Il n’est évidemment plus la peine de regarder la pénible soirée des César, diffusée une fois par an sur Canal+, et qui récompense le cinéma français bien-pensant, subventionné, et embourgeoisé jusqu’à l’os. Cependant, un rapide coup d’oeil sur les lauréats donne une bonne indication de l’évolution de la propagande en cours. C’est à ce titre que nous avons suivi la soirée sur Twitter, qui permet de s’informer sans s’abîmer les yeux, les oreilles et le cortex.
- La fille à Fatima secoue son César
Voir la bande-annonce de Fatima :
Cette année, la gauche caviar qui mange sur le dos du peuple français qui ne va plus voir ses films (l’écrasante majorité des longs métrages est déficitaire) a décerné un torrent de prix à l’histoire d’une femme de ménage algérienne en France, Fatima. Elle élève avec difficulté (elle est en couple avec Difficulté) ses deux filles, dont l’une vire racaille (révoltée), et l’autre médecin (intégrée). Voilà pour le pitch officiel.
Il ne manque plus au tableau que deux fils – on essaye de muscler ce pitch squelettique – dont l’un part faire le djihad en Syrie, tandis que l’autre passe le concours de commissaire. On propose un duel entre les deux sœurs, jusqu’à ce que la racaille se prenne une balle perdue dans sa cité (ou une morsure de rottweiler), et que sa sœur la soigne aux urgences (de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, de préférence), et un duel entre les deux frères, dont le « bon » finit par raisonner le « mauvais », juste avant qu’il ne passe à l’acte dans les studios de TF1 (il voulait se faire péter au 20 Heures en direct avec le présentateur).
On exagère ? Vous verrez que dans les prochaines années, si la chute culturelle se confirme, on sera encore loin de la réalité. À chaque édition, les César descendent d’un étage dans l’abomination autoflagellatrice, la pénitence (commercialisable) d’une élite désavouée. Le problème, c’est qu’on finance sans aucun droit de regard (sauf en allant en plus voir ces « œuvres ») cette mauvaise psychanalyse par escrocs interposés.
Pointe de méchanceté ne nuit point
Les deux César des premiers rôles féminin et masculin ont été raflés par Catherine Frot, botoxée à mort, pas loin de l’explosion dermique, et Vincent Lindon, l’héritier pleurnichard qu’on ne présente plus, faute de vocabulaire dans le registre du ridicule.
Vincent-la-pleurniche en pleine action à Cannes au printemps 2015 :
Après avoir chopé le prix d’interprétation à Cannes pour ce même rôle (un chômeur longue durée, père d’un enfant handicapé, humilié par les entretiens d’embauche, et finalement embauché comme vigile, à qui on demande d’espionner ses collègues), Vingt-sous-la-pleurniche nous refait le coup du richard sensibilisé par la souffrance des pauvres. La Loi du marché, quand le cinéma de classe tend une main gantée au sous-prolétariat et la retire prestement pour applaudir son propre courage.
Quant au pitch de Marguerite, c’est Catherine Frot qui incarne une riche héritière mais médiocre chanteuse qui veut à tout prix chanter des airs d’opéra devant un vrai public. C’est gentillet, mais ça ne va pas vider les salles de The Revenant. C’est pas avec ces sympathiques bouses socialo-culturelles que la France va récupérer sa crédibilité par rapport au cinéma hégémonique américain. Il faut y aller au canon, avec du vrai social, venu d’en bas, pas de la fiente de mondain qui souffre de la crise par procuration.
Tout le reste de la cérémonie n’est que social de pacotille, vendu par des comédiens et des réalisateurs qui sont bien obligés de se mettre au goût du jour, selon la ligne culturelle quasi-soviétique imposée par la dominance. L’année dernière, fallait faire dans le trou du cul romantique et la lesbienne chiante. Et dire qu’on se foutait de la gueule des Russes sous Staline, avec leurs films vantant l’ouvrier, le paysan... la loco, l’usine, le soldat. Nous, on doit se taper des clichés misérabilistes de dernière catégorie, et voir nos sous partir dans la poche de ces margoulins. C’est dur.
Ce concert de récompenses n’aurait pas de sens sans une petite séance d’humiliation. Elle sera pour l’acteur (un peu trop ?) français Benoît Magimel, qui repartira avec le César du meilleur second rôle... Autant lui refiler un coup de pied au cul.
Pour ceux que ce texte n’aura pas fait sourire, d’un sourire triste, voici le très long sketch de Jonathan Cohen, confronté à l’animatrice de la soirée Florence Foresti :