Depuis le début du mois de mars de cette année, le Hamas a lancé une série d’appels dans diverses directions diplomatiques.
Khaled Meshaal, le responsable du Bureau politique du Hamas, a rencontré Ali Larijani, le Président du parlement iranien, et les deux hommes ont discuté de la question palestinienne et du siège sur Gaza. Meshaal a alors présenté ses condoléances au Président iranien Hassan Rouhani, qui venait de perdre sa mère, et au premier dirigeant de l’Iran, Ali Khamenei, pour le décès de sa sœur.
Cependant, les relations entre le Hamas et l’Iran doivent encore revenir à la normale. L’Iran doit encore assurer au Hamas qu’il lui fournira le soutien financier et militaire dont il a besoin pour améliorer les conditions de vie dans la Bande de Gaza. La première raison en est que l’Iran place toujours certaines conditions préalables, bien que le Hamas ait fait beaucoup de concessions au bénéfice de l’Iran ces derniers mois.
Le Hamas a publiquement remercié l’Iran dans beaucoup de cérémonies nationales et a même envoyé des lettres de condoléances au pays pour exprimer ses regrets pour les décès des officiers iraniens en Syrie. Mais pour l’instant, ces efforts du Hamas ont produit en retour peu de soutien financier et militaire.
Bien que les relations actuelles entre le Hamas et l’Égypte ne soient pas à leur meilleur niveau, le gouvernement égyptien a interjeté un appel contre un verdict émis par le Tribunal pénal du Caire, qui classait le Hamas en tant que « groupe de terroriste ». Ce verdict a eu plusieurs conséquences négatives pour l’Égypte, principalement quand il est question de son rôle régional. L’appel du gouvernement est donc une étape cruciale devant permettre de faire oublier cette faute historique commise par l’Égypte.
Il est évident que la décision du gouvernement égyptien d’abroger la classification du Hamas comme groupe terroriste est une décision politique et obéit au désir de garder en main la carte palestinienne, car l’Égypte a les moyens de jouer un rôle stratégique dans la région. Peut-être le gouvernement égyptien s’est-il rendu compte qu’il ne serait pas dans son meilleur intérêt de contrarier le Hamas s’il veut maintenir ses prétentions au niveau régional.
Le Hamas a exprimé sa conviction que le gouvernement égyptien avait fait une erreur qui devait être corrigée, et qu’il cherchait à rétablir les relations bilatérales entre les deux parties. Par ailleurs, le Hamas a souligné qu’il n’interférera dans les affaires intérieures d’aucun autre pays arabe, et particulièrement de l’Égypte.
Un changement dans la position de Hamas envers l’Égypte s’est manifesté quand une déclaration a été faite par un des principaux responsables du Hamas qui annonçait que l’organisation voulait établir de bonnes et stables relations avec le régime égyptien, indépendamment de son orientation politique. Ce changements d’attitude du Hamas envers l’Égypte indique que l’organisation a tourné la page et a exclu la possibilité d’un retour au pouvoir de la Confrérie musulmane. Le Hamas doit encore mettre en application cette nouvelle approche, liée au simple fait que le gouvernement égyptien contrôle le pays dans son entier. En résumé, le gouvernement égyptien a demandé au Hamas de prendre une position politique ferme et rationnelle plutôt qu’émotive et idéologique, qui sera concrétisée par une coopération avec al-Sisi.
Un des facteurs qui peuvent avoir atténué les tensions entre Hamas et l’Egypte serait la décision de l’Arabie Saoudite d’exercer des pressions sur le Caire à l’occasion de la visite d’al-Sisi à Riyadh. Pendant sa visite, al-Sisi a pris connaissance des exigences de l’Arabie Saoudite à propos des restrictions égyptiennes à l’égard du Hamas, car l’Arabie Saoudite est entrée dans une nouvelle ère politique et ne considère plus le Hamas comme un groupe terroriste. Le fait que l’Arabie Saoudite considère le Hamas comme une organisation de la résistance palestinienne a incité la direction de l’organisation à annoncer qu’un changement de la position saoudienne se profilait à l’horizon.
Les cercles dirigeants saoudiens doivent encore nier ou confirmer les rapports faisant état d’une coordination entre le Hamas et Riyadh, parce que la politique saoudienne aime fonctionner à partir des médias. Cependant, le Hamas voit l’approche de Riyadh comme un développement rassurant et les deux parties ne sont pas pressées de publier des déclarations de presse qui peuvent refroidir des relations qui actuellement sont gérées en retrait, d’autant plus que l’Arabie Saoudite sent le danger représenté par l’Iran s’approcher de ses frontières après la prise de contrôle du Yémen par les Houthis. L’Arabie Saoudite s’est impliquée dans la formation « d’un axe sunnite » assez fort pour contrer « la marée chiite ». Tous ces facteurs sont susceptibles de changer la dynamique au Moyen-Orient d’une manière qui pénaliserait l’Iran.
Si l’Arabie Saoudite réussit à faire du Hamas une pierre angulaire de son axe, elle retirera alors un atout à l’Iran en raison de la façon dont le Hamas est considéré dans l’opinion publique pan-arabe. Le Hamas, comme mouvement, a déjà prouvé qu’il n’est dans la poche de personne et qu’il n’établit pas de relations avec quiconque aux dépens des autres, démontrant ainsi qu’il cherche à établir des relations équilibrées avec tous les pays.
En conclusion, l’obstacle qui peut se tenir face au Hamas et à son souhait de revenir à des relations normales avec l’Iran, est non seulement l’expansion régionale et la présence de Téhéran en Syrie, en Irak et finalement au Yémen, mais également la décision de l’Arabie Saoudite de lancer une série d’attaques aériennes contre des cibles importantes au Yémen.
Le Hamas se retrouve à présent tiraillé entre les nombreux conflits régionaux. Doit-il se rapprocher de Téhéran tout en continuant à étreindre la Turquie et le Qatar, en se rapprochant dans le même temps de l’Arabie Saoudite ? Ceci ne sera jamais accepté, et le Hamas risque de perdre l’appui d’un camp alors qu’il cherche à gagner la faveur d’un autre.