Il n’est pas surprenant de voir les médias français reprendre en coeur ce témoignage « spontané » d’un hooligan russe.
D’abord, un hooligan en activité parle peu, ou pas. Il n’aime pas la presse, même s’il se sert de cette caisse de résonance qui prolonge ses exploits, qu’il peut voir ou lire après coup.
Dans la période de russophobie médiatico-politique que nous connaissons (il n’y a qu’à voir l’émoi des journaux mainstream après le voyage de Soral à Moscou, et le discours de Poutine sur les médias occidentaux), ces aveux tombent à pic pour corroborer ce qu’il faut penser.
Cela permet d’« externaliser » le chaos, qui est pourtant le résultat d’une politique cynique que le monde entier peut contempler depuis trois mois, voire un an et demi : la dernière carte d’un pouvoir aux abois, qui cherche à noyer sous un chaos calculé la colère et la lucidité de plus en plus incontrôlables d’un nombre de plus en plus grand de Français.
À Moscou, Vladimir est responsable de relations publiques pour une entreprise, a une femme et deux enfants. À Marseille, il était samedi soir l’un des hooligans russes qui ont participé aux bagarres dans le Vieux-Port et frappé des supporteurs anglais « pour le sport », raconte-t-il à l’AFP. « Nous sommes venus démontrer que les Anglais sont des fillettes », a-t-il ajouté, précisant qu’il reviendrait en France si la Russie va en finale.
« Les Anglais disent toujours qu’ils sont les seuls hooligans. Nous sommes venus démontrer que les Anglais sont des fillettes », dit à l’AFP Vladimir, joint par téléphone à son retour en Russie et qui ne souhaite pas donner son nom de famille pour ne pas être reconnu.
Âgé de 30 ans, le jeune homme a fait l’aller-retour Moscou-Marseille en moins de 48 heures pour assister à la rencontre entre la Russie et l’Angleterre (1-1), qui s’est soldée samedi soir par de violents affrontements entre les supporteurs russes et anglais.
« J’ai vu les principales bagarres et j’y ai participé dans une certaine mesure », explique-t-il. « Je me suis battu contre des mecs tatoués de 40 à 50 ans. [...] On est tous venus pour ça. Le jour du match, tous les Russes ont pris l’avion (pour la France), il y avait environ 150 gars, les plus costauds », raconte-t-il, estimant le nombre total d’hooligans russes à 500 ou 600.
Russes et Anglais unis pour « attaquer les Arabes et se venger »
Vladimir est fan du club moscovite Lokomotiv. Mais quand l’équipe nationale joue, le club de coeur des « ultras » russes n’a plus d’importance. « L’important, c’est qu’on vienne tous de Russie, que nous nous battions contre les Anglais ! », résume-t-il.
Au départ, les hooligans russes n’ont pas hésité à s’allier avec leurs ennemis anglais pour « attaquer les Arabes pour se venger », dit-il, sans préciser les raisons de cette vengeance. « Je ne dirais pas que c’est du racisme, mais c’est vrai que c’est plus facile pour les Russes et les Anglais de s’attaquer ensemble aux Arabes, c’est une sorte de solidarité », déclare-t-il.