec l’OTAN à la prison d’İmralı, il abandonna le marxisme-léninisme pour le « municipalisme libertaire ». Lui qui avait toujours lutté contre la Turquie pour édifier son propre État, le Kurdistan, considérait désormais que tout État est en soi un outil d’oppression [2].

Les militants du PKK qui avaient été contraints de fuir la Turquie durant la guerre civile, avaient trouvé refuge au nord de la Syrie [3]. Au nom des siens, Öcalan s’était engagé par écrit à ne jamais revendiquer de territoire syrien. En 2011, au début de la guerre occidentale contre la Syrie, les kurdes constituèrent des milices pour défendre le pays qui les avait accueillis et qui les avait naturalisés.

Cependant, le 31 octobre 2014, l’un des deux co-présidents du YPG, la branche syrienne du PKK, Salih Muslim, participa à une réunion secrète au palais de l’Élysée avec le président français François Hollande et son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan. Il se vit promettre de devenir chef d’État, s’il acceptait de s’engager à recréer le Kurdistan... en Syrie.

Immédiatement, la Coalition internationale, que les États-Unis venaient de créer prétendument contre Daech, soutint le YPG, lui fournissant de l’argent, de la formation, des armes et un encadrement. Oubliées donc les imprécations contre Washington, désormais devenu un si bon allié. L’organisation kurde commença à expulser les habitants des régions sur lesquelles elle avait jeté son dévolu.

 

 

Comme il n’y avait eu jusque-là aucune bataille du YPG contre Daech, les États-Unis mirent en scène un terrible affrontement à Aïn al-Arab, rebaptisé pour l’occasion du nom kurmandji de Kobané. La presse internationale fut invitée à couvrir l’événement sans se mettre en danger. Cette ville est située sur la frontière syro-turque et les journalistes purent suivre les combats à la jumelle depuis la Turquie. On ignore ce qui s’est vraiment passé à Aïn al-Arab puisque la presse ne fut pas autorisée à y entrer. Pourtant on dispose d’images filmées au téléobjectif et semblant confirmer de loin les communiqués relatant la sauvagerie des combats.

Quoiqu’il en soit, « l’Occident » unanime conclut que les kurdes étaient les alliés dont il avait besoin contre Daech et la Syrie.

Lire la suite de l’article sur voltairenet.org

Notes

[1] Blood and belief : the PKK and the Kurdish fight for independence, Aliza Marcus, New York University Press, 2007.

[2] The Political Thought of Abdullah Öcalan : Kurdistan, Women’s Revolution and Democratic Confederalism, Abdullah Öcalan, Pluto Press, 2017.

[3] Par défaut, on peut lire The Kurds in Syria : the forgotten people, Kerim Yildiz, Pluto Press, 2005.

Retrouvez Thierry Meyssan chez Kontre Kulture :

L’OTAN au service du chaos, lire chez Kontre Kulture :

Voir aussi, sur E&R :

 
 






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9 Commentaires

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  • #1803047
    Le 17 septembre 2017 à 18:06 par "Zézette épouse x"
    Les brigades anarchistes de l’OTAN

    Ce spectacle politico-comique m’a l’air très sympa !!
    Ou peut-on acheter un billet ?
    En fin un bon film dans les salles

     

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  • #1803056
    Le 17 septembre 2017 à 18:25 par Citoyen Français
    Les brigades anarchistes de l’OTAN

    Comme d’habitude , nous sommes des participants à toutes trahisons ,
    ce qui fait de nous des déclencheurs de guerres pour des intérêts
    malhonnêtes contre des pays légitimes , tout ça en complicité avec les
    USA , depuis de nombreuses décennies et pour gagner l’opinion des
    peuples , les mensonges de propagandes n’ont pas cesser d’être
    martelés , beaucoup ne comprennent pas l’histoire des kurdes ,
    dans ces infos ci-dessus indiquées par Thierry Meyssan , sont véridiques
    ce qui explique tout....il y a bien longtemps qu’ils préparaient leur coup ,
    conduire à la division de ces pays , et comme ils n’y arrivaient pas , il
    fallait y installer le chaos , Daech faisait l’affaire , et en douce continuent
    toujours de les soutenir..... tout en soutenant les kurdes , la Syrie ne sera
    pas tranquille encore demain..... ?

     

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  • #1803070
    Le 17 septembre 2017 à 18:48 par Juju
    Les brigades anarchistes de l’OTAN

    Ce serait bien que nos milices Antifa rejoignent ce mouvement. Nos contrées retrouveraient la paix civile et ce serait du petit beurre pour l’armée syrienne. Les anarchistes sont bons pour casser des vitrines et frapper des opposants dans le dos, mais former une structure étatique cohérente est au delà de leur intellect limité. D’ailleurs pour eux l’idée même d’un Etat est inconcevable puisqu’ils rejettent toute autorité (celle de leurs parents en premier lieu).
    Personnellement je pense que la Syrie n’a rien à craindre de cet énième plan foireux américain.

     

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    • #1803227
      Le Septembre 2017 à 00:19 par Pitchou
      Les brigades anarchistes de l’OTAN

      Je ne serais pas aussi optimiste que vous, ce coup ci il s agit de kurdes un peuple opprimé aux yeux de l international et non d un quelconque Ei dont personne n en avait entendu parler avant qu’il ne se mette à égorger. C est plus compliqué pour la Syrie

       
  • #1803099
    Le 17 septembre 2017 à 19:36 par LB
    Les brigades anarchistes de l’OTAN

    Cet article est très intéressant et démontre bien les liens entre les Kurdes, l’extrême-gauche antifa et les Etats-Unis, la CIA... A défaut d’avoir réussi avec Daech, nos maîtres se servent de ceux qui "combattent" officiellement Daech... officiellement selon les médias en tout cas...

    Ce qui est marrant, c’est que les couillons d’antifa sont sans doute encore plus crétins que les pseudo-djihadistes de banlieue... Avec toute la rhétorique anti-fasciste qui revient à la mode avec les anti-Trump gauchistes, et peut-être l’inexorable montée en puissance de "l’extrême-droite" en Europe (qui arrivera forcément avec l’invasion migratoire + la crise)... bah, attendons-nous à des attentats d’un nouveau genre...

     

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  • #1803115
    Le 17 septembre 2017 à 20:31 par Juju
    Les brigades anarchistes de l’OTAN

    Ce panneau de propagande pro-Rojava est symptomatique de l’esprit gauchiste actuel, avec ce type cagoulé qui pointe son arme vers nous.

     

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    • #1803421
      Le Septembre 2017 à 13:56 par Mani
      Les brigades anarchistes de l’OTAN

      Il y a partout de gauchistes . D’ailleurs, le régime syrien était toujours anti capitaliste, anti impérialiste et il soutenait tous les mouvements gauchistes.

       
    • #1803656
      Le Septembre 2017 à 22:16 par Auri
      Les brigades anarchistes de l’OTAN

      On dirait de la propagande jihadiste en plus coloré... Ça me fait plaisir que tout ces tarés aillent s’entre-tuer loin de chez nous. Merci à l’OTAN !