Sous l’oeil vigilant de la Commission européenne, la France doit réaliser, cette année, 21 milliards d’euros d’économies afin d’espérer voir ses déficits passer sous la barre fatidique des 3% de son PIB.
Seulement, les attentats des 7 et 9 janvier ont conduit le gouvernement à prendre des mesures antiterroristes supplémentaires, comme, par exemple, l’opération Sentinelle, qui mobilise 10 500 militaires sur le territoire national.
Pour 2015, le ministère de la Défense avait prévu une enveloppe de 11 millions d’euros pour financer ses opérations intérieures (OPINT). Or, le coût de l’opération Sentinelle est d’environ 1 million d’euros par jour. En clair, les sommes dépensés seront au minimum trois fois plus élevées que prévu… Et encore, la facture sera encore plus lourde puisque la mission des militaires durera le « temps qu’il faudra ».
En Belgique, où une décision similaire (mais de moindre ampleur) a été prise après le démantèlement de cellules jihadistes, le ministère belge de l’Intérieur aura à payer à celui de la Défense au moins 1,8 millions d’euros pour le déploiement, en appui des forces de police, de 300 militaires de la composante terrestre. Cette somme couvre les frais engagés (indemnités et allocations des soldats, utilisation du matériel, carburant) pour un période allant du 17 janvier au 23 février.
Qu’en sera-t-il pour le ministère français de la Défense. Invité du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, le ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, n’a pas donné de détails à ce sujet. Cependant, il a indiqué que les mesures antiterroristes prises après le 9 janvier coûtent 940 millions d’euros.
« Les gendarmes en plus, les policiers supplémentaires, la présence de l’armée très importante sur le territoire… Mais il y a eu aussi des dépenses pour développer le service civique. Tout ceci représente 940 millions », a en effet confié M. Sapin, le 1er mars. Pour rappel, il est aussi question d’augmenter les effectifs des services de renseignement (dont ceux de la DGSE et de la DPSD).
« L’intégralité de ces dépenses nouvelles est compensée par des économies nouvelles », a assuré M. Sapin. Ce qui signifie que d’autres ministères auront à consentir de nouveaux efforts budgétaires. Mais le ministre n’a pas précisé lesquels. L’on sait seulement que le Premier ministre, Manuel Valls, a donné, le 27 février, le « détail exact pour les crédits en plus ou en moins pour financer l’intégralité de ces 940 millions ».
« Vous croyez qu’on va pinailler sur le financement de la lutte contre le terrorisme ? Il faut y aller mais nous sommes responsables, il faut diminuer nos déficits, maîtriser nos dépenses, atteindre les 21 milliards d’économies. On ne va pas commencer par en rajouter 1 milliard de plus, donc on équilibre », a expliqué M. Sapin.
Quant aux surcoût liés aux opérations extérieures (OPEX), lesquels dépasseront très probablement les 450 millions initialement prévus en raison des engagements au Sahel, en Centrafrique, au Liban et maintenant en Irak, le ministre des Finances s’attend à ce qu’ils soient atténués par la baisse des cours du pétrole. « Ca coûte moins cher de faire voler les avions », a-t-il dit. Mais, sinon, le même mécanisme qui est utilisé chaque année sera mis en oeuvre, c’est à dire qu’une partie des crédits gelés en début d’année (9 milliards) au titre de la réserve de précaution ministérielle sera sollicitée si besoin.