A l’issue de ce très beau documentaire, qui emporte - presque - l’adhésion, et si l’on salue l’esquisse d’un succès posthume de Mgr Lefebvre, via Benoît XVI, on s’interroge quand même un peu...
Mgr Lefebvre a-t-il étudié :
la compromission, inéluctable, entre le missionnaire et la IIIè République (armée, banque, marchands, laïcisme, “nos ancêtres les Gaulois”...), ce déracinement-formatage, d’une violence inouïe - en dehors, sans doute, de la douceur pacifiante des enclos ecclésiaux -, et qui aura conduit directement aux horreurs actuelles et futures en Afrique...,
le génie spécifique à chacune des autres religions, “grandes” et “petites” - comme l’a fait, par exemple, la très christique Simone Weil, qui appelait de ses vœux une Eglise (dont elle se méfiait jusqu’à préférer jusqu’à sa mort ne se tenir qu’au seuil), vraiment, pleinement et profondément “catholique” (universelle), c’est-à-dire consistant à s’ouvrir enfin à la manière dont la Médiation surnaturelle, cet Impossible-Nécessaire, dont par ses vécus cette philosophe et mystique avait la Connaissance, avait pu s’accomplir au sein de la diversité humaine, que ce soit avant la venue du Sauveur comme encore dans les régions non chrétiennes, ou même auprès des athées et des agnostiques,
aussi les arts sacrés chrétiens, roman et gothique, où s’évoquaient encore, avec l’aval des autorités religieuses et politiques, nos racines païennes et gnostiques, bellement enchevêtrées, comme vigne fruitive, au Mystère invariant, trans-traditionnel,
plus généralement et profondément encore, réfléchi sur les 99 % d’ADN que cet homme d’Eglise aura partagés, comme “nous tous-chacun”, avec nos cousins chimpanzés.
Ce n’est pas une provocation : c’est tout simplement la “croix”, la “schizophrénie”, nécessaire, voire heuristique, de l’humain moderne, ouvert à son époque comme en quête de bien et de vrai, et qui conduit au moins à saluer l’initiative du Pape Jean-Paul II pour la Rencontre d’Assise de 1986 (qui certes clôt l’ère missionnaire et ses ambiguïtés), comme celle du Dalaï Lama, par exemple, qui y a participé, de s’ouvrir en outre aux nouveaux défis et abysses des neurosciences...
Le “front de la foi”, dépassant l’actuel compromis catholico-islamique, voire la “minima moralia” des “Enfants d’Abraham-Ibrahim”, qu’il faut déjà saluer, pourrait fort bien, convergeant avec le “front de recherches” en biologie et en anthropologie, nous réserver quelques surprises...
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