On va vous dire la vérité crue. Dès qu’on a vu Augustin Trapenard, grand homosexuel (grand par le talent culturel, évidemment) devant l’Éternelle, nous présenter Momo, notre lucidité n’a fait qu’un tour : c’est un prix Goncourt LGBT ! C’est l’année des homos ! L’année prochaine, c’est une femme ou un trans ! Las, Momo a du talent, il le prouve en déblatérant sur la condition de l’écrivain-enquêteur.
Le prix Goncourt 2021, c'est lui : Mohamed Mbougar Sarr pour son livre "La plus secrète mémoire des hommes". Écrivain sénégalais de 31 ans, il raconte pour Brut à @ATrapenard sa conception de la littérature et la raison pour laquelle nous sommes tous des enquêteurs... pic.twitter.com/62xKYEiFjw
— Brut FR (@brutofficiel) November 3, 2021
Mais il n’y a pas que le concept génial d’écrivain-enquêteur, il y a aussi le concept, éblouissant, d’oubli. Écoutons le Goncourt :
Sacré prix Goncourt 2021 pour son roman "La plus secrète mémoire des hommes", Mohamed Mbougar Sarr était l'invité de @LaGrandeTable au mois de septembre dernier pour parler de son livre et de ses ambitions. #Goncourt2021 pic.twitter.com/JmFdabY5cE
— France Culture (@franceculture) November 3, 2021
Momo est bilingue : il parle le français, très bien, et le culturel chiant, très bien aussi :
J’avais envie d’en savoir un peu plus sur ce que je faisais comme écrivain. J’avais envie d’une certaine manière de faire retour, d’avoir une sorte de mouvement réflexif sur le geste même de l’écriture, sur ce que cela engageait, ce que cela mettait en jeu. Mais je ne voulais pas le faire d’une manière un peu savante, un peu aride, théorique, sous le mode académique. Je voulais vraiment éprouver ce que la littérature avait comme sens au contact de la vie et de l’Histoire.
(Les Matins de France Culture)
On va vous dire une deuxième vérité crue : on a écouté les deux émissions, et on a tout oublié, tant il s’agit d’une érudition plate, tiède, oubliable. On n’a pas lu le livre, mais ses avant-propos nous ont un peu gâché la fête. Peut-être est-ce un grand livre, ça peut arriver que le jury se plante, c’est déjà arrivé dans le passé de refourguer le Goncourt à un bon livre, L’Épervier de Maheux, par exemple.
Ces plus de 450 pages entrent au panthéon de la littérature, après avoir déjà été retenues notamment dans les listes du Médicis, du Femina ou encore du Renaudot ! Le grand public découvre à peine Mohamed Mbougar Sarr quand la critique (8 des 14 critiques littéraires interviewés par Livres Hebdo) en faisait un favori du Goncourt. Ce fils de médecin, aîné d’une famille de sept garçons, a déjà collectionné les prix depuis son Sénégal natal : de philosophie, d’histoire, de la jeune écriture francophone, du roman métis ou encore prix Littérature-Monde – Étonnants Voyageurs pour Silence du chœur (Éditions présence africaine, 2017). Meilleur élève des classes de Terminale au Concours général de 2009, passé en classes préparatoires littéraires au lycée Pierre-d’Ailly de Compiègne, avant de poursuivre son cursus à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). (France Culture)
Si les paroles de Momo ne font pas tellement avancer la Littérature, elles font avancer la cause gay, et c’est pas nous qui le disons :
Attention : les réactions sénégalaises sur Twitter sont parfois un peu salées
#Goncourt : très heureuse à la fois pour Mohammed Mbougar Sarr et pour l’éditeur, un indépendant pour une fois !
Et qui sait, il fera peut-être aussi avancer la cause #LGBT au Sénégal https://t.co/ToBMXfFVGn— Cécile Coudriou (@CecileCoudriou) November 4, 2021
Notre question devient : est-ce l’élève brillant qui a reçu le prix ou l’homosexuel de couleur ?