Le dispositif engagé sur le territoire national dans le cadre du plan Vigipirate restera maintenu au moins jusqu’à l’été, tel qu’il a été mis en place au lendemain des attentats commis les 7 et 9 janvier à Paris. Actuellement, 4 700 policiers et gendarmes sont sollicités pour surveiller les sites sensibles, de même que de 10 000 militaires déployés au titre de l’opération Sentinelle.
Pour certains de leurs représentants syndicaux, les policiers appartenant aux Compagnies républicaines de sécurité (CRS) seraient arrivés au bout du rouleau. Le 30 mars, ils ont été invités par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour discuter du rythme de travail imposé par le plan Vigipirate.
Depuis, les arrêts maladie pour « épuisement » se multiplient… Les effectifs de trois compagnies de CRS (80 personnels) ont ainsi mis collectivement les pouces. Pour Nicolas Comte, responsable d’Unité police SGP-FO, il y a un « ras-le-bol » chez ces policiers sur « l’emploi très tendu des effectifs » en raison du plan Vigipirate. Ils sont « épuisés » et « sur les possibilités de tenir à long et moyen terme à ce rythme », a-t-il expliqué. « On a tapé sur les repos et la formation, les CRS n’en peuvent plus », a-t-il insisté.
« Ce sont des missions difficiles. C’est un minimum de 6 heures de garde statique avec un gilet pare-balles qui pèse dix kilos et ce sont des missions de plus en plus longues », a encore fait valoir le syndicaliste.
Le problème est que si une CRS fait défaut en raison d’un trop grand nombre d’arrêts maladies chez ses personnels, il va falloir la remplacer… En clair, la charge de travail retombera sur d’autres unités de police ou… de gendarmerie mobile. Voire sur les militaires de l’opération Sentinelle.
Quoi qu’il en soit, selon une enquête menée par la Direction des ressources et des compétences de la Police nationale, évoquée par Le Figaro de ce 8 avril, il existe un « malaise » chez les policiers, qui ont exprimé des niveaux de stress, de fatigue et d’irritabilité à un niveau de 6,1 à 7,1 sur une échelle de 10.
Seulement, si des CRS sont épuisés après 4 mois de plan Vigipirate, alors que dire pour les militaires, gendarmes mobiles compris ? Ainsi, dans certains régiments, des activités ont été annulées, en raison de l’opération Sentinelle.
« Certains de nos soldats font actuellement, tous les jours, près de 30 km à pied, en gilet pare-balles et par tous les temps, lors de leurs patrouilles. La mission est exigeante : c’est du 24 heures sur 24, au mieux du 6 heures – 22 heures 30 ; les conditions de vie sont rudimentaires. Certains revenaient de quatre mois d’opérations dans le Sahel lorsqu’ils se sont déployés à Paris et ne seront pas relevés avant quatre semaines sur place. D’autres étaient en permissions et ont été rappelés sans préavis. Ils ne s’en plaignent pas, c’est leur honneur, mais vous devez le savoir ! », avait souligné le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en février dernier.