Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, dit le proverbe. Qui s’applique bien aux réactions médiatico-politiques face aux violences qui ont agité la ville de Marseille avant et après le match Angleterre/Russie (11 juin à 21 heures), comptant pour l’Euro 2016 de football.
« Pas de constat d’échec » !
Antoine Boutonnet, le commissaire en charge de la lutte anti-hooligans, annonce, sans rire, qu’il ne voit point de dysfonctionnement. Alors qu’on compte des blessés graves, et des scènes d’une violence inouïe à ce stade de la compétition. Le gradé s’est fait connaître en une phrase et un tweet, qui a fait le tour du monde. Une notoriété fulgurante.
Tout a dérapé, dans cette confrontation entre, non pas les Anglais et les Russes, mais entre les pouvoirs publics et les ultras de tous les camps : autochtones (de l’OM), hooligans anglais et supporters russes, tous entraînés par l’alcool (sauf ceux qui faisaient le ramadan), le soleil, ou tout simplement l’envie d’en découdre. La baston est une occupation comme une autre, on pense à la philatélie, ou les collections de trains (miniatures). Dans nos sociétés policées, il n’y a plus que dans le sport que la violence peut encore d’exprimer. Mais parfois, elle déborde du cadre sportif. Les duels, qui ont été interdits, resurgissent à l’échelle du groupe, qu’il soit identitaire, régional, national ou ethnique. La société et ses services de sécurité découvrent alors ces remontées d’un autre âge. la bonne vieille barbarie.
Sur le plateau de la chaîne L’Équipe 21, chaque soir, des journalistes de la presse écrite et des experts venus du monde du football reviennent sur les événements de la journée. Là, ils avaient du pain sur la planche, avec l’escalade des violences qui ont transformé en 48 heures Marseille en zone de guerre.
Pourtant, au lieu de comprendre pourquoi la chaîne de commandement de la sécurité des supporters, habitants et touristes pacifiques avait à ce point failli, une chaîne de commandement dont on rappelle qu’elle part d’en haut, de tout en haut, du ministère de l’Intérieur Cazeneuve, les spécialistes incriminent soudain l’extrême droite.
« Y a aussi des organisations d’extrême droite qui viennent des pays de l’Est... rompues à des arts martiaux... Ils se retrouvent ils se tapent entre eux dans la forêt en marge des matches en Russie... »
Le premier à évoquer la piste de l’extrême droite – venue de l’Est – est Nabil Djellit, journaliste à France Football. L’autre est le journaliste du Parisien en charge du PSG, Dominique Sévérac. Dans les rédactions, il y a toujours des journalistes spécialisés sur un sujet, ou un sous-sujet. Là, il ne s’agit même pas du foot en général, mais du PSG. Dont les frasques font vendre du papier. Sévérac avance que des ultras du PSG ont participé aux exactions : « les Russes aidés par des anciens supporters du PSG de Boulogne ».
« L’UEFA a annoncé dimanche l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre la Russie après les incidents survenus au Vélodrome samedi. Les Russes sont notamment accusés de “comportement raciste” dans les tribunes. » (L’Équipe)
Diable, l’alliance des ultras, l’extrême droite de l’Atlantique à l’Oural ! On notera tout de même que la couleur locale marseillaise potentialise les violences des ultras, puisqu’on ne les a pas encore vus détruire les centres touristiques d’autres grandes villes de France. Ou alors Marseille est mal sécurisée. Ou, dernière solution, le gouvernement a laissé faire. Ce qui expliquerait la phrase inexplicable du commissaire Boutonnet : « pas de constat d’échec ».
C’est-à-dire que l’opération « violence à Marseille » aurait réussi ?
On pense aux interventions musclées et au lobbying incessant de la caste politico-médiatique qui avait obtenu l’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes, prévu le jeudi 9 janvier 2014 au soir, pour cause de « trouble à l’ordre public ». Et là, au vu des images de Marseille, on se dit qu’on se fout vraiment de notre gueule : la non-violence est criminalisée, la vraie violence absoute. Conclusion ? Précipitez-vous dans les bras d’un pouvoir tout-sécuritaire... mais pas d’extrême droite !